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Dans un fiecle où des écrivains laborieux ont répandu la lumiere dans prefque toutes les parties de l'hiftoire, M. Warrington a heureusement fait choix d'un fujet difficile à traiter, il eft vrai, mais fur lequel personne ne s'étoit en. core effayé avant lui. Le récit de ce qui s'eft paffé dans un petit pays, n'eft pas fans doute un ouvrage qui exige l'énergie des plus grands talens; mais un homme de génie le reconnoît auffi aifément fur un petit théatre que fur un grand, & nous concluons hardiment, que celui qui a traité l'hiftoire du pays de Galles avec cette dignité de ftyle & cette jufteffe d'idées, eft fait pour obtenir les plus grands fuccès dans les genres les plus importans & les plus difficiles, (Cenfeur univerfel Anglois.)

HOMELIES, difcours & lettres choifies de St. Jean Chryfoftôme, avec des extraits tirés de fes ouvrages fur divers fujets; traduits par M. l'abbé AUGER, vicaire-général du diocefe de Lefcar, 'de l'académie des infcriptions & belles-lettres de Paris, & de celle de Rouen. A Paris, chez Debure, Barrois jeune, quai des Auguftins; Jombert jeune, rue Dauphine, 1785, 4 vol. in 8vo. d'environ 600 pages chacun.

MR. l'abbé Auger eft très-avantageusement

conau par les traductions qu'il a déja publiées

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des principaux orateurs Grecs, de Démofthene, d'Ifocrate, de Lyfias, de Lycurgue, d'Andocide, d'Ifée, &c. Il s'eft propofé de nous donner de même les traductions de quelques homélies & difcours des principaux peres Grecs, de St. Jean Chryfoftôme, de St. Bafile, de St. Grégoire de Nazianze, & de St. Athanafe, perfuadé qu'ils ne le cedent pas aux premiers, & qu'ils peuvent foutenir le parallele. Il n'eft personne qui s'intéreffe à la bonne & faine littérature, qui n'applaudiffe à cette entreprise. Auffi l'utilité en a-t-elle été fentie par la derniere assemblée du clergé, qui, fur le fimple projet de cet ou vrage, a gratifié l'auteur d'une penfion à la quelle le roi a daigné en ajouter une autre. Ces graces auffi honorables que flatteuses ont été pour lui un puiffant motif d'encouragement, & lui ont fait hâter l'exécution de cette entreprife, qu'il commence par la traduction du Démofthene de l'églife, de faint Jean Chryfoftôme.

C'eft dans un difcours préliminaire de plus de cent pages, très judicieux & fagement écrit, que M. l'abbé Auger nous donne d'abord un abrégé de la vie de ce pere: il trace enfuite fon caractere. Il expofe quelques uns de fes fentimens qui, au premier coup-d'œil, ne pa roiffent pas trop orthodoxes; mais qui vus de plus près, & favorablement interprétés, ne doivent laiffer aucun doute fur la pureté de fa foi; il propofe des réflexions fur fon éloquence en particulier, & fur l'éloquence de la chaire en général; enfin, pour se conformer aux vues

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du clergé, qui s'occupe actuellement de cet objet effentiel, il donne quelques idées fur l'éducation eccléfiaftique qui lui fembleroit la meilleure.

Par la traduction même que nous donne M. Auger, on verra qu'il a raifon d'avancer que, malgré fes défauts, Chryfoftome eft un des plus grands orateurs qui aient paru, non. feulement dans l'églife, mais dans le monde, & qu'il va de pair avec Cicéron & Démof thene.

