ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

4

nir que le foir par une porte de derriere, dont elle luy envoya une clef, en l'affurant qu'il n'y auroit auprès d'elle ni fâcheux ui jaloux. Le Galant reçut certe nouvelle avec beaucoup de joye, & ne manqua point de fe rendre chez la Dame comme elle luy avoit mandé. Ils ne furent pas plutôt ensemble, que le mari qui avoit double clef de toutes les portes, entra dans la chambre où ils étoient; & les trouvant dans un état où fon honneur étoit le plus offenfé, il s'écria, ah! infâmes, il faut perir. En achevant ces mots, il fe jetta fur eux, & d'un feul coup d'épée, les facrifia à fa vengeance: en forte qu'ils moururent quelques momens après, fans pouvoir attendre: un Confeffeur, qui arriva comme ils venoient d'expirer. Cette vio lence avoit tellement animé leurs

parens contre le mari, qu'ils lui firent un procès criminel, prétendant que c'étoit un affaffinat plutôt qu'une jufte punition. Mais la Cour ayant été informée de la verité du fait, renvoya le mari abfous, & luy adjugea tous les biens de fa femme. Peu après ennuyé de vivre dans la continence, il voulut fe remarier; & bien qu'il fût très-riche, très - agreable, & très-bel homme, la mort de fa femme avoit jetté une telle épouvante parmi toutes les autres, qu'il n'en trouva aucune qui ofât l'accepter pour mari.

Comme nous venons de rapporter la cruauté d'un mari envers fa femme, nous allons dire celle d'une femme envers fon mari, qui eft bien la plus grande qu'on ait peut-être jamais vûe.

Le Chevalier de Bachimont en chemin faifant, fut furpris de

trouver

trouver un objet qui excita fa compaffion; vit d'un côté un

homme mort, & un autre prêt à rendre les derniers foupirs. Une femme étoit fur celuy qui étoit encore en vie ; & en mettant fes doigts dans fes playes pour en faire fortir le fang avec plus d'abondance, tâchoit d'avancer fa fin. L'homme mourant voyant aprocher le Chevalier, luy demanda fecours; ce qui l'obligea de mettre pied à terre: la femme craignant de recevoir la punition de fa cruauté, s'enfuit. Le Chevalier après avoir fait bander les bleffures de cet homme par fon Ecuyer, luy demanda ce qui avoit obligé cette femme à se porter à une inhumanité fi peu convenable à fon fexe? Monfieur, répondit-il, c'est une ingratte que j'ay épousée ; & quoiqu'elle cût beaucoup moins de bien que G

moy, elle en a eu fi peu de reconnoiffance, qu'elle s'eft abandonnée à celuy que vous voyez mort à vos pieds. Je les ay furpris ensemble ce matin ; & voulant venger l'affront qu'ils faifoient à mon honneur, j'ay obligé l'adultere de tirer l'épée, & luy ay ôté la vie. Mon infidelle, de peur que je ne luy en fiffe autant, a voulu me prévenir; & m'ayant vû tomber de foibleffe, a tâché de me faire mourir ; mais votre arrivée, Monfieur, l'a empêchée d'éxecuter fon mauvais. deffein.

Le Chevalier craignant que cet homme n'expirât faute de fecours, le fit mettre par fon Ecuyer, à l'aide d'un paffant, dans fa chaise de pofte, & le conduifirent à un Hermitage qui n'en étoit pas éloigné. Le Chevalier monta fur un cheval d'Efpagne qui étoit

attaché derriere fa chaife de poste, & accompagna cet homme chez cet Hermite. Cependant comme cette femme apprehendoit que fon crime ne fût découvert, elle alla trouver fes freres, qui demeuroient dans une maifon prochaine, elle leur perfuada que fon mari & l'homme mort étant enfemble, avoient été attaquez par des voleurs, qui en avoient tué l'un, & tellement bleffé l'autre, qu'il y avoit peu d'efperance de fa vie, & les exhorta à punir ces prétendus fcelerats. Son deffein étoit de faire tuer par ce moyen le Chevalier fon Ecuyer & le poftillon, qui étoient les feuls témoins de fa cruauté. Les freres de cette Megere, au nombre de trois, ayant donné créance à fon recit, fe laifferent conduire au lieu du combat. Ils trouverent le Che

و

« ÀÌÀü°è¼Ó »