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» voit Tatius mourant fous les poignards de » quatre affaffins. Il immole deux de ces fcé»lérats, & les deux autres prennent la fuite. » Il fouleve enfuite ce malheureux roi & veut le porter jufqu'à Rome. Arrête, mon fils, lui dit-il, tes foins me font inutiles, & je re» mercie les dieux de rendre mon dernier fou"pir dans tes bras. Je meurs des coups de » Romulus : j'ai reconnu les meurtriers : ils » font du corps des Céleres, & en me frappant » ils m'ont dit que c'étoient là les prémices » de la paix que je venois de procurer aux » Romains ..... Il me reste une fille, Numa » & cette infortunée n'a plus de parent, n'a » plus d'appui que toi. Ses droits au trône des Sabins la rendront criminelle; fi tu ne la défends, elle périt. Jure-moi, mon fils, d'être » fon protecteur, fon foutien, de lui tenir lieu » de frere. Hélas! j'avois efpéré qu'elle t'appel »leroit d'un autre nom..........

» Je vous jure, interrompt Numa fondant » en larmes....., Je vous jure d'exécuter vo» tre volonté derniere, de devenir l'époux de "Tatia, de vivre & de mourir pour elle, de » partager fes périls & de détefter à jamais la » famille de votre meurtrier. «

» J'en étois fûr, repond Tatius.... Embraffes » moi, vertueux jeune homme. Je compte fur » ta foi, je meurs content. «............

Il dit, ferre Numa & expire. Numa s'é vanouit fur fon corps. «

LIVRE VII. Un grand intérêt s'ouvre à ce livre. Numa vient de jurer, au nom de fa me

re,

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re, à Tatius mourant,
à Tatius affaffiné par
les ordres de Romulus, de protéger la vie &
les droits de Tatia, de s'unir même avec elle,
& de renoncer au bonheur d'être l'époux d'Her.
filie qu'il adore. Il voit à fes côtés l'ombre du
roi des Sabins & celle du grand prêtre Tullus,
qui toutes deux lui demandent le facrifice af-
freux de fa paffion; mais l'amour gémiffant,
l'impérieux amour cédera-t-il un coeur qu'il a
rempli de fon ivreffe?

Numa s'eft chargé de transférer lui-même le corps fanglant de Tatius jufqu'aux portes de Rome; il le remet à des foldats qui doivent le dépofer au palais de Tatia; mais il court auparavant préparer cette vertueufe & tendre fille au malheur qu'elle vient d'effuyer. » C'est » aujourd'hui, lui dit-il, que vous avez befoin » de cette force d'ame, de cette patience inal» térable dont votre cœur a pris l'habitude... » Songez que, pour foutenir les maux de cette n trifte vie, les immortels nous ont donné la » vertu & l'amitié «. L'arrivée du cadavre de Tatius le difpenfe d'en dire davantage. Douleur amere & profonde de Tatia. Le jeune prince la quitte afin d'aller révéler à Romulus la promeie qu'il a faite, & l'impoffibilité où le met cette promeffe d'époufer Herfilie, quoiqu'il s'avoue plein d'amour pour elle. Romulus s'indigne de cette déclaration; il ofe défendre à Numa de tenir l'engagement qu'il a pris avec Tatius; mais cette tyrannique défense confirme encore plus le prince dans fon deffein. Herfi le, qui a prévu l'effet de la hauteur de fon Tome 1X.

