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donc poffible d'afïifter jusqu'à 8 mille malades pour moins de 4 millions de dépenfes nouvelles en bâtimens ; tandis que, felon le plan de M. Poyet, il faudroit avancer plus de 30 millions, pour en loger habituellement 4500 & au plus 6000.

Un autre mal inféparable des grands hôpi taux, & auquel celui de M. Poyet ne remé dieroit pas, c'eft l'impoffibilité d'adminiftrer la diftribution d'une immenfe quantité d'alimens, de fournitures, de drogues, fans abus, fans perte & fans pillage. Il révele à ce fujet des chofes qui font frémir.

En adoptant le plan de l'auteur, l'Hôtel-dieu exiftant ne feroit plus qu'une adminiftration générale de charité, en correfpondance avec tous les curés des paroiffes de Paris: fur les 1,600,000 liv. de revenu dont il jouit, il fe roit délivrer à chacune des administrations pa roiffiales, 10 fols par jour pour chaque malade domicilié, & 15 fols pour chaque malade de l'hofpice gratuit. Tous ces malades ne coûteroient à l'Hôtel-dieu que 3750 liv: par jour. Il refteroit encore 635 liv.. pour les malades de la cité, & les femmes en couches qui ne voudroient pas être connues.

» Quand on peut, dit l'auteur, en épar»gnant un capital immenfe, & avec une dé» penfe annuelle moindre des, foigner de "plus de malades indigens, leur épargner les » plus cruelles de leurs peines, & en rendre » à la vie de plus : il n'y a certainement pas » à héfiter dans le choix; & nul intérêt par

»ticulier ne fauroit parvenir à égarer, for un objet auffi important, l'opinion publique. «

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Tel eft le réfultat d'un ouvrage, qui, fous tous les rapports de juftice, d'humanité, d'économie, mérite de fixer l'attention du gouvernement.

(Journal de littérature françoise & étran= gere; Journal polytype des fciences & des arts.)

L'ANTI-LUCRECE, en vers françois; par

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M. l'abbé BÉRARDIER DE BAT AUT, licencié en théologie, & prieur de Noire-Dame de Serqueux. A Paris, chez le traducteur, rue de Condé, No. 12, & Berton, libraire, rue St. Victor, 1786, 2 vol. in-12.

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Le mérite de l'Anti-Lucrece, dit le tra

» ducteur dans fa préface, eft fi généralement reconnu, qu'il feroit inutile d'ajouter de » nouveaux éloges à ceux qui lui ont déja été • donnés. «En effet, ce poëme Latin qui rendit la difgrace du célebre cardinal de Polignac fi utile au monde chrétien & à fa propre gloi re, jouit, parmi les gens-de-lettres même, d'une confidération distinguée. Il fut reçu avec transport quand il vit le jour pour la premiere fois; mais depuis il a un peu perdu de fa ré putation; foit qu'on ne life plus des vers la tins, & fur-tout ceux faits par les modernes ;

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foit que la forme didactique jetre de la féche reffe dans ce poëme, qui d'ailleurs n'eft pas auffi tort de poefie que celui de Lucrece; foit enfia que le fyftême de Descartes, qu'on y foutient, ne trouve plus aujourd'hui de fectateurs, & qu'on n'y prenne plus d'intérêt. Nous ne voulons pas cependant dire que ce poëme ne renferme de très-grandes beautés, & qu'il ne foit très digne de fixer l'attention de tous les bons littérateurs. M. l'abbé Bérardier ne nous dit qu'un mor de fon illuftre auteur, parce qu'on a donné depuis peu fa vie au public. Il auroit pu néanmoins, fans craindre la répéti tion, nous rappeller les principaux traits de fa vie: le cardinal de Polignac eft un de ces per fonnages toujours affurés de plaire, quoique toujours revus.

