ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

reftitution, le Cavalier voyant cela fe jetta à fon cou pour lui

rendre fon baifer: mais cette Dame voulant l'éviter, fit un faux pas en reculant & tomba à la renverse. Le Cavalier qui la tenoit ferrée entre ses bras ne put s'empêcher de tomber avec elle. Ces deux chutes firent rire ceux qui avoient été témoins de cette fcene. Celui-ci se releva auffi-tôt & lui presenta la main pour la relever, mais elle la lui refusa, . de crainte peut-être de quelque nouvelle chute.

Il arriva plufieurs autres avan tures qui feroient trop longues. à rapporter ici. Enfin pendant: que toutes ces chofes fe paffoient,. la nuit furvint, & les Dames fe difpofoient à partir, lorfque leGentilhomme à qui appartenoit cette vigne & qui étoit genereux les invita à fouper, ou du moins

202 L'éloge de la Chaße.

à faire collation. Comme elles avoient gagné de l'appetit, elles ne refuferent pas tout à fait cette offre: mais il les pria avec tant d'inftance & de fi bonne grace, qu'elles accepterent feulement la collation. Il leur fit fervir un ambigu magnifique où rien ne manquoit; & tout cela au fon des violons & des haut-bois qui redoubloient la joye & les plai firs de cette aimable compagnie..

203

HISTOIRE

DU BRAVE CHEVALIER

PATA PON.

E Chevalier dont j'entreprends. de décrire ici le mérite & les hauts faits, étoit cader d'une ancienne maison d'Ecoffe, & un des meilleurs & des plus adroits chaffeurs du monde; de cent coups qu'il tiroit il n'en manquoit pas un. Mais comme il n'étoit pas riche, il forma le deffein de paffer en France, & de venir à Paris efperant d'y faire fortune. Il étoit pour lors à Londres, lorfque s'étant embarqué fur un vaiffeau Marchand il arriva à Calais. Quoiqu'il n'eût pour tout argent que deux Gui

lui

nees, il alla loger dans la meil leure Hôtellerie de la Ville à cinquante fols par jour. Mais il comptoit plus fur fon fufil & fur fon épée, que fur fon peu de fnance. Le lendemain il fit amitié avec l'Hôte de la maison, & ayant avoué la fechereffe de fa bourse, il lui dit qu'il lui fourniroit du gibier autant qu'il en faudroit pour payer fa dépense. L'hôte accepta cette offre avec plaifir; il fit venir auffi-tôt à déjeuner. Le Chevalier Patapon: but feulement deux coups, & ayant pris fon fufil il partit avec un fort bon chien couchant qu'il avoit amené d'Angleterre, & s'en alla à la chaffe,d'où il ne revint que fur le midi chargé de fix perdrix, de deux lapins, de quatre grives & de deux merles, qu'il donna à fon hôte. Cet hommeravi d'avoir chez lui un si bon

chaffeur,voulut d'abord lui paier fon gibier: mais Patapon le refufa, en lui dilant que cela fe trouveroit avec autre chose.

2

Peu après on fervit le dîner. Plufieurs perfonnes fe mirent à table; & comme fur la fin du repas on vint à parler de diverfes chofes, un de la compagnie voulut fçavoir ce que c'etoit que d'être Chevalier errant, je vois bien, répondit Patapon, que vous n'avez pas lû les Annales d'Angleterre, où l'on trouve les proueffes & les beaux faits d'armes du Roy Artus, qu'on dit par tradition commune dans tout le Royaume de la grande Bretagne, n'être pas mort; mais que par un art magique, il fut tranf formé en corbeau, & qu'un jour il doit revenir en fon Royaume reprendre le fceptre en main. Depuis cette metamorphofe, on

« ÀÌÀü°è¼Ó »