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de mes mauvais déportemens, & défobéiffance en ton endroit durant que j'eftois en France, dont il lui a pleu der-. nièrement m'en rendre affez bon témoignage au contraire, en audiences que monfieur de Glascow & milord Seton, conjointement eues d'elle; & de vray, je pense qu'aulcunes de fes propres filles ne lui a jamais porté plus d'obéiffance, honneur & respect, en tout & par-tout. Faictes-moi ce plaifir de la remercyer de ma part par les premières que vous lui efcrirez, pour les affeurés advis qu'il lui a pleu dernièrement donner aufdits Ambaffadeurs de fon entière & maternelle affection vers moy & mon fils ; laquelle je m'efforceray par trois moyens de deffervir & mériter tant que je viveray, la fuppliant inftamment de prendre foing de la préfervation de mon pauvre enfant, & de mon miférable estat par deça. Ce in'a efté une très grande confolation d'entendre, tant par vous que par les lettres que vous m'avez envoyées de Thomas Leingfton, l'heureux fuccès de la pourfuite de mon fils contre les rebelles; ledit Leingfton n'aura pas failly avant fon paitement de Londres, de m'eferire plus amplement toutes les particularités de ladite pourfuite; de quoy vous le chargerez en mon nom, fi d'aventure je estois encore pardelà : outre, lui donnerez affeurance d'eftre remis à fes gages aucuns fur mon eftat, & par mes premières, recommandé à mon fils; mais je ne puis penfer, n'ayant apporté que une fimple lettre, qu'il foit pour féjourner jufques à cefte heure par delà: le bruit du pacquer que vous avez entendu avoir efté intercepté venant d'Ef offe eft faulx, & n'eft que ung artifice pour mectre de la jalousie entre le comte Daran & le colonel Stuart. Le fommaire de ce que Bruflé a jufqu'ici négatié avec moy, eft de renouveller le traicté de l'an paffé à deux conditions, la première qu'il s'intervienne à l'endroit de mon filz, pour le pardon & rappel des feigneurs par luy dernièrement pourfuivis & chaffez en Angleterre, la feconde,

:

que j'escriviffe à monfieur de Guise, & aux evefques de Glafcow & de Rolf pour faire ceffer toutes praticques, menées & entreprises, qu'ils peuvent avoir en main au préjudice de cefte Royne & de fon eftat ; j'ai le tout accepté avec cefte condition feullement, que je fuffe préalablement affurée de l'effect dudit traité pour parformer par après leur deux conditions comme acceffoires & demandantes dudit traićté, & que pour le regard de ma liberté, je la defirerois hors de ce Royaulme, ou s'y je condefcendois de demeurer en iceluy, qu'elle fuft plus ample & favorable qu'il ne fuft proposé l'an passé, attendu que lors pour délivrer mon fils hors des mains & puiffance de nos rébelles, j'avois cfté contrainte d'engager ma perfonne par deçà. Quant à voftre voyage en Escoffe, j'ay, suivant vostre confeil, démonftré pluftoft d'en doubter que non de l'affecter, afin de les y faire plus volontiers consentir mais aussy ay-je faict instance qu'il vous fuft permis de me vifiter en paffant, comme c'est une des principales charges de voftre commiffion ; & par ce moyen me pourrez vous amener Archibald Douglas pour prendre ordre avec luy, fur tout ce qu'il m'a ci-devant efcript, & vous aufsy en fa faveur ; cependant, vous & luy, donnez-vous garde de Walsingham, fpéciallement pour la defcouverte de cefte voye, car je fçay pour toutes les belles parolles qu'il vous donne, que s'il peult avoir barre fur moi, il ne m'espargnera n'y aucuns des miens. J'entens que le pauvre fieur de la Tour eftoit pour recepvoir jugement jeudy dernier, qui ne m'eft pas peu d'ennuy, & vous affeure que fi je le pouvois rachepter au prix & contrechange du pire de nos rebelles d'Escoffe, voire de tous ensemble, je le ferois de tout mon tant je resens & refentiray tant que je vivray vers la poftérité, les mérites & fignalés fervices du paffé en mon endroit ce n'eft pas s'ils font à mon occafion cruellement mourir ung gentilhomme de cefte qualité fur de fimples fub