La traduction en profe qu'avoit publiée, de l'Anti-Lucrece, M. de Bougainville, de l'académie des infcriptions & belles-lettres, avoit fait participer au bénéfice de ce poème tous. les lecteurs qui n'étoient point affez verfés dans la langue larine, & ne leur avoit fait perdre au plus que cette fleur délicate de la diction, que la traduction la meilleure ne peut entiérement conferver à fes contre épreuves. Il ref roit cependant à la poéfie françoise à rendre à la religion un hommage que lui avoit rendu la langue latine, & c'eft M. l'abbé Bérardier qui vient d'acquiter la mufe françoise de cette dette facrée, qui ramene la poéfie à sa premiere inftitution, anfi que l'obfervé le tra dufheur.

» Le fuperbe cantique, dit-il, que Moyfe » entonna à la tête des Hébreux, en fortant de la mer Rouge, eft le plus ancien monument » que l'hiftoire fainte nous fournifle de cet »ulage de la poésie pour célébrer la bienfailance du feigneur; mais ce cantique n'e pas probablement le premier qui ait donné » cer exemple qui ne fe démentit jamais par » la fuite chez le peuple de dicu. «

» L'antiquité payenne s'accorde fur ce point avec les annales facrées. Les oracles fe rendoient en vers à Delphes, à Dordonne, à Cumes, Dans tous les facrifices, dans toutes les fêtes folemnelles, le chant accompagnoir » la poéfe; encore aujourd'hui dans l'Inde » où les peuples paroiffent avoir confervé une » bonne partie des ufages anciens, elle fair » tous les honneurs de leurs bizarres folem»nités. Dans les panathénées, elle célébroit » les louanges de Minerve, dans les fêtes d'E » leufis celles de Cérès. Les druides & les bars "des, au milieu des forêts de la Gaule, rée » pétoient dans des vers groffiers le nom de » leur dieu Teutâtes. «

» La poéfie ne fe renferma point dans le » culte des immortels.... Elle prêta les accords » à la vertu, à l'héroïme, à l'amour de la patrie, aux grands fervices, aux talens diftingués.... Virgile ne profane point la lyre. » de fon bel lopas par le récit des fourberies de Vénus ou des jeux cruels, de fon fils; » au milieu d'une cour brillante où tout refpi a soit la joie, en présence d'une jeune reine,

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»ce' favori d'Apollon décrit la marche des » deux grands aftres qui nous éclairent. «

Combien ce tableau n'eft-il pas différent de celui qu'on pourroit faire de notre poéfie toute profane, & qu'on a même vue plus d'une fois fe livrer à de honteufes licences: tant elle s'eft éloignée de fon antique dignité, & de cette utilité publique à laquelle fes premiers effais fembloient l'avoir confacrée.

M. Bérardier après avoir juftifié le cardinal de Polignac & l'abbé de Rothelin, fon contiMuateur & fon éditeur, de quelques reproches qu'on leur fit lorfque le poëme parut, obferve par rapport à lui même, qu'il eft dans l'AntiLucrece certains morceaux abfolument incompatibles avec les ornemens poétiques: telles font les regles de Kepler, la formation du tour. billon terreftre, les progreffions, ftations & rétrogradations des planetes, &c.

» Dans ces endroits, dit-il, l'exactitude la plus fcrupuleufe eft fi néceffaire, qu'un feul » mot changé ou tranfpofé fuffit pour détruire

le fens & renverfer tout le raifonnement. "J'ai cru devoir alors ufer du privilege qu'Ho

race s'eft accordé à lui même, & m'expri» mer comme lui, fermone pedeftri, c'est à-dire, »ne diftinguer mon ftyle de la profe que par » la mesure de la rime. Par tout ailleurs, j'ai » tâché de répandre les fleurs dont le fujet » étoit susceptible. Heureux, fi je pouvois le » conder en quelque chofe les vues du grand cardinal qui me fert de guide! «

Du tems de l'illustre prélar qui voulut en

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