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trouver les moyens de s'en défaire, auffi bien que de fes deux aînez: mais le Ciel qui ne vouloit pas la laiffer jouir du fruit de tous fes crime lui enleva par la pefte crime,lui

en moins de fix mois les trois enfans qu'elle avoit eûs de Chilpe. ric. Ce Roy n'ayant plus d'heri. tier que Clovis, lui donna toutes fes affections; mais ce malheureux Prince fournit lui-même à få belle mere les moyens de le perdre. Il devint amoureux de la fille de la Dame d'honneur de Fredegonde, & un jour étant avec elle, & avec d'autres per fonnes qu'il croyoit plus dans fes interêts, que dans ceux de la Reine, il déchargea fon cœur, & dit que s'il pouvoit jamais parvenir à la Couronne, il ne laifferoit pas la mort de fes freres impunie, & qu'il traiteroit Fre degonde fuivant la rigueur des Loix.

Ce difcours fut bien-tôt rap. porté à la Reine, & comme elle avoit fujet d'en craindre l'effet, elle fongea à prévenir Clovis. Elle l'accufa auprès de fon pere d'avoir attenté par des charmies à la vie des trois enfans qui é-toient nez de leur mariage, & de s'être fervi du miniftere de fa Dame d'honneur & de fa fille, pour les empoifonner. Le Roy donna dans ce piege, quoique groffier, & fit arrêter ces deux malheureufes, qui étant appliquées à la question, pour se delivrer de l'horreur des tourmens, avouerent tout ce qu'on voulur. Le Roy ayant vu le Procès ver bal de queftion, commanda à Didier & Bofon, Capitaines de fes Gardes, de fe faifir de la per fonne de Clovis ; ce qu'ils firent avec beaucoup d'inhumanité, parce que c'étoient des créatu

res de Fredegonde. Ils conduifirent par fon ordre ce malheureux Prince à Chelles, & de là à Noifay, village au delà de la Marne, où ils le poignarderent, & perfuaderent au Roy qu'il s'ẻtoit tué lui-même pour s'exempter du fupplice que fon crime méritoit. Quelques jours après, la Dame d'honneur de la Reine & fa fille furent condamnées à être brûlées toutes vives.

La cruauté de Fredegonde n'en demeura point là. Cette Princeffe, de peur qu'il ne reftât quelqu'un qui pût vanger la mort de tant d'innocens, trouva le moyen de fe défaire d'Audouere, & de fa fille Baffine, quoi qu'érant toutes deux dans un Cloître, elles ne lui duffent donner aucun ombrage. Il ne manquoit plus à Fredegonde, que. d'avoir un fils qui put fucceder au

Royaume de Soiffons, & elle accoucha enfin de Clotaire,qui réunit encore une fois enfa perfonne le roïaume de France,qui n'a pas été feparé depuis. Comme cette Princeffe avoit grand intérêt d'avoir des enfans, & que d'ailleurs elle n'étoit pas infenfible à l'amour, toutes fes faveurs n'étoient pas pour le Roy. Elle avoit plufieurs amans, qui avoient part à ses careffes. Les principaux étoient Gontran Bozon, dont nous avons parlé, Ber. · trand Archevêque de Bordeaux, & Landry Maire du Palais. Ce .dernier étoit celui qu'elle confideroit davantage, & qui comme plus jeune, étoit plus affidu auprès d'elle.

Un jour le Roy ayant fait une partie de chaffe, fe leva matin & laiffa Fredegonde au lit. Ce Prince n'ayant pas trouvé fon

équipage prêt remonta dans fa chambre, dont la porte étoit ouverte & y entra fans bruit. La Reine étoit pour lors à fa toilette, & fi fort occupée de fa coëffure, qu'elle ne vit point le Roy qui lui frappa fur l'épaule avec une baguette. Cette Princeffe croyant que c'étoit fon fayori, dit fans fe tourner, Landry, un galant homme ne doit jamais prendre les Dames par derriere. Le Roy furpris de ce difcours fortit fans rien dire, & la Reine fut avertie de fa méprife par les femmes qui étoient auprès d'elle.

Fredegonde ne douta pas que Chilperic ne fe portât à la ven. geance, & jugea à propos de le prévenir. Elle envoya incontinent chercher Landry, & lui conta ce qui venoit de lui arriver. Landry étoit d'avis qu'ils miffent

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