RAPE A TABAC, L INVENTÉE PAR M. L'ABBÉ SOUMILLE. A principale piece de cette machine eft la roue A, représentée hors la boîte; elle a fix pouces de diametre, & cinq pouces d'épaiffeur; elle eft percée d'un trou quarré au milieu; fur la surface de cette roue, on creufe un trou rond d'environ trois pouces de diametre, & cinq lignes de profondeur, après quoi on divife la circonférence A en quarante-huit parties égales & par les divifions oppofées, on trace des lignes que l'on enfonce avec une fcie pour faire autant d'entailles de cinq lignes de profondeur, lefquelles doivent recevoir les lames de la Rape. Cette roue étant fciée, on attache au milieu du creux, par le moyen de trois vis, une petite roue de bois dur; de deux pouces de diametre & de cinq lignes d'épaiffeur; on fait une petite entaille tout autour qui fert à placer un fil d'archal, pour empêcher les lames de reculer, ou de s'élever; ces lames ont auffi, en une de leur extrémité, une entaille pareille à celle de la roue, & par l'autre, une pointe qui s'enfonce dans la petite roue de bois dur; c'eft de cette façon qu'on les rend inébranlables en tous fens. Parmi les quarante-huit lames qui font auffi plantées fur la roue, il y en a vingt-quatre grandes & vingt-quatro petites alternativement, c'eft-à-dire, vingt-quatre qui font dentées de la longueur de deux pouces, & vingt-qua tre qui font feulement dentées de la longueur de dix 1735. No. 432. fept lignes, à caufe qu'on éleve une partie de leur 1735. largeur fupérieure du côté du centre de la roue, cette N°. 432, précaution étant néceffaire pour que le tabac s'engorge moins dans l'entre-deux des lames, ainfi qu'elles font représentées par les figures W, W; elles ont toutes environ l'épaiffeur d'un écu de fix livres, deux pouces précisément de longueur, fans compter la pointe, qui eft de deux lignes, & huit lignes de largeur; les grandes ont ordinairement trente dents, & les petites vingtquatre. Si l'on y en met davantage, une telle roue fera par elle-même le tabac plus fin, & fi on en met moins, elle le fera plus gros: fi ces dents font bien enfoncées une telle roue rapera beaucoup en peu de temps, & fi elles le font moins, elle agira plus lentement; de forte que toutes les expériences qu'on a faites pendant un an, fe réduisent à conclure que la fineffe du tabac dépend du nombre des dents, & la quantité dépend de leur profondeur. On doit les tremper à paquet, pour les rendre dura bles; on pourra dans la fuite des temps les retailler pluficurs fois, puifqu'elles fortent du plan de la roue d'environ trois lignes, B eft une portion d'une grande poulie d'environ fix pouces & demi de diametre, & de deux pouces d'épaiffeur, ayant deux rainures jumelles pour recevoir les deux cordes de l'archet, lefquelles font attachées à deux trous qu'on y fait à côté l'un de l'autre, chacun dans chaque rainure. Au milieu de cette poulie eft un trou quarré garni d'une virole de fer auffi quarrée, qui reçoit l'arbre de la roue dans l'endroit que nous avons dit être quarré ; cette poulie eft entre la boîte & une planche d'appui S, d'environ dix pouces de hauteur & de la même Jargeur que la boîte; elle en eft diftante d'environ deux pouces & demi, les deux trous dans lesquels tourne l'arbre, font garnis chacun d'une virole de fer ou de léton, de huit lignes de longueur, pour empê. 1735. cher qu'il ne s'ufe trop vîte. DE eft l'archet qui eft d'un morceau de bois tout doit & folide, de la groffeur d'un gros jonc, ou canne ordinaire, & de trois pieds de longueur. Il n'eft pas néceffaire qu'il plie comme les archets dont on fe fertcommunément, au contraire il doit être folide, & toute forte de bois cft propre à cela; on perce un trou au point E, & deux vers le point D, pour attacher les deux cordes qui font fur la poulie; elles font difpofées à contre-fens l'une de l'autre, enforte que quand une fe met autour de la poulie, l'autre s'en ôte; & quand celle-ci revient, l'autre s'en va. On fait deux trous au point D, pour entrelacer la corde & la rendre par là plus facile à régir & arrêter quand elle eft tendue; cette façon d'archet rend l'opération plus fûre & plus commode que ne feroit un archet ordinaire, dont la corde pourroit gliffer, au lieu que dans celle-ci elles font fixes & durent même long temps, parce qu'elles ne frottent point l'une contre l'autre cet archet fe met au deffous de la grande poulie, comme on peut le voir par la figure. Sur le devant eft une piece quarrée, longue, garnic de deux charnieres & de deux crochets avec le trou au point C, qui fert à recevoir la carotte de tabac GC; on les appelle des lunettes, & les différentes pieces de bois dont on le garnit, on les nomme lunettes poftiches : les trous de ces pieces font de différente grandeur pour toutes les groffeurs de tabac, elles fe placent à couliffe; on donne pour chaque rape fix de ces lunettes poftiches représentées en TT. Cette piece quarrée longue qui paroît sur le devant doit avoir fept pouces de hauteur, fix pouces neuf lignes de largeur, & quatorze lignes d'épaiffeur, à N°. 432. |