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RECUEIL

DES MACHINES

APPROUVÉES

PAR L'ACADÉMIE ROYALE

DES SCIENCE S.

ANNÉE 1744

1

MOULIN

A DÉ GRAISSER

ET A FRISER LES ÉTOFFES,
PROPOSÉ

PAR LE SIEUR DURAND,
MAITRE TONDEUR A PARIS.

L

'ACADÉMIE n'a point approuvé ces fortes d'inventions comme nouvelles, puifqu'elles font en ufage dans plufieurs Manufactures du royaume. Mais comme l'on fait que les Marchands Merciers de Paris fe difpenfent d'envoyer aux moulins d'Effonne plufieurs étoffes de laine qui leur arrivent mal dégraiffées de différentes Provinces pour les faire dégorger de leur huile, ainfi que les draps qu'ils font teindre en noir à Paris, lefquels faliffent toujours le linge s'ils ne font auffi dégorgés par les piles d'un moulin à foulon, & par un courant d'eau; la Compagnie a approuvé feulement la propofition que le fieur Durand a faite de les établir dans tels endroits de la Seine que l'on voudroit lui preferire, ce qui contribueroit à rendre les teintures des étoffes plus unies, puifqu'elles pourroient être parfaitement dégraiffées & à peu de frais avant que d'être teintes, & l'on ne fe plaindroit plus des noirs, sils étoient dégorgés de même par les piles de moulins. Ce moulin propofe, qui eft fait fur le modele de ceux de Languedoc, pourra fervir, en cas de besoin, à fouler auffi bien qu'à dégorger.

1744. N. 462,

1

Ces machines font contenues dans un bateau AB 1744. (fig. 1); à la partie B font les foulons, compofés de N°. 462. quatre maillets CD, CD, (fig. 1 & 2.) fufpendus par leur manche à des traverfes telles que EF: la partie C de ce manche qui porte fur la traverse, est taillée en couteau, de maniere qu'il a fur cette tranche un mouvement de charniere, lorfque les mantonnets I, I, I, fixés à l'arbre horizontal GH, que les vannes L, K mues par le courant font tourner, attrapent l'extrémité D, par le tenon en deffous de la maffe qui bat dans le mortier M: à côté de ces mêmes mortiers, l'on place des gouttieres NO, qui fourniffent continuellement de l'eau fur l'étoffe que l'on veut dégorger. On voit par le profil de l'arbre horizontal (fig. 3.), qu'il y a quatre mantonners par chaque foulon fur la circonférence, & qui fervent à les élever fucceffivement.

La machine à frifer eft établie au milieu du même bateau : elle est enfermée dans une espece de cage, & compofée d'une feule roue à vanne P, à l'arbre de laquelle eft fixé le rouet Q qui engrene dans la lanterne R, fortement attachée au dos d'une roue de champ S, d'un diametre & d'un nombre égal à la feconde roue de champ S, d'un diametre & d'un nombre égal à la feconde roue de champ T; ces trois pieces font centrées & fixées sur le même arbre, qui porte de même à fon extrémité une feconde lanterne V d'un diametre plus pctit que la premiere lanterne R; les deux roues de champ ST menent les deux lanternes verticales X, X, dont les arbres font engagés dans une planche YY, (fig. 4.) qui frife la ratine: les extrémités fupérieures des arbres de ces lanternes font taillees en excentrique, & s'engagent dans des trous pratiqués aux deux bouts de la planche, de forte que par les révolutions des lanternes, les pivots font fonction de manivelle, & procurent un mouvement de trépidation parallele à celle même qui fait

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le frifé fur l'étoffe, la planche étant enduite d'une compofition de fable dur & grenu. L'étoffe Z, à mesure qu'elle fe frife par le frottement de la planche, eft tirée en bas fur un cylindre 7 & 8, autour duquel elle s'enveloppe : ce cylindre, que les Ouvriers appellent lenfoupe, eft mis en mouvement par la lanterne horizontale V, qui engrene dans la roue 9; elle porte une lanterne 10, qui fait mouvoir la roue de l'enffoupe 1 2: tout ce rouage eft repréfenté féparément & diftinctement par la figure 5. Il faut remarquer que l'étoffe eft tirée fur le cylindre par de vieilles cordes.

La machine à frifer étant conduite par un mouvement uniforme, tel que celui de l'eau, frifera beaucoup mieux les ratines que toutes celles qui font en ufage à Paris, parce qu'on ne les fait agir qu'à bras d'hommes, ou par des chevaux, ce qui ne leur donne qu'un mouvement inégal & de fecouffes. Ainfi ce que le fieur Durand propose ne peut être que très- utile au commerce de Paris.

Le moulin qu'il a propofé dans le Mémoire qu'il préfenta à M. le Contrôleur Général au mois de Mars 1742, n'étoit que pour dégraiffer les étoffes & non pour les fouler il devoit le conftruire de façon à ne pas : dépérir les étoffes.

faire

RAPPORT DES COMMISSAIRES.

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ous avons examiné, par ordre de l'Académie, un modele de moulin à foulon, & celui d'une machine à frifer des ratines, montés l'un & l'autre fur un bateau garni de fes vannes, pour être mus par le courant de la riviere de Seine, & préfenté par le fieur Durand, Maître Tondeur à Paris.

Ce moulin & la machine à friser font depuis long-temps en usage dans plufieurs Manufactures du royaume, & par conféquent affez connus pour que nous foyons difRec. des Machines. TOME VII. Ff

1744. No. 462.

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