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rentes voyes

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à là perfection. Aprés les outrages que Polidor avoit reçus de fa femme quand il en auroit demandé la vengeance, fa demande n'auroit pas été oppofée à l'honnêteté ni aux bonnes mœurs. Mais comme il ne l'a pas fait, & qu'il a employé tout fon crédit pour la fauver, il en eft plus digne de louanges.

Dans le temps qu'un de nos Chaffeurs raisonnoit de la forte, le quatrième qui étoit d'une hu meur fort agréable l'interrompit, en difant qu'il avoit appris depuis peu une chofe fort extraordinaire, & pour ainsi dire toute neuve. C'étoit un mari que la jaloufie obligeoit fouvent à rouer fa femme à coups de bâton, & dans le même inftant qu'il l'avoit batue jufqu'à la rendre prefque morte, il s'avifoit de

vertų;

la réfufciter à force de lui rendre le devoir conjugal, & de le réïterer plus vigoureusement que s'il n'avoit jamais eu le moindre foupçon de fa vertu ; mêlant ainfi les coups de bâton aux plus ardentes careffes de l'amour,& les plus vigoureuses careffes de l'amour aux plus rudes coups de bâton ; enforte qu'on ne pouvoit dire qui avoient le plus de violence, ou les coups ou-les careffes, tant ils étoient entremêlez & confondus extraordinairement les uns parmi les autres. Cette hiftoire tragi comique excita fi long-temps la rifée generale, qu'elle empêcha notre Chaffeur de continuer fes réflexions fur ce fujet.

La compagnie étoit encore dans la chaleur des applaudiffemens & dans les mouvemens de

la joye que lui avoit donnez ce

recit, lorfqu'on leur fervit leur gibier, dont le fumet captivoit l'odorat. Comme le falé qu'ils avoient d'abord mangé n'avoit fervi qu'à les mettre en goût, ils donnerent d'une grande force fur le roti qu'ils trouverent excellent.Ils refterent long tems à table à boire, & à manger toujours d'un appetit & d'une alteteration égale. Enfin l'heure de faire les vendanges de Votre Majefté étant venue, ils y allerent, & furent fort furpris quand on leur dit que vous étiez indif pofé, que Votre Majesté n'y viendroit pas, & qu'elle avoit donné fa vendange aux Capucins. de Meudon. Ils tinrent là deffus confeil, pour fçavoir s'ils s'enretourneroient au cabaret d'où ils fortoient, ou bien s'ils s'en iroient à Paris; mais la pluralité des voix fut de monter la monta

gne,& d'aller dans quelque vigne pour voir faire la vendange. Ils allerent donc,& entrerent dans un endroit où ils trouverent quantité de belles vendangeufesqui étoient venues pour affifter aux vendanges de Votre Majefté; & que n'ayant pas voulu s'en retourner fans rien faire, elles avoient réfolu de vendanger avec le peuple qu'elles trouve. roient; la plupart avoit des hotes & des paniers dorés ; le man che de leurs ferpettes étoit d'agathe; elles avoient des corfelets de brocard d'or, avec des agrafes de diamans, Les violons, les haut-bois, les flutes douces & les mufettes retentiffoient de toutes parts, & formoient des harmonies charmantes. Quel plaifir pour nos quatre Chaf feurs Quand Votre Majefté y auroit été, je ne crois pas que" . R. iiij.

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ces vendanges euffent été plus belles & plus galantes que celles

cy.

il

Dans le temps que ces vendangeufes, ou pour mieux dire ces aimables Dames portoient du raifin, les unes dans leur hotte, & les autres dans leur panier,. y en eut une qui fe laiffa tomber à terre. Un de nos Chaffeurs qui n'en étoit pas éloigné, courut auffi-tôt à fon feccurs, & prit un baiser en la relevant. La Da-. me feignit de s'en offenfer, mais le Cavalier qui étoit fort galant lui dit que ce n'étoit pas à lui qu'elle devoit s'en prendre, mais à fes charmans appas qui en é toient la caufe; que d'ailleurs il n'étoit pas homme à retenir le bien de perfonne, & qu'il étoit prêt à lui rendre de bon cœur le baifer qu'il avoit pris. La Dame e mit à rire de cette forte de

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