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venue groffe, accoucha d'un fils qui fut nommé Clovis, & qui fucceda à fon pere. La naiffance de ce Prince ralluma les feux que le Roy avoit eus pour Nantilde; & comme il n'y a point d'éternelles amours, il lui facrifia Ragnetrude, qui fe retira dans un Convent avec une groffe penfion que ce Prince lui donna. Il est vrai qu'elle en étoit fort bien payée;& qu'encore que le Roy ne la vit plus, il ne pouvoit l'oublier. Il envoïoit souvent fçavoir de les nouvelles, & accorda plufieurs graces, & mê-. me de fort beaux privileges à ce -Convent en fa confideration qui fervirent à la faire estimer davantage. Il n'y avoit perfonne dans cette maifon qui ne l'ho norât infiniment. Elle étoit toujours des premieres au Chœur, & des dernieres à en fortir. En

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fin, l'on peut dire que fa retraite fut auffi édifiante, que fa conduite avoit été peu f fcandaleuse,

L'AVANTURE

DES CHASSEURS.

L

ES charmes de Cerés avoient fait place à ceux de Pomone. Les arbres couverts de fruits, & la vigne chargée de raifains, ornoient les campagnes, qui venoient de perdre leur premiere parure. Enfin l'Automne fuccedoit aux douceurs d'un long Printemps, & d'un agréable Eté, lorfque quatre jeunes hommes pleins d'efprit & d'enjouement furent en chaffant aux Vendanges de Meudon. Ils tuerent quatre perdrix, un le.

vreau & un phesan qu'ils firent porter à Meudon, où étant arrivés, ils entrerent dans un des meilleurs cabarets de ce Bourg. L'hôte, l'hôteffe & les garçons y font fort gracieux, & l'on y eft très-bien fervi. L'on y trouve quelquefois dans les beaux jours plus de cent perfonnes qui se ré -jouiffent le verre à la main, accompagnées de violons, de haut. bois, de Autes douces & de mufettes, qui font des harmonies charmantes. Les agrémens de ce Heu infpirerent de la joye à nos quatre jeunes hommes. Après avoir remis leur gibier entre les mains de l'hôte, & donné ordre qu'on le leur aprêtat pour le dîils fe mirent à table, & firent venir du falé & du vin pour déjeuner,ayant affés gagné d'appetit pendant leur chaffe. Lorfqu'ils eurent bû chacun cinq

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ou fix coups, pour diverfifier les plaifirs de la table, ils raconterent plufieurs hiftoires divertif fantes. Comme il y en avoit un qui étoit toûjours farci de chofes agréables, voici ce qu'il leur dit,

Le Chevalier de Campras venoit d'entendre la Meffe aux. Auguftins, quand il apperçut fur. le Pont-neuf deux carrofles accrochez l'un à l'autre, & deux Gentilshommes qui fe pouffoient de grands coups d'épée à travers la portiere. Campras qui les connut d'abord à leurs livrées, courat auffi tôt à eux pour les féparer; mais comme cela ne fe pouvoit faire auffi promptement qu'il auroit fouhaité, il ordonna à fon Laquais de prendre la brig de des chevaux d'un des carrof fes, tandis qu'à coups de canne, il obligea le cocher à lâcher les rênes aux chevaux, qui avan.

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çant auffi tôt feparerent les combattans. Mais en même tems ceux ci ayant fauté par deffus la portiere, revinrent à la charge avec plus d'ardeur que jamais. Alors Campras mit l'épée à la main, il courut à eux, & croisa fi bien leurs épées, qu'il les empêcha de se bleffer & les fépara. Cependant ne voulant point les quitter dans une occafion fi importante, il les fit entrer dans un Caffé pour tâcher de les accommoder. Il leur demanda le fujet de leur querelle, Reinevil lai, qui étoit un des deux, lui dit que le Comte de Carnavàn qui étoit celui contre lequel il venoit de fe battre, avoit fait des railleries de lui à une Demoiselle qu'il nomma. Il eft vrai, répondit le Comte, mais c'eft parce que vous lui avez dit cent chofes défobligeantes de moi,

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