à

part, lui dit lui dit que c'étoit don mage qu'une fi charmante perfonne fût renfermée dans un Cloître. Nantilde lui répondit qu'elle n'avoit pris le voile que par obéiflance; que les parens l'avoient contrainte de fe mettre dans ce Convent, & que Sa Majesté vouloit lui accorder fa protection, elle reclameroit contre fes vœux. Le Roy fut ravi de la trouver dans cette difpofition, efperant qu'elle répondroit à la paffion qu'il commen-. mençoit déja de fentir pour

elle.

fi

Dès que ce Prince fut de retour à Paris, il chercha le moïen de fe défaire de Gomertrude & ayant trouvé des Prelats, qui par une lâche complaifance approuverent fon deffein, il fit déclarer fon mariage nul. Il retira enfuite Nantilde de fon Con

vent, & l'époufa publiquement. Dieu ne benit point d'abord ce mariage, & la nouvelle Reine for plufieurs années fans avoir d'enfans. Cela refroidit infenfiblement la paffion de Dagobert, & lui fit naître l'envie d'aller te. nir les grands jours dans les principales villes de fon Royaume comme avoient accoûtumé de

faire les Roys de ce temps-là. Pendant qu'il étoit à Blois, il alloit fouvent au fortir du Confeil, à la chaffe, & un jour qu'il étoit à la poursuite d'un Daim cette bête après avoir couru long-temps, le voyant preffée de fort près, alla fe fauver dans la cour d'une maifon voifine qui appartenoit à un Gentilhomme.. Sa fille qui étoit d'une beauté charmante, & qui étoit pour lors dans la cour, fut surprise de voir un Daim qui y entroit en

courant, & peu après le Roy qui le pourfuivoit Ce Prince lui ayant demandé fi elle avoit vû la bête, elle lui répondit que oti, & lui montra même l'endroit où elle s'étoit refugiée. Puifqu'il en eft ainfi, repliqua les Roy, je vous la donne & mon coeur aufi. La Demoifelle lui fit une profonde reverence,quimarquoit affez l'acceptation qu'elle faifoit de l'un & de l'autre. Le Roylui dit plufieurs autreschofes obligeantes, aufquelles elle répondit d'une maniere vive & agreable. Ce Prince qui avoir d'abord été touché de la beauté de cette Demoifelle, ne le fut pas moins de fon efprit. Il lui témoigna que s'il pouvoit quelque chofe pour fon fervice, elle n'avoit qu'à parler. La Demoitelle ne voulant pas négliger une of fre a favorable, ni abufer de la patience.

patience du Roy, lui dit qu'elle auroit l'honneur de lui rendre le lendemain fes refpects. En effet, elle n'y manqua point, & lui prefenta un Placet pour lui demander juftice contre le Comte de Blois, qui abufant de fon autorité, s'étoit emparé de quelques biens qui appartenoient au pere de cette fille. Le Roy ayant toujours trouvé la Demoifelle fort aimable, envoya aussi - tôt chercher le Comte; & s'étant informé de cette affaire,lui commanda de fatisfaire Ragnetrude, c'étoit le nom de cette Demoifelle. Elle vint le lendemain remercier le Roy avec fon pere. Dagobert dit à ce Gentilhomme, qu'il fouhaitoit que fa fille fuivît la Cour, & peu de jours après il la mena avec lui. Pendant fon voyage il lui donna tant de marques d'amour,

P

qu'elle n'y put demeurer infenfible. Enfin au retour elle accoucha à Orleans d'un fils, qui fut nommé Sigebert, par Aribert Roy d'Aquitaine, frere de Dagobert. La ceremonie du Baptême le fit par S. Amant, Evêque d'Utrecht. On dit que cet enfant n'avoit que quarante jours, lorfque l'Evêque ayant prononcé ces paroles: Vis baptifari è il lui répondit, volo; ce qui furprit toute l'affemblée. Ragnetrude conferva durant plufieurs années l'empire qu'elle avoit pris fur le cœur de Dagobert; & ce Prince n'accordoit gueres de

grace fans

la recommandation de fa maîtreffe, qu'elle ne donnoit pas toujours pour des complimens & des révérences, ce qui lui procuroit des fommes confiderables. Dans ce tems le bonheur voulut que Nantilde étant de