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» n'apporte point en naiffant l'ignorance & le » dégoût du travail; il eft parfaitement inftruit

de ce qu'il doit faire, & il l'exécute auffi» tôr. Parmi les brutes, nulle variété dans les » opérations, nulle différence de goût dans les » ouvriers. Quelque parfaits que foient leurs » ouvrages, en voir un feul, c'est voir tous » ceux qui fe font dans le monde entier. Le naturalifte le plus familiarifé avec l'efpece » des animaux pourroit-il bien diftinguer à l'inf »pection du miel & de la foie, quelle abeille » ou quel ver les a produits?... Preuve in» vincible que l'animal ne fuit dans tout ce qu'il fait qu'une impulfion aveugle. Voyez » dans nos manufactures travailler les merce» naires qu'on emploie à fabriquer ces velours » auffi précieux que les étoffes d'or, ces tapif» feries qui le difputent à la peinture: il fuf » fit qu'ils fachent remuer les bras & exécuter » de point en point certains mouvemens qu'on » leur prefcrit, pour enfanter des chefs-d'oeuvre; mais ils connoiffent fi peu ce qu'ils font, qu'ils font incapables de vous donner » le moindre éclairciffement fur ce fujet. Adres » fez-vous, difent-ils ingénument, à celui qui » fait lire. ( C'eft leur façon de parler.) Sui»vons leur confeil. Nous voulons pénétrer les " opérations des bêtes : adreffons nous à celui qui fait les conduire. Dans l'homme, que » d'études, de foins & de peines pour lui pro » curer les premieres, connoiffances ! Quelle " diverfité dans tout ce qui fort de fes mains! » Je reconnois le peintre à fa touche, l'auteur

"à fon ftyle, chaque ouvrier à fa maniere: » Voilà la marche de la raifon : elle n'eft point » uniforme, parce que notre ame eft libre, » parce qu'elle choisit elle-même fon objet, » parce qu'elle emploie les moyens qui lui plai » fent felon qu'elle les juge plus ou moins con» formes à fes vues, ou même à fes caprices. » Nos vertus, nos vices même font nos titres "de nobleffe, &c... Difons donc, en dépit de » nos philofophes, à tous les hommes, avec » un prophete couronné: Rougiffez de reffembler » à de vils animaux : ils font faits pour obtir au » frein, & vous à la raison. Ils n'ont rien qui les rapproche de vous. a

Nous pourrions multiplier les citations de ces notes bien propres à augmenter la confidé ration due au zele & aux talens de M. l'abbé Bérardier; mais il doit nous fuffire d'en avoir affez rapporté pour infpirer à nos lecteurs le défir de fe procurer l'ouvrage, afin d'y recueillir toutes les connoiffances que l'auteur y a femées. Avant de finir cet extrait, nous obferverons que le traducteur en vers, à l'exemple de l'académicien traducteur en profe, a cru devoir faire des changemens & même des omil fions relativement à quelques détails phyfiques que la langue latine avoit le privilege de fe permettre, mais qui n'auroient pu que bleffer la langue françoife plus chafte & plus circonf peЯe.

(Journal général de France; Journal encyclopédique.)

DE IGNE, &c. Thefes phyfiques fur la nature du feu, dédiées à PIE VI; par le comte CHARLES RESTA, patricien de Milan, penfionnaire du college de Nazareth, in 4to. A Rome, chez Zempel, 1786.

L'AUTEUR

'AUTEUR a choifi une épigraphe qui annonce toute l'importance de la matiere qu'il fe propose de traiter, & qui doit donner & faire concevoir les espérancès les plus flatteufes de l'ouvrage dont il ne fait ici qu'expofer le plan raifonné; elle est tirée de la feconde partie du livre de Boerhaave De artis theoriâ fi ponens ignis indolem falleris, error inde natus per omnia Se phyfica diffundet : c'eft à-dire, fi l'on fe trompe fur la nature du feu, l'erreur fe fera fentir dans toutes les parties de la phyfique. Auffi y a-t-il long-tems que les phyficiens défirent un ouvrage qui nous manque aujourd'hui for une matiere dont la vraie connoiffance eft fi effentiellement néceffaire à celle de la nature. Depuis les expériences nouvelles & fi multipliées des Priestley, des Crawford, des Black, des Bergmann, des Scheèle, des Fontana, & de plufieurs autres favans dont la lifte feroit trop longue, le beau traité du feu qui fe trouve dans la chymie du grand Boerhaave, & qui paffa long-tems pour un chef-d'oeuvre dans fon genre, eft devenu pour nous un ouvrage in C S

complet à beaucoup d'égards, & même défeetueux. On attendoit un phyficien qui, parfai tement inftruit de tout ce qui s'eft fait depuis fon époque, prit fur lui le travail de raffembler en un corps & de réduire en systême toutes les découvertes des modernes fur cette matiere, & de fubftituer un nouveau traité élémentaire fur le feu à celui du fameux chymifte Hollandois. Or c'est le plan raifonné d'un traité de cette nature, c'est-à-dire, un peu moins que fon exécution complete, qui eft contenu dans les thefes ou propofitions que nous annonçons. . On peut en faire trois claffes; la ire. concernant le fluide ignée en général; la feconde, fur les combinaisons intimes de ce Auide en qualité de principe; la troisieme enfin concernant l'union libre du feu avec d'autres corps dans l'état de fimple mixtion & aggrégation. Dans la premiere, on commence par expofer les raisonnemens & les expériences qui prouvent que le fluide ignée est une fubfiftance ifolée & fui generis, ou d'une nature propre & particuliere, & non pas une modification des autres fubftances. L'auteur parle enfuite de la double maniere dont ce fluide peut fe trouver uni avec les corps, c'eft à dire dans l'état de combinaison intime & d'aggrégation libre, & démontre que le fiege originaire de cette portion libre du fluide ignée doit fe fixer dans les entrailles du globe ter raquée. It examine fi ce fluide ignée doit être confidéré comme une fubftance fimple & élémentaire, ou comme une fubftance compofée; puis adoptant la premiere de ces opinions, it

donne les railons & les obfervations oppofées à celle des chymiftes qui prétendent que le feu n'eft qu'une modification de l'acide phosphorique combiné avec le phlogistique, & à celle de quelques favans Suédois qui considérent le feu comme un compofé de phlogistique intimement combiné avec l'air pur. L'auteur établit encore dans fes premieres propofitions que le fluide ignée eft le diffolvant univerfel de la nature, la caufe de toute fluidité, & par l'action de laquelle l'air, l'eau, & tous les autres menftrues exercent leur activité; que c'est du fluide ignée qu'il faut tirer l'origine de beaucoup de cryftallifations, quoique plufieurs phyficiens aient foutenu qu'elles doivent toujours leur for mation au principe humide; que c'est au feu encore qu'il faut attribuer l'apparence aériforme que peuvent prendre diverfes fubftances, apparence qui n'eft ni durable ni conftante, parce que l'on ne peut pas s'affurer conftamment la quantité de feu requise pour cela; enfin que c'eft de la préfence & de la quantité du fluide ignée que dérive également la confervation & la deftruction de toute vie végétative & fenfi tive, rapportant à ce fujet les expériences carieufes de M. Fordyce & de fes affociés, par lefquelles ils ont démontré, contre-l'opinion de Boerhaave, que l'homme peut vivre dans un degré de chaleur beaucoup fupérieur à celui du fang, expériences dont M. Refta indique les raifons phyfiques. Après avoir expofe la nature & les propriétés générales du fluide ignée, il paffe dans la feconde partie à l'exag

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