Enfin jamais mariage ne fut plus heureux, & ces deux Epoux ont toujours vêcu depuis avec une fatisfaction reciproque. Voicy des Vers fur ce fujet qui font affez galans pour trouver icy leur place. À L'I L'ILLUSTRE TIRCIS, EPITHALAM E. C'En eft donc fait, Tircis, le choix de vo tre cœur, Dans le bonheur qu'il envisage, Vous charme tant qu'il vous engage A changer pour jamais & d'état & d'humeur. Vous renonces enfin aux honneurs de la guerre ; Et toute la fplendeur du plus beau Cime terre N'a plus pour vous aucun appas: Et qu'on paye demain, fi ce n'eft aujourd'huy. Que pour un qui s'en plaint, mille en font des louanges. Ce qu'il a, dit-on, de fâcheux, Il perd la moitié de fes feux. Le rend plus conftant, & plus doux. Et je parois vous inspirer Le defir de vous moderer. Non, non, brave Tircis, quoy qu'ici je vous dife, Gardés votre valeur, elle eft encor de mise. Où vous n'aurez dans votre audace Votre adverfaire alors, cherchant fon avan tage, Et voulant profiter de ce foible équipage, Pourra fouvent vous mettre à bas. N'eft dans l'himen que trop commune: Cette grace, Tircis, auffi rare qu'extrême, Eft le feul bien pour vous qu'on peut luy de mander; Tous les autres il vient de vous les accorder ; Vous aimés une Epoule, une Epouse vous aime. Elle eft riche, elle eft noble, & vous l'êtes de même, Que vous faut-il pour être plus heureux ? Ces vers ne déplurent point au mari ni à la femme; au contraire, ils en témoignerent leur remerciment à l'Auteur, par une lettre fort obligeante qu'ils luy écrivirent fur ce fujet. Qui auroit crû qu'une Perdrix auroit été la caufe d'une avanture fi belle, qui a été fi bien conduite, & fi honorablement terminée ? Cela nous fait bien voir qu'il ne faut jamais rien negliger; que de petites chofes en produifent fouvent de grandes; & qu'en amour comme en guerre, le fuccès dépend presque toujours du commencement: car par l'échantillon on juge de la pièce. Quoy que la nouvelle que nous allons dire n'ait pas beaucoup de raport à celle que nous venons de raconter, nous ne laifferons pourtant pas d'en faire icy mention, à caufe des évenemens curieux dont elle eft remplie. Un jour qu'il faifoit un brouillard propre pour la chaffe des Becaffes, le Baron de la Tour qui aimoit extrêmement cette chaffe, ne manqua point d'y aller; il avoit déja tué deux ou trois Becaffes lorfque le brouillard augmenta, & qu'on entendit, fans pouvoir rien difcerner, un bruit confus d'Oyfeaux, mais fi grand, que tous les habitans des envi rons fortirent de chez eux pour voir ce que c'étoit. Ils furent fort furpris d'appercevoir quanti té d'Oyfeaux qui tomboient de tems en tems à terre, dont les uns étoient morts, & les autres expirans. Quand le brouillard fut entierement diffipé, le foleil fe trouva obfcurci durant plus d'une heure par une infinité d'Oyfeaux qui formoient en l'air un ombre qui contenoit plus d'une lieue d'étendue. Ces Oyfeaux compofoient deux grands corps d'armées qui étoient rangées en bataille, & qui escadronoient avec ordre les uns contre les autres. Quand ils avoient combattu quelque tems ils reprenoient leur pofte, , pour laiffer combattre les autres à leur tour. Lorsqu'ils fe trouvoient rompus, ou accablez par un plus grand nombre, ils fe ralioient derriere ceux qui étoient le moins engagés dans la bataille, & auffi-tôt ils tetournoient à la charge avec plus d'ardeur que jamais. Cela dura quelque temps de cette maniere, lorfque tout d'un coup les deux armées se mêlerent avec un bruit |