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Mademoiselle de Meronville fe rompit. Le Comte de Merincour voyant ce malheur, offrit à la Demoiselle une place dans le fien. Elle l'accepta fans balancer, & y monta avec une de fes pa. rentes qu'elle avoit menée avec elle.

Le Comte ravi de cette rencontre, fit à ces Demoiselles cent honnêtetez, & fur tout à Mademoiselle de Meronville qui étoit affurément une des plus belles perfonnes, & peut-être des plus fages du Royaume. Pendant le voyage il lui conta mille dou ceurs,qu'elle reçut fort bien. Enfin Mademoiselle de Meronville étant arrivée chez elle, le Comte lui donna la main jusques dans fon appartement qui étoit magnifique. La Demoiselle l'ayant prié de s'affeoir, il resta quelque tems auprès d'elle, & enfuite il en

prit congé,dans le deffein de cultiver une fi belle connoiffance. Quelques jours après le Comte étant à l'Opera fut agréablement furpris de fe voir auprès de Mademoiselle de Meronville, qui ne le fut pas moins de fe trouver auprès de lui. Il ne manqua point de luy temoigner la joye qu'il avoit d'une fi heureuse rencontre. La Demoiselle qui avoit l'efprit fort enjoué, lui dit que la rencontre n'étoit favorable que pour elle, & qu'elle fouhaitoit que la joye qu'il en faifoit paroître fût auffi fincere qu'il vouloit lui perfuader. Le Comte lui répondit qu'elle étoit trèsveritable, & que fes paroles étoient toujours les fideles interpretes de fon cœur. Si cela eft, repartit la Demoiselle, vous êtes prefque l'unique parmi les hom mes. La plupart disent souvent

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le contraire de ce qu'ils penfent; ou s'ils parlent fincerement,leur inconftance naturelle leur fait bien-tôt oublier ce qu'ils ont dit. Cela vient moins de cette cause,. repliqua le Comte, que de ce qu'ils ne trouvent pas de beauté comme la vôtre, & qui ait autant de merite que vous avez je vous avoue que j'en fuis fi charmé, que mon cœur & mon efprit ne font jour & nuit occu pez que de vous-même. Eft. ik poffible, interrompit la Demoifelle, que pour n'avoir vâ qu'une feule fois une perfonne, on puiffe avoir de fi fortes pensées fur fon fujer? Ouy, Mademoiselle, il eft poffible, reprit le Comte; & fi pour la premiere fois que j'ay eu l'honneur de vous voir, j'ay pour vous de tels fentimens jugez,s'il vous plaît, quels feront ceux que j'auray, fi j'ay fouvent

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cet

cet avantage. Vous me faites beaucoup de grace, répondit la Demoiselle, mais je crains que par la fuite vous ne découvriez en moi des défauts qui vous feront perdre l'eftime que vous m'avez trop facilement accordée. Non, Mademoiselle, repliqua le Comte, vous ne devez pas avoir cette crainte. Vous n'avez rien en vous que d'aimable, & j'en fuis fi perfuadé, que par tout où il y aura des yeux & de la raifon vous ne manquerez jamais d'adorateurs.

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Dans ce moment on ouvrit le Theâtre, la fimphonie commença, les voix chanterent, & tout cela interrompit la converfation. Quand l'Opera eut fini, le Comte de Merincour offrit à Mademoiselle de Meronville de la mener chez elle: mais comme elle avoit fon caroffe, elle le reBb

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mercia, & chacun s'en retourna chez foi avec beaucoup de fatisfaction.

Le Comte ne manqua point le lendemain de rendre vifite à cette aimable Demoiselle. Il la trouva avec une compagnie de Sçavans & de Sçavantes qui s'entretenoient de chofes curieufes, & entr'autres de la nature des Metheores. Le Comte qui n'avoit pas moins d'érudition que d'éfprit, parla très-bien fur ce fujet, & l'on peut dire qu'il é puifa ja matiere. Comme l'on vit qu'il avoit fi bien raisonné, deux jolies Demoiselles qu'on appelloit quelquefois les filles du Soleil, prierent le Comte de dire quelque chofe fur les perfections de ce bel Aftre. Il n'est pas poffible de rapporter ici tout ce qu'il dit d'admirable là-deffus. Il parla d'abord de la

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