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l'hiftoire que j'ai rapportée des trois Liévres, avec celle du Fantôme qui parut à Henry I V. dans la forêt de Fontainebleau, & celle du Comte d'Oldembourg dans la forêt de Feverholtz, on n'aura pas de peine à

la croire.

Cette épisode nous ayant un peu éloigné du fil de notre narration, il eft temps de retour ner au Comte de Merincour & à Mademoiselle de Meronville, qui ne pouvoient vivre fans fe voir & fans s'aimer. Il ne faut pas auffi oublier 'le Chevalier Darmon,qui ne fongeoit plus à cette: aimable Demoifelle, parce qu'il étoit devenu amoureux de Mademoiselle d'Alicour, qui n'avoit pas moins de paffion pour lui qu'il en avoir pour elle; cet amour reciproque engagea le Chevalier dans des dépenses ex.

&

traordinaires. Me de Verbonne la mere, indifferente pour tout autre que pour elle-même, ne s'embarraffit gueres de la conduite de fa fille, foit qu'elle en ignorât l'intrigue, ou qu'elle en fut bien aife, elle ne lui en parla jamais. Ces deux amans charmez de ne point trouver d'obstacle à leurs défirs, profitoient du temps & de l'amour. Cela dura deux ou trois mois de cette ma niere; mais comme toutes chofes ont un certain période, où étant parvenues elles vont toujours en retrogradant, Made moiselle de Verbonne, je ne fçai par quel caprice, fit une querelle d'Allemand au Chevalier, & ne voulut plus le voir. Il eut beau faire pour l'adoucir & luy demander pardon du mal qu'il ne lui avoit pas fait, elle fut ferme dans fa réfolution. Ce chan

gement chagrina terriblement le Chevalier qui l'aimoit extrê mement. Son amour se changea en rage, il déclama contr'elle, & lui fit tort dans le monde: Plufieurs perfonnes confeilles rent à Mademoiselle de Ver bonne d'intenter un Procès con tre lui en réparation d'honneur. Mais comme elle lui avoit écrit des lettres un peu trop galanres, elle n'ofa prendre ce parti. Elle crut qu'il valoit mieux le gagner par la douceur, que de l'irriter davantage. Elle fit done tout fon poffible pour le ramener à elle, mais le Chevalier qui étoit toujours fort en colere de fon procedé, & jugeant que c'é toit moins l'amour que la crainte qui la faifoit agir de la forte, fe mocqua d'elle, & ne voulut plus la voir.

Ce mépris fut plus sensible à

la Demoifelle, que toutes les injures du monde. Elle en eut tant de honte, qu'elle n'ofoit plus paroître devant lui, & évitoit même par tout fa rencontre, Elle s'en alla chez une de fes parentes à la campagne, efpe rant que le temps effaceroit le fouvenir du paffé. Comme cette parente étoit une dévote achevée, & qu'elle ne voyoit perfonne qui ne fût de fon caractere, Mademoiselle de Verbonne contracta bien- tôt chez elle: un efprit de dévotion & de retraite. L'envie lui prit de fe faire: Religieufe; elle revint à Paris & fe fit Carmelite. Comme c'est un Ordre fort auftere & plein de pieté, il lui aura été facile d'y gagner le Ciel, en réparant par des larmes de pénitence les défordres de fa vie paffée.

1. Pendant que cette histoire se

paffoit, le Comte de Merincour & Mademoiselle de Meronville revinrent à Paris. Cetamant faifoit continuellement la cour à fon amante, & jamais cœurs ne parurent plus unis. Leur tendreffe étoit extrême; & on peut croire qu'elle auroit été éternelle, fans une jalousie, qui s'étant emparée mal-à-propos de l'efprit de cet amant, lui fit quit ter tout d'un coup fon amante. Mademoiselle de Meronville fut d'autant plus surprise de cet abandonnement, qu'elle n'en fçavoit pas la cause. Elle cher cha plufieurs fois le Comte pour s'en éclaircir elle alla même chez lui, mais ne pouvant le trouver, fon chagrin fut fi grand, que s'abandonnant entierement à fon déplaifir, elle ne vouloit voir ni être vûe de perfónne.. Plus fon amour lui reprefentoit

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