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feffion. Cette avanture nous fait connoître combien font utiles les reflexions quand on les fait ferieufement; & celles de cette jeune Demoiselle ne peuvent luyê tre que très-avantageuses, ayant pris un fi bon parti.

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※※※※

AVANTURE

DU CHEVALIER

DE BACHIMONT

E T

DE MADEMOISELLE

DE SILVACANE,

E ne croy pas qu'on ait jamais

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veu de Chaffe plus belle, ni plus grande, que celle qui fe fit, lors que l'on transporta le corps de la feuë Reine à faint Denis. Il y avoit dans la plaine plus de cinq cens mille personnes pour voir paffer cette pompe funebre. Tout le Gibier étoit dans une telle épouvante, qu'il ne feavoit cù fe mettre pour fe cacher: les Liévres & les Perdrix fe laif

foient quafi prendre à la main. Le Chevalier de Bachimont en poursuivoit une qui alla se refugier fous la juppe de Mademoifelle de Silvacane. Le Chevalier fuivant le droit de la Chaffe vouloit l'y aller chercher; mais la Demoiselle qui ne fçavoit pas cette loy, ne voulut point luy permettre de fourager fous fa juppe, quelque effort qu'il en fit: pendant que le Chevalier & la Demoiselle difputoient enfemble la Perdrix s'envola, & ils perdirent leur proye: cette Demoifelle en fut fâchée; mais peu après le Chevalier ayant atrapé une autre Perdrix, en fit auffi-tôt prefent à la Demoiselle, ce qui la confola de la perte qu'elle avoit faite elle en remercia même le Chevalier, qui refta auprès d'elle à luy conter des douceurs, en attendant que le Convoy vint. En

fin la nuit arriva, & le Convoy paffa; je n'en feray pas icy la defcription, parce qu'elle m'éloigne, roit trop de mon deffein, Je diray feulement que cette nuit fut favorable au Chevalier & à bien d'autres, fuivant cette maxime, que la nuit la plus obfcure eft toûjours le plus beau jour des amans. Comme le Chevalier avoit beaucoup d'efprit, & qu'il debitoit bien fa marchandife, la Demoifelle l'écouta agréablement. Elle luy dit même fon nom & fa demeure à Paris: cependant voyant qu'il étoit tard, que le Convoy étoit paffé, & que chacun s'en retournoit chez foy, la Demoiselle voulut s'en aller chez elle, la Chevalier qui avoit une chaise roulante luy offrit de la remener; mais elle l'en remercia, en ayant une auffi.

Ces deux Amans ayant pris.

congé l'un de l'autre, partirent dans l'efperance de fe revoir bientôt. Le Chevalier dont le cœur étoit penetré des charmes de Mademoiselle de Silvacane n'en dormit point de la nuit, & ne fouhaitoit le jour que pour rendre vifite à cette Belle. Il ne manqua point le lendemain de l'aller voir; il la trouva qui danfoit le Traquenare au fon du violon de vant un Maître de danfe. Le Chevalier qui le fçavoit parfaitement bien, le danfa avec elle de fort bonne grace. Après quoy ils danferent un menuet: le Chevalier ne s'en acquita pas moins bien que du Traquenare ; & pour lors la Demoiselle en fut charmée auffi-bien que le Maître de danfe, qui ne put s'empêcher de luy donner des loüanges, de même qu'à la Demoifelle, qui étoit également belle & bien faite, âgée

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