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tions, qui furent d'époufer la fille qui étoit Demoifelle, de donner deux mille écus à celle qui ne l'étoit pas, & de prendre l'enfant. Le Gentilhomme lui promit d'executer ces trois chofes qui étoient très - raisonnables. Cette action ayant fait beaucoup d'honneur à Patapon, les parens de ces deux filles vinrent le remercier, & voulurent lui faire plufieurs prefens en reconnoiffance du fervice qu'il leur avoit rendu mais il ne voulut rien prendre des uns ni des autres. Ce procedé étoit bien noble & digne d'un Heros. Cependant les parens de ces filles voyant fa generofité, le prierent d'un repas. Patapon ne le refufa point, & fur la fin, un d'entre eux lui gliffa adroitement dans la poche de fon jufte au corps une bourse de cent louis, où étoit ce billet.

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Au plus brave des Heros.

Nous n'avons pas ofé, illuftre Chevalier, vous prefenter cette bourfe, de crainte de choquer votre generofité. Ce que nous en faifons, c'est feulement pour vous témoigner la haute eftime & le profond respect que nous avons pour votre merite, pour vous fupplier de croire que nous fommes & ferons toujours, vos très-humbles, très-obéiffans & trèsobligez ferviteurs.

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La valeur que fit paroître le Chevalier Patapon pour le fervice de ces deux filles, fut extrêmement eftimée de tous ceux qui la fçûrent. Les Cavaliers les plus confiderables de la ville voulurent faire amitié avec lui & les Dames les plus belles defirerent de le connoître, car quoi

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que le fexe foit naturellement timide, il eftime la valeur où elle fe trouve. C'étoit fans ceffe des feftins qu'on lui offroit de toutes parts, qu'il n'acceptoit pas toujours.

Patapon n'avoit plus le tems d'aller à la chaffe, & fon hôte en étoit fâché, parce qu'il étoit privé du gibier qu'il lui donnoit au commencement de fon arrivée. Patapon fut un mois à Ca lais à faire bonne chere, & en fortit comblé d'honneur & de gloire. Comme il avoit pris congé de la plupart des gens qu'il eftimoit le plus, il fut furpris la veille de fon départ, de recevoir un beau cheval Anglois qu'on lui envoyoit richement enharnaché avec les armes fans lui dire de quelle part il venoit. Il prit alors un valet à son service, & partit le lendemain de grand

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matin fur ce cheval pour s'en al· ler à Paris.

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En chemin faifant, Patapon paffadans un grosBourg,où aiant vû quantité de gens affemblez autour d'un arbre qui avoient chacun un fufil, & ayant appris qu'ils alloient tirer à l'oiseau, il defcendit de cheval pour prier les principaux de lui permettre de tirer comme les autres, & leur fit voir fon fufil qui étoit chargé de menu plomb,& l'aïant déchargé,il le chargea d'une feule balle. Quand fon tour vint à tirer, il demanda à quel endroit de l'oifeau il faloit tirer pour avoir le prix; on lui répondit que c'étoit au cou pour avoir la tête. Il commanda à fon valet d'aller au pied de l'arbre,afin de la ramaffer, & auffi-tôt ayant lâché fon fufil, la tête de l'oyfeau tomba à terre. Ce coup furprit tous les tireurs

qui n'avoient pû en faire un pareil. On lui donna auffi-tôt le prix, qui étoit une montre d'or à repetition, qui valoit plus de cinquante piftoles. Enfuite on le couronna de fleurs comme le Roy de la fête.

Comme cette qualité lui donnoit le privilege de tirer une feconde fois, il voulut s'en fervir & ayant demandé à quoi il faloit viser, à abattre le croupion de Poyfeau, lui répondit.on. Cela n'eft pas fi aifé à faire qu'à dire, repliqua-t-il. En achevant ces mots, Patapon tira fon coup, & abatit le croupion. On lui donna auffi-tôt le prix, qui étoit une belle tabatiere d'or enrichie de pierreries, qu'il reçut avec beaucoup de plaifir. Il n'y avoit plus que le corps de l'oyfeau à tirer, on lui propofa s'il vouloit le faire : mais il dit qu'il faloit laiffer

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