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Farfader, & que Pirrus en fit un taliffement pour le faire aimer d'Andromaque. Pour moi je ne fuis pas de fon fentiment. Je croi qu'elle étoit d'un tiffu de ces fr lets qui fixoient la moëlle du cerveau de la fabuleufe chimere, que défit Bellerophon monté fur le cheval Pegaze. J'ay pour garant Calot, fameux Peintre Lorrain dans fes Grotesques; & il y a de beaux monumens de cette verité dans le veftibule du Palais de Morphée, où l'on voit tant de monftres, des Coque-figrues, des Hypogriffes, des Sphinxs & des Dragons. Mais je commence à m'appercevoir qu'à l'exemple du Lutrin de Def preaux, on pourroit faire un fort beau Roman fur la calotte de Priam; & comme cet ouvrage tiendroit de l'épopée, & que pour la beauté des incidens, il

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faudroit y voir du furprenant & du merveilleux, il feroit à propos d'y faire entrer les peuples élementaires, les Gnomes, les Ondens, les Sylphes, les Sylphides & les Salamandres : mais il faudroit traiter la chofe ferieufement, & ne pas fuivre le fentiment d'Agrippa, qui met cette calote dans le trefor du grand Seigneur. Il feroit bien plus jufte de dire, fuivant le rapport d'un ancien Auteur Grec, que cette calotte ayant été préfervée de P'embrafement de Troye par un Salamandre, elle fut portée par un des premiers Sylphes à Antandros,lieu de l'embarquement d'Enée, & mife dans la garderobe du venerable Anchife comme un precieux monument de la maison Royale de Troye; qu'enfuite elle fut portée avec ceremonie dans Carthage par

Acate, comme grand Maître de la maifon d'Enée, à la tête du cortege du jeune Prince Troyen, que là elle parut d'une étoffe couleur de pourpre tarienne de la grandeur d'une calotte à oreilles chargée des buftes des Roys Troyens, qui prouvoient fon antiquités qu'après elle fut transferée en Italie avec le fang Troyen, & fequeftrée dans Rome fous les bafes du Capitole, gardé par un Prince des Gnomes, que Momus y a commis.

A l'égard de la queftion touchant l'épée d'Hector, il y a long temps que je n'ay vu le Chevalier du Soleil, Merlin, Maugis, Daigremon, Gerileon, Palmerin, & je fuis même hors d'état de les lire, depuis qu'on m'a fait voir que Sorel dans fes remarques fur le treiziéme livre de fon Berger extravagant, en

décidant fur leur merite, les a condamnez à fervir les Beurrieres. Ce que je puis faire presentement pour décider votre queftion, c'est de vous renvoyer à la Nouvelle allegorique, qui renferme le combat ingenieux du galimathias contre la raison. L'Epître de Marot, intitulé le Cocqà-l'Afne, vous donnera encore une ample inftruction fur ce fujet, & fi vous prenez la peine de lire le Roman des Romans, vous y verrez avec plaifir que ce fut Alcidamant qui conquit cette épée lors qu'il détruifit un Pa lais magnifique dans Trebison. de, & qu'il tira Dom Galaor d'une prison de cristal où il étoit retenu par enchantement. Au refte, fi j'avois quelque foy pour les urgandes & les alquifs d'Amadis, je vous y renvoyerois mais comme je crois vous en

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avoir affez dit, je me contentefai seulement de vous observer qu'étant un jour à Chantilly on me fit voir par curiofité une longue & large épée très-pefante d'un Connêtable de Montmorency, fur laquelle il est écrit en vieux caractere grec à demi effacé, qu'elle a appartenue à Hector, & qu'il en fit un prefent à Ajax, après leur long & indecis combat ; & que ce fut d'elle dont ce dernier fe tua outré de ce que les Grecs ne lui avoient pas adjugé les armes d'Achille.

La compagnie prit beaucoup de plaifir à entendre la décision du Comte de Merincour, & fur tout une de ces filles du Soleil qu'on nommoit Mademoiselle de Saint Quentin, qui en devint amoureuse. Comme le Comte me le fçavoit pas, & qu'il n'avoit

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