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LIT MILITAIRE,

C

INVENTÉ

PAR M. FRESNEL.

E lit eft une application du hamac, fi connu fous le nom de branle, ou lit de matelot, dont la fufpenfion eft portée par deux fupports CD, EF, de deux pieds fix pouces de haut: chaque fupport eft compofé de trois morceaux, qui fe replient l'un fur l'autre en faisceaux, & qui, étant écartés, font affujettis en trépieds d'une ouverture déterminée par des lames G, H, qui doivent être ou de tôle ou d'autre fer fort mince, aflemblées de maniere qu'elles puiffent auffi fe replier & fe loger entre les pieces de bois, lorfqu'on les réunit ensemble.

Une barre de bois IKLMN, d'environ sept à huit pieds de longueur, dont les extrémités I,N font garnies de pointes de fer, fert à contenir les fupports à la distance nécessaire pour placer le branle ; cette barre eft de trois pieces qui fe brifent aux endroits K, L, & dont la partie arcquée en M, répond à la tête de celui qui y eft couché.

La tige V, placée à la brifure L, porte le pavillon TT. Le branle AB eft fait d'un coutil double bien matelaffé; fes extrémités font tenues écartées quarrément par des arcs de bois tels que SX, percé de quantité de trous dans lefquels paffent les cordes du hamac, qui fe joignent enfuite en forme de deux martinets, failis par une corde à boucle R qui s'accroche à la tête de chaque fupport, & porte fur une gorge P que l'on y a ménagée: les arcs de bois SX fervent à écarter les cordons l'un de l'autre, & à remédier par-là au peu de distance des deux fupports, Rec. des Machines. TOME VII. SI

1746. N°. 474:

1746.

en s'oppofant à la trop prompte réunion des cordons. Il fe trouve, dans cette efpece de lit, des inconvéniens N°.474. qui en font abandonner l'ufage: 1°. peu accoutumé à cette façon de fe coucher, il en coute dans les premiers jours par les coups que l'on fe donne contre la barre, la courbure qui répond au deffus de la tête, ne pouvant pas être affez exhauffée pour les éviter.

2°. Ces fortes de lit n'étant faits que pour s'en fervir en été & en campagne, on ne fauroit s'y enfermer, ni fe garantir de l'importunité des coufins & autres infectes, fans renoncer à la refpiration; moyennant quoi le pavillon devient inutile.

Toutes ces incommodités m'ont été confirmées par l'expérience même : j'ai vu dans les campagnes dernieres quel ques Officiers qui ont voulu s'en fervir après les avoir éprouvés ; ils ont tous cherché à s'en défaire, pour reprendre le lit-de-camp ordinaire.

RAPPORT DES COMMISSAIRES.

L

E Mercredi 16 Mars 1746, MM. de la Condamine & Duhamel du Monceau lifent le rapport fuivant, fur un Lit militaire du lieur Frefnel.

Nous avons examiné , par ordre de l'Académie, le lit militaire présenté par le fieur Frefnel. Les lits, connus fous le nom de Hamacs, que les Sauvages d'Amérique font d'un réseau d'écorce d'arbre ou d'un tiffù de coton, & fufpendent, par les deux extrémités, à deux branches d'arbre, ou à deux pieux enfoncés en terre, & qu'on peut également fufpendre à deux murailles, ont paru d'un ufage fi commode dans les pays chauds, chauds, que toutes les Nations de l'Europe les ont adoptés dans leurs colonies,où plufieurs en font leurs délices, particuliérement les Portugais, qui en ont porté la mode à Goa, dans les Indes Orientales. Cette espece de lit de Matelot, qu'on appelle branle fur

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nos vaisseaux, n'eft autre chose qu'un hamac raccourci, Depuis qu'on connoît les hamacs en Europe, il eft comme impoffible que quelqu'un n'ait pas effayé de s'en fervir à l'armée. Deux difficultés ont vraisemblablement empêché que l'usage n'en devînt commun & familier : l'une, le dé. faut de deux points d'appui portatif pour tendre lo hamac promptement & fûrement, en quelque lieu. que ce foit l'autre, l'incommodité du froid, auquel l'expérience a dû faire connoître qu'on étoit expofé dans nos climats, même les nuits d'été, dans un lit fufpendu où l'air a de toutes parts un libre accès,

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N°.474.

Le fieur Frefnel a remédié à ces deux inconvéniens, dans le lit militaire qu'il propofe: il a matelaffé le fond du hamac, ce qui met à l'abri du froid sa partie inférieure, qui ne pouvoit en être garantie commodément comme la fupérieure, par le moyen d'une couverture. Il le fufpend à deux fupports en trépied, de deux pieds & demi de haut, lefquels arcboutent l'un contre l'autre au moyen d'une barre de bois longue de fept pieds, qui communique d'un fupport à l'autre, & fur laquelle on peut commodément tens dre un pavillon. Cette barre eft brisée & de trois pieces; elle eft de plus courbée & garnie à l'endroit où répond la tête de celui qui y eft couché, afin qu'il puiffe fe lever fur fon féant fans fe heurter. L'Auteur a transporté à sa machine l'usage des deux arcs, ou courbes de bois qu'on a coutume d'appliquer aux branles des matelots dans les vaiffeaux. Ces deux arcs ajustés aux deux bouts du hamac, font percés d'autant de trous que le hamac a de cordons de fufpenfion, & fervent à écarter ces cordons l'un de l'autre, & à remédier par-là au peu de distance des deux fupports, en s'oppofant à la trop prompte réunion des cordons, & empêchant par-là que le poids du corps ne faffe faire au hamac des plis trop incommodes. Tout le lit ainfi conftruit, confiftant dans le hamac matelaffé, fes arcs, fes cordons, un petit oreiller,

deux fupports à trois pieds, une barre de bois de trois 1746. pieces, avec fa ferrure & fes couplets, le pavillon & le N°.474. fac où le tout eft contenu, ne pefe que vingt-deux livres;

ce qui n'eft pas le tiers du poids d'un lit-de-camp ordinaire. Deux de ces nouveaux lits au moins peuvent tenir, tout montés, fous une canoniere ordinaire, & le jour étant pliés, ils n'occuperont que la place d'un fiége. L'ufage & la pratique pourront indiquer divers changemens, additions ou retranchemens propres à perfectionner ou à fimplifier cette machine, fuivant les temps & lieux où on s'en fervira; par exemple, fi on n'avoit qu'un lit à placer, &. qu'on eut déjà une tente ou une canoniere tendue, il ne faudroit alors ni fupports ni barre : les deux mâts de la tente y fuppléeroient avantageufement, & tendant de l'un à l'autre une corde, elle ferviroit à foutenir le pavillon. Dans l'état actuel, le lit du fieur Frefnel peut être tendu en un instant en quelque lieu que ce foit, même en pleine campagne.

par

Il nous a paru qu'il devoit être d'un ufage commode dans les camps, fur-tout dans les marches & détachemens, fon peu de poids & fon petit volume qui le rendent facile à transporter & à peu de frais, ce qui peut contribuer à diminuer le nombre des chevaux de bât, & l'embarras des gros équipages dans les armées.

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