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Lettre du Chevalier de Bachimont à Mademoiselle de Silvacane.

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Ue votre absence & votre filence, Mademoiselle, me font fouffrir! Je fuis icy avec mes parens & mes amis: chacun s'empreffe à me faire paffer le tems agréablement. Les jeux, la chaffe & la bonne chere fuccedent les uns aux autres: cependant je languis au milieu de tout ces plaifirs. Il n'y a point de compagnie ni de divertiffement qui puiffe. me plaire où vous n'êtes pas : votre idée eft toûjours prefente à mon efprit; &j'aime encore mieux. être à l'écart & dans la folitude m'entretenir de vos charmes, foupirer & verfer des pleurs, que de me trouver avec ce qu'il y a icy de beau & de plus aimable;fi mon

éloignement faifoit fur vous le même effet, vous ne feriez pas fi long-tems à m'écrire; foyez donc plus fenfible aux maux cruels que j'endure. Ce qui me viendra de votre main me perfuadera venir de votre cœur, dans lequel je vous prie de me conferver toute la part que vous m'avez promife, & que mon amour fouhaite. Je fuis plus à vous qu'à moy même,

DE LA SALLE

Comme la Demoiselle luy a voit dit en partant de ne mettre d'autre nom que celuy de la Salle au bas de fes lettres ; & pour plus grande fûreté fur le deffus, à Mademoiselle Dupont, de crainte que fi elles étoient interceptées, on ne découvrit le lieu où elle étoir, le Chevalier éxecuta ponctellement cer ordre,, ce qu'elle FU

fit auffi dans la réponse qu'elle luy

envoya.

REPONSE

De Mademoiselle de Silvacane au Chevalier de Bachimont.

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I mon éloignement vous caufe des inquietudes, je vous affure que le vôtre ne m'en donne pas moins. Il ne tient qu'à vous de les faire ceffer, & de venir icy. Ma Tante à qui j'ay tout conté, m'a dit de vous le mander, & même qu'elle, vous donnera, fi vous voulez, un apartement chez elle. Voilà ce que je puis vous dire touchant notre éloignement. Quant au filence, dont vous vous plaignez, croyez qu'il ne vient pas d'un defaut de rendreffe, puisqu'on ne peut en avoir plus que j'en ay pour vous;

par

mais d'une indifpofition caufée l'ébranlement d'un caroffe où j'étois pendant un long voyage. Se lever dès la pointe du jour, & n'arriver au gifte que très-tard, c'est ce qui a contribué à mon indisposition. Mais prefentement que je me porte bien, fi vous m'aimez, venez m'en feliciter. Ma Tante fera ravie de vous voir, & moy.encore plus qu'elle, qui fuis & feray toujours votre tres-humble & tres-affectionnée fervante, DUPON T.

Le Chevalier ravi de cette réponse, prit auffi-tôt la poste & partit. Pendant fon yoyage il arriva une étrange avanture à une Dame de fa connoiffance, dont il fut très-fâché quand il en aprit la nouvelle. C'étoit une fort belle perfonne nouvellement ma→ riée à un Gentilhomme de vingt

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cinq ans fort vigoureux, & qui malgré l'inclination de la jeuneffe, preferoir l'honneur au plaifir de l'amour. Sa femme qui n'étoit pas de même fentiment, & qui fe trouvoit peu fatisfaite de fon époux, voulut fe récompenfer d'ailleurs. Etant au bal, elle fit connoiffance d'un jeune Cavalier beau comme le jour, & parfaitement bien fait, dont elle devint amoureufe. Ils s'étoient déja donné plufieurs rendez-vous, lorfque le mari qui en eut avis, refolut de s'en venger. Un jour voyant que ces rendez-vous continuoient toujours, il feignit d'aller à la campagne pour des affai res qu'il difoit luy être de confequence. Il ne fut pas plutôt parti, que fa femme le fit fçavoir à for Amant. Mais comme elle n'étoit pas affurée de fes domef tiques, elle luy manda de ne ve

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