B

pere, vient trouver elle-même Numa, & met fon cœur à la plus dangereufe épreuve, puifqu'il fent qu'il l'aime encore. Cependant fa vertu l'emporte fur fa foibleffe, & la fureur de cette amante abandonnée ne peut le faire manquer à fes engagemens. Revenu au palais du roi des Sabins, il ordonne fes funérailles; c'eft au milieu de ces triftes cérémonies qu'il jure à Tatia la fidélité d'un époux, & c'eft dans l'épanchement de fa tendre reconnoiffance que la princeffe tombe tout-à-coup, & donne les fignes les moins équivoques de l'empoisonnement qui éteint fon bonheur avec fa vie. De tous les Sabins préfens aux obfeques de leur roi, il n'en eft aucun qui ne penetre auffi bien que le jeune prince d'où part ce coup affreux. Un cri de vengeance s'éleve on court aux armes, on entraîne Numa aux portes de Rome qu'on veur faccager; mais, par ordre du cruel Romulus, qui a prévu ce mouvement d'indignation, la ville eft entourée de tous les enfans, de tous les vieillards Sabins qu'il a fait enlever pour les expofer aux premiers dangers de l'attaque. Numa frémit de cette horreur; il conjure les fujets de Tatius d'abandonner leur deffein. Sabins, Sabins, s'écrie - t- il, par-tout ailleurs la gloire feroit de vaincre; ici, elle eft d'être vaincu. Il met une branche d'olivier dans la main de Métius, & le charge d'aller affurer le roi de la foumiffion des Sabins Métius revient annoncer la paix & le pardon, pourvu que Numa forte fur le champ des états de Romulus. Les Sabius, qu'avoit calmés Numa, veu

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lent reprendre les armes i les appaife de nouveau; il les conjure, leur ordonne de fe foumettre, s'ils ne veulent le voir s'immoler à l'inftant lui même.

Il part; c'eft chez les Marfes qu'il veut aller; la vue de Léo doit le confoler des malheurs qu'il vient d'effuyer; il ne voit pour lui que la reffource de l'amitié. Il prend ce même chemin où peu de mois auparavant il avoit paffé à la tête des Sabins, ivre d'amour, brûlant d'être un héros & ne doutant pas que la gloire ne le conduifît au bonheur. Il marche; il fuit le cours d'un ruiffeau qui le conduit au pied d'une colline, où il découvre une grotte profonde; il y entre, & y voit un jeune guerrier endormi fur une maffue c'eft le brave Léo, c'eft celui qu'il alloit chercher au pays des Maríes, & qui, de (on côté, venoit le trouver à Rome. Tous deux avoient éprouvé la même ingratitude, le premier de la part d'un roi, & l'aurre de la part de fa république; tous deux enfin étoient bannis. Numa conte fon hiftoire à fon ami, qui l'inf truit auffi de fes aventures dans le livre fuiyant.

LIVRE VIII. L'hiftoire de Léo eft dans tout l'ouvrage d'une imagination très attachante & de l'intérêt le plus vif: nous ne pourrions que l'affaiblir en l'analyfant, & c'eft dans le texte même que nous devons confeiller à nos lecteurs d'en aller goûter tous les charmes : nous ofons leur promettre un plaifir que donnent rarement nos productions modernes. Dans

ces jours d'une decadence trop fenfible, l'au teur nous parcir, ainfi que Sulpice Sévere penter & écrire encore fous le regne des derriers empereurs Romains comme on avoit écrit & penfe fous celui d'Augufte.

Nos deux héros amis s'égarent en chaffant; ils le trouvent à l'endroit où un ruisseau fe partage en deux; ils fe propofent d'en fuivre chacun une branche, & fe promettent de fe joindre enfuite au même endroit pour s'y faire part de leurs découvertes. Léo, dans fa route, ne trouve que des arbres, des fleurs, des fruits; mais Numa, fans fe découvrir, a rencontré un refpe&table vieillard accompagné d'une jeune perfonne dont il fait le portrait le plus aimable. » La beauté que lui avoit donnée la » nature empruntoit, dit M. de Florian, fon

principal éclat de la candeur, de la franchife » qui fe peignoient dans fes traits. Son visage » avoit quelque chose de célefte qui éloignoit » toute idée de volupté & rempliffoit l'ame » d'un fentiment plus délicieux & plus pur: » il n'infpiroit point de défirs; il faifoit naître » un faint respect, un penchant plus tendre, plus vif que le défir même. «

Le prince a vu le pere, de même que la fille, rendre un culte au foleil couchant dans une langue inconnue, & rentrer dans leur cabane.

LIVRE IX. Dès que Numa s'eft rejoint à fon ami, il le conduit à la cabane qu'habitent le refpectable vieillard & fa fille enchantereffe. Ils font reçus avec toute la bienfailance & les

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