cœur,

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fons & indices, fans aucune preuve, me donner exemple de
faire fauver, s'il eftoit en moi, lefdits rebelles d'Efcoffe,
qui ont par diverfes foys efté atteincts & convaincus de tra-
hifon, tant contre mon fils, & par publique prise des armes,
& divers autres actes de pleine & ouverte rebellion, se font
faict, comme on dict, le procez à eux-mesmes; toutefois,
je ne feray jamais de contraire advis que mon fils ne doibve
plufteft appaifer par la douleur & cruel mal des membres ulcé-
rés de fon eftat, que non pas de les irrirer davantage, par
le feu & le cautaire en quoy, je ne requiers, finon que
prudemment & mûrement il foit faict jugement de ce qui a
paffé, de peur que le chancre non gueriffable par ceux de deçà,
mis en force & entretien, ne vienne er fin à ruiner le corps
& le chef qui eft lui-même, & duquel plus que de moy-
mefine dépend tout mon foing en ceft endroict; car moyen-
nant que fa perfonne foit en feureté, je partiray très volun-
tiers par deçà: le pis qu'ils me fçauroyent faire eft en change-
ment de garde, & en retranchement de liberté ; ma réfolu-
tion donc eft de travailler
à meftre moy &
tous moyens
par
mon fils en leur liberté, amitié & bonne intelligence avec
cette Royne, par ung bon & affuré accord entre nous,
pour iceluy bien parfaict & accomply, bander toutes nos
actions & d. ffeins à fa fatisfaction & à la maintention foubs
fa faveur de noftre droict en la fucceffion de cette corone:
mais avant que je me voye feure dudit accord, je me garderay
bien foubs une vaine efpérance d'iceluy, de remettre lesdits
rebelles fur la tefte de mon fils, & luy par eux foubs les
pieds de certe Royne. En un mot, j'ay pour avoir de quoy
me tenir de la main gaulche avant que je lafche ce que j'ay
en la droicte; & pour ce, puifque le grand tréforier a de moy
la refponfe qu'il defiroit, c'est à fçavoir, réfolue, fincère &
non ambiguë, c'est aujourd'huy à luy & autres du confeil de
ladite royne d'Angleterre, me faire en effect paroître la fin-

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cérité de leur maistreffe, & la leur vers moy, qui refte entre leurs mains, pour gage & affeurance de mes offres & promeffes, & n'en puis recepvoir d'eux d'équivallent, & par tout ay befoing de plus que de belles parolles. Beale attend d'heure à autre la refponse de ces précédentes dépefches envoyées la hault, cependant je feray tenir Nau preft pour vous accompagner en Escoffe; hastez le retour de ce porteur, & je prie Dieu qu'il vous aye, monfieur de Mauviffiere, en sa faincte garde, De Shiffield ce XXIII may 1584.

(Bibl. HARL. n°. 1582. fol. 315. Papiers de M. de Brequigny.)

No. VIII, (p. 302.)

LETTRE DE MARIE STUART AU DUC DE

I

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GUISE.

S1 Dieu & vous après luy, ne trouuez moyen de secourir voftre pauvre Coufine, à ce coup c'en eft fait: cè porteur vous dira comme je fuis traitée & mes deux fecrétaires. Pour Dieu fecourez les, & les fauvez fi vous pouuez. On nous veut accufer d'auoir voulu troubler l'Estat,- & fair pratiquer contre la vie de cefte Royne, ou d'y avoir confenti; mais je leur ay dit, comme il eft vray, que je ne fçay ce que c'eft. Ils difent qu'ils ont pris certaines lettres à vn Babyngton & vn Paget fon frère, qui tefmoignent cette confpiration, & que Nau & Curl l'ont aduouée. Je dis qu'ils ne sçauroient, s'ils ne leur font dire, plus qu'ils ne fçauent, par la force des tourments, Voilà tout ce que l'on m'en a dit; mais je fçay par voye de communication qu'ils vous menaflent fort vous & voftre ligue, & fe

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font forts d'aucuns princes fouffriront leur religion. Je leur ay déclaré que pour moy, je suis réfolue de mourir pour la mienne, comme elle proteftoit de faire pour la protestante; & en cela, mon Coufin, quoy que vous oyez par leurs faux femeurs de bruits, affurez-vous que Dieu aydant, je mourrai en la foy Catholique Romaine, & pour le maintien d'icelle conftamment & fans faire déshonneur à la race de Lorraine, accouftumée de mourir pour le foustien de la foy. Faites prier Dieu pour moy, & pourchaffez de retirer mon corps, pour eftre mis en terre faincte, & ayez pitié de mes pauvres ferviteurs deftituez: car l'on m'a tout ofté icy & m'attends à quelque poifon, ou autre mort fecrette. Car bien qu'ils m'ayent rendue quafi impotente, mefme cette main droite, pour cette dernière venue m eft fi enflée & fait tant de mal, qu'à peine puis je tenir la plume n'y m'appafter; mais pour cela le cœur ne me manquera, en efpérance que celuy qui m'a fait naistre ce que je fuis, me fera la grace de mourir pour fa querelle, qui eft le feul honneur que je defire en ce monde, pour obtenir, par ce moyen, la miféricorde de Dieu en l'autre. Je defire que mon corps foit à Reims auprès de feüe ma bonne mère, & le cœur auprès du feu Roi Monfeigneur. Ce porteur vous dira plufieurs particularitez; si en ce temps on tesmoignoit auoir foing de moi, & me vouloir rauoir & vanger cefte querelle qui touche à la caufe commune, on feroit bien eftoné, car tout branle de pardeça. Adieu, mon bon Coufin, faites part de cecy à mon ambaffadeur ; & fi mon fils ne fe joint à ce coup pour vanger fa mère, je le quite, & vous prie que tous mes parens en facent autant. Je vous prie que je fois recommandée à Bernardino, & luy dites que je tiendrai ce que j'ay promis à les amis, & qu'ils ne me doivent abandondonner je vous recommande & à luy nos pauvres amis

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