» Sans entreprendre le parallele de ces trois orateurs, dit-il dans fon difcours préliminai»re, fans effayer de leur affigner à chacun leur place, je remarque feulement, à l'avan tage de Démofthene, que fa force, fa vé hémence & fon élévation font bien plus fou » tenues; que fon abondance est toute de cho. » fes, de raisonnemens & de pensées. St. Jean » Chryfoftome, en général, a beaucoup moins nde fageffe & de fobriété que les deux au

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tres, mais fon éloquence eft plus variée, "plus riche & plus facile que celle de Cicé >> ron lui-même il femble que la parole ne » lui coûtoit pas plus qu'à un vase plein de fe » répandre. « Cette comparaifon eft la plus jufte qu'on puiffe imaginer pour donner une véritable idée de fa fécondité, de cette prodi. gieufe exubérance qui le caractérise.) » Cet hom » me fi fimple & fi auftere, dans fes vête» mens & dans fa nourriture, fi ennemi du » luxe dans fa perfonne & dans celle des autres, fe laiffe entraîner, en écrivant, dans

un luxe vraiment afiatique.... Au refte, l'auf " tere précifion de Démofthene n'auroit pas » convenu dans le fiecle & dans les circonftances où parloit notre illuftre pontife: il » devoit donc l'éviter, loin de la rechercher. Il fentoit que s'il avoit voulu donner à fes » difcours toute la précifion & la régularité » qu'il pouvoit y mettre, ce travail lui auroit » fait perdre beaucoup de tems, & auroit nui, » plutôt que fervi, à l'effer qu'il vouloit produire. Quelques uns de fes difcours, où le » raisonnement eft aufli preffé que dans Dé» mofthene " annoncent que dans l'occafion it » auroit pu parler comme lui, au lieu que " l'orateur d'Athenes n'auroit peut-être pas trou» vé dans fon génie les mêmes reffources que » l'orateur d'Antioche dans le fien. «

Ce difcours préliminaire, qui feroit feul le plus grand honneur à M. l'abbé Auger, nous offre encore, & fur cet orateur & fur fon éloquence, plufieurs autres réflexions pleines de goûr; nous én extrairions bien volontiers principalement ce que dit M. Auger en comparant la maniere de fon héros à celle de nos prédicateurs du jour. La méthode de ceux-ci eft plus logique celle des anciens étoit plus oratoire. Celui là aura atteint la perfection, qui réunira le mieux l'une à l'autre. Nous confeil. lons fur tout aux jeunes orateurs la lecture de cette partie du difcours préliminaire.

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On imagine bien que la vie de St. Chryfof tome n'eft pas omife dans ce difcours prélimi

naire ; elle eft auffi intéreffante que fes difcours font éloquens.

St. Jean Chryfoftome naquit à Antioche l'an 347, de parens catholiques & d'une race illuf tre. Il eut les meilleurs maîtres de fon tems; le rhéteur Libanius forma fon efprit à l'élequence. On lui demandoit un jour qui, d'entre fes éleves, il choifiroit pour fon fucceffeur : celui-là, dit il en montrant Chryfoftome; mais ·les chrétiens nous l'enleveront. Sa prédiction ne tarda pas à être accomplie; le jeune homme le confacra tout entier à l'étude de la religion, & par le défir de s'y, perfectionner, ce Di mofthene chrétien s'enferma long tems dans une caverne; puis élevé au diaconat, paffa plufieurs années dans le miniftere des faints autels. Il avoit près de quarante ans, lorfque Flavien, évêque d'Antioche, lui conféra la prêtrife. La fédition qui s'éleva dans cette ville, fous l'empire de Théodofe, lui fit déployer tout fon ta lent pour l'éloquence dans différentes homélies. Le fiege de Conftantinople vint à vaquer no. tre orateur fut choisi pour le remplir. Il n'étoit pas facile d'arracher à la ville d'Antioche un homme qui craignoit autant les honneurs. Il fallut employer la rufe & la force pour l'en. lever & le tranfporter à Conftantinople, où il fut ordonné évêque contre fon propre défr & malgré les oppofitions de Théophile, évêque d'Alexandrie. Ce Théophile devint fon plus mortel ennemi. Le nouvel évêque de la métropole de l'empire fe rendit bientôt célebre par l'ardeur de fon zele, fon immense charité, fa

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