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tude de la fageffe. Par tout il trouve la fuperftition plus chere à l'homme que la vérité. Le grand Oromaze, du haut de fon trône, baiffe les yeux jusqu'à lui; il fait descendre dans fon fein un rayon de fa lumiere. Il médite enfuite pendant 20 ans dans un désert, & fa raison lui prouve qu'il ne peut y avoir qu'un feul dieu; que ce dieu lui a donné une ame qui doit furvivre à fon corps pour être punie ou récompenfée. Il adore fon créateur dans le plus beau de fes ouvrages, dans le foleil. Il voit que ce foleil fait naître les moiffons pour le Scythe, pour le Perfan, le Syrien, & tous les peuples de la terre, divifés entr'eux fur la maniere d'adorer dieu, ce dieu fouverainement indulgent, qui aime tous les hommes, qui fupporte ceux qui le calomnient, pardonne à la foibleffe & punit la perfécution.

Zoroaftre a repandu cette doctrine de l'Euphrate à l'Indus, & fes difciples étoient partout fort nombreux. Parmi eux fe trouve une femme nommée Oxane, qu'il ne fe rappelle point fans attendriffement: il en eft aimé & il l'épouse. Ses difciples, fous le nom de Mages, adorent le feu, cultivent la terre & pratiquent la vertu. Le roi de Ninive, Phul, continuet-il, tolérant comme tous les grands rois, fermoit les yeux fur ce nouveau culte; mais il a pour fucceffeur l'infame Sardanapale, qui, jouet de fes miniftres, efclave de fes eunuques, tyran de fon peuple, laiffe tout vendre à Ninive, honneurs, charges, juftice, &c. Les adorateurs du feu font perfécutés. Oxane étoit groffe: le

som de pere faifoit aimer la vie à Zoroaftre: il fallut fe mettre à couvert. Il entre dans une caverne mysterieuse où une lame d'or frappe fes yeux; il lit fur cette lame t'ordre de dépo fer dans la caverne le livre de fa loi, le zendavesta, qui, dans la plenitude des tems, être trouvé par un fecond Zoroaftre. Il y lit auffi que les travaux font finis, & qu'il doit aller chercher dans l'occident une patrie. Il fe foumes, il obéit. Après de longues courles, il arrive chez les Marfes au moment où Oxane va être mere & le rendre heureux, lorsque les Péligniens inveftiffent le pays des Marfes. Le village où il fe trouve eft réduit en cendres; fon habitation forcée. Oxane étoit accouchée d'un fils & d'une fille: il ne peut fauver que la derniere, & fes yeux ont vu frapper fon fils du fer homicide. Cette fille qu'il a confervée, c'eft Anaïs, & en parlant d'elle, il fe jette dans les bras.

Léo, le brave Léo, qui, à ce récit, ne ref piroit pas, lui demande le nom du village. Le vieillard nomme Avia. Et votre fils, dit Léo " ne portoit-il point au cou une emeraude gra-. vée? Oui, répond le vieillard, qui voit Léo se précipiter dans fes bras en s'écriant: Je juis ce fils, oui, j'ai ce bonheur : voilà l'émeraude gravie, & je porte dans mon fein la marque du poignard dont les Peligniens me frapperent.

Il dit, & Zoroastre ne peut répondre ; il preffe Léo fur fon cœur, & fon ame eft prête à l'abandonner.

LIVRE X, Tandis qu'à Rome tout eft dans

łe trouble & la confufion par la haine des Sa bins pour le meurtrier de leur roi & pour Herfilie, qui a immolé Tatia; tandis que Romulus, en proie à cette fureur fombre, qui dans les grands criminels tient lieu de remords, ajoute encore chaque jour à cette haine de les fujets en les accablant de nouveaux impôts, en fai- ' fant couler le fang des nobles, & en ne régnant que par la terreur, Numa, dans la demeure de Zoroaftre, où n'ont pu pénétrer les recherches d'Herfilie pour retrouver fon amant & fe venger fur quelque autre rivale, Numa partage le bonheur de fes amis, Numa s'eft fait berger pour être plus fouvent près d'Anaïs. Ils font divifés fur leurs dogmes religieux; mais ils se réuniffent fur les devoirs; leurs ames font d'accord quand leur raifon difcute, & Numa ne peut fe laffer d'admirer la profonde fagefe d'Anaïs. Il fent augmenter pour elle à chaque inftant fon refpe&t & fon amour.

Léo s'eft apperçu le premier de leur tendreffe mutuelle; il va conduire un jour fon ami à Zoroastre, & prie ce vieillard de marier Anaïs au jeune prince; mais Zoroaftre, qui aime Numa, qui lui doit la vie, répond que fa religion lui défend toute alliance avec les idolâtres. D'ailleurs, cette union pourroit devenir funefte à Numa, & il ne veut pas que fa fille apporte à fon époux la haine des Romains pour dot. Léo demeure immobile', les yeux attachés à la terre, & Numa croit détruire cet obftacle, en manifeftant les fentimens de tolérance dont fon cœur eft rempli. Il ajoute que Rome & les Ro

mains ne lui font plus rien; qu'il ne veut refpirer que dans les lieux qu'habiteront Anaïs & Zoroaftre. Il preffe, il conjure, il fupplie; Léo fe joint à fes prieres, & Zoroaftre vaincu dans cet inftant s'écrie: Qu'Anaïs foit donc fa récompenfe! Que Numa devienne mon fils! Il apperçoit fa fille Voilà ton époux lui dit-il; puiffe le grand Oromaze ne punir que moi feul, s'il n'ap. prouve pas vos nœuds!

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Anaïs rougit en baiffant les yeux, & confirme bientôt par un doux fourire le don que fon pere a fait de fa foi. L'heureux Numa, fon ami, auffi fatisfait que lui-même, & la belle Camille ne fonge plus qu'aux préparatifs de cet byménée fixé à huit jours.

Numa se bâtit une cabane près de celle du vieillard, & la pare avec ce goût & cette adreffe que fait fi bien donner l'amour. Anaïs fe joint à ce travail, & fa préfence anime le fils de Pompilius. Déja tout eft prêt, le jour heureux approche, quand, vers la nuit, lorsque tous vont s'affeoir à une table frugale, on entend frapper à la porte.

Un vieillard vénérable, accompagné de deux guerriers, demande l'hospitalité. Léo les accueille, & ils s'avancent. A peine la lumiere qui éclaire la cabane a-t-elle frappé leur visage que Numa fait un cri, fe leve & court embraffer Métius, l'ami de Tatius & celui de Pompilius. O mon maître ! lui dit le vieux Romain, je vous trouve enfin, vous que je cherche dans toute I'Italie. Volefus & Proculus, dit-il à fes deux compagnons, nes recherches font finies: tombons

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tous aux pieds du roi de Rome. Numa les releve; & leur dit qu'il n'eft point leur roi ; qu'il ne mérite ni ne défire cet honneur; mais il demande à être inftruit de ces grands événemens. Nos maux étoient à leur comble, répond Métius, un fceptre de fer s'appefantiffoit (ur nous, le fang des patriciens couloit à la volonté d'un tyran farouche........ Les dieux irrités nous affligerent par de plus grands maux; l'effrayante contagion fe répandit fur la nation: l'on ordonna des facrifices, des libations; le grand-prêtre confulta les entrailles des victimes, & la répoale fut terrible.... Peuple, dit le pontife haletant & les cheveux hériffés, un crime épou vantable eft demeuré impuni : tant que ce forfait ne fera pas expié, la pefte ravagera nos murs; les dieux demandent le fang de... Il alloir pourfuivre, Romulus lui jette un coupd'œil terrible, & la frayeur éteint la voix. A l'inftant le ciel s'obfcurcit, le tonnerre, les vents, les éclairs, menacent de voir la nature fe replonger dans le chaos; mais au bout de quelque tems, le calme diffipe les ténebres, & renaît dans les cœurs avec les rayons d'un foleil fans nuage. Tous les Romains fe regardent & le retrouvent; Romulus feul a difparu. La garde du prince menace déja les patriciens, qu'ils accufent d'avoir immolé le roi à la faveur d'une nuit momentanée... Le peuple eft prêt à défendre les nobles, le fang va couler, conti nue Mérius, lorfque Proculus que vous voyez ici, s'avance, & à l'aide d'une fiction adroite, calme tous les efprits... Romains, dit-il, ceffez

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