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1753• No. 49°.

VOITURE

A QUATRE ROUES,

PERFECTIONNÉE

PAR M. DUPIN DE CHENONCEAUX,
FERMIER GÉNÉRAL.

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E ne donne ici qu'un extrait du Mémoire que M. de Chenonceaux a lu à l'Académie ; il l'a fait imprimer, & m'en a donné un exemplaire.

On fait que pour profi.er de toute la force des chevaux atrelés aux voitures, il faut,

1°. Que les roues foient rondes, & que pour éviter des cahots & des frottemens, il faut que l'axe foit un cylindre horizontal droit.

2. Les effieux doivent être de même longueur, afin que les voies fe fuivent; car il cft prouvé que fur la terre il y a bien moins de difficultés, à poids égal, à faire paffer une voiture fur une voie deja applanie, que fur celle qui ne l'a pas été.

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3o. Les cahots détruifent le train d'une voiture en raffon de leur violence. L'avant-train & tout ce qui y eft porté, de même que partie des brancards, & généralement tout ce qui y appuie, eft plutôt ufé que Pautre partic, fourente fur les quatre roues, dont les cahots font moins violents que · ceux des petites.

4. On fait que fur un terrein uni, une roue d'un diametre double d'une autre, à un grand avantage fur celle qui n'auroit pour diametre que la longueur d'un

a

de fes rayons: mais dans les terres molles, les petites roues 1753. ont un défavantage plus grand; d'abord l'effieu & les N°. 490. moyeux portent contre terre ; en fecond lieu, la direction des traits, qui eft beaucoup trop baffe, même fur le pavé, fe trouve, par l'enfoncement des roues, prefque comme

celle des chevaux attelés à un traîneau.

5°. Lorsque les traits ne font pas dans la direction horizontale du poitrail des chevaux, ils ont à porter la perpendiculaire, qui part depuis le point où le trait eft attaché, jufqu'à celui de la parallele de leur poitrail. Si l'on veut aller à quatre chevaux, & qu'on attele ceux de devant avec de faux traits, placés à la hauteur du poitrail des chevaux de timon, comme c'est l'ufage, parce que l'on ne fe fert ordinairement de la volée que pour aller à fix chevaux, ceux du timon fe trouvent appefantis du jarret, par la direction baffe des traits qui leur fait porter une partie de la voiture, même fur un terrein uni.

De plus, les chevaux de devant étant attelés à la hauteur de leur poitrail,appuient en tirant fur les jambes de devant des chevaux de timon, qui font chargés en raison de la direction des traits, eu égard à la hauteur des chevaux de devant, & à la force dont ils tirent; de force que plus ils font bas & ceux de derriere haut, plus ces derniers font fatigués.

C'est d'après toutes ces réflexions que M. de Chenonceaux a imaginé de mettre les roues de devant, telle que A, à quatre pieds de hauteur, & il a réuffi à les faire paffer fous les brancards avec des changemens qui paroiflent peu. Il a fait relever l'encaftrure de l'effieu, & ceintrer le brancard un peu plus qu'aux bèrlines allemandes. Quant. aux foupentes fous lefquelles les roues doivent paffer, qui eft le point de difficulté, il ne veut point y mettre d'arc de fer, comme en Angleterre & en Allemagne, ce qui ôte toute la douceur de la voiture, par l'interruption du jeu des foupentes, & les coupe même dans peu de temps.

M. de

M. de Chenonceaux a fait prendre la fufpenfion de la caiffe, de dessous le fiége du cocher, ce qui dégage le pasfage de la roue, & reflemble aux refforts à la Dalefme, au moyen de ce que les pieds cormiers du devant de la caille font un peu moins longs que ceux du derriere. La voiture, fe trouve droite, quoiqu'il femble qu'elle dût être jettée en arriere par la hauteur de la fufpenfion du devant. Les crics font à peu près comme ceux des voitures ordinaires ; & malgré la hauteur des roues, la caiffe, le fiége du cocher les brancards, & généralement toutes les parties de la voiture, font dans les hauteurs ordinaires : l'avant-train est aussi fait de même.

Les Charrons doivent particuliérement obferver de percer le lifoir, pour la cheville-ouvriere, bien exactement au milieu. Le lifoir eft au carroffe, comme les deux bras d'une balance, dont le milieu auroit pour point d'appui la cheville-ouvriere. Si le point d'appui n'eft pas au milieu, les bras du levier font inégaux, & l'équilibre n'eft plus jufte. M. le Camus a remarqué que ce trou n'étant pas jufte dans le milieu, les cochers fouvent ne pouvoient deviner ce qui fatiguoit un cheval plus d'un côté du timon que de l'autre. C'est pour éviter cet inconvénient que M. de Chenonceaux fait donner au lifoir une plus grande épaifleur dans l'endroit destiné à forcer le trou de la cheville-ouvriere, afin que le bois ne s'y trouve point affamé, & que lorfqu'il a fléchi par le travail, on puiffe y encastrer dans l'épaiffeur un morceau de bois & y reforer le trou à neuf.

Il recourbe fon timon en B, comme ceux des voitures publiques, ce qui empêche les chevaux de s'y bleffer, parce qu'ils ne peuvent, comme avec les timons droits, s'y attraper les jambes à caufe de la hauteur du coude.

Quant à la caiffe, comme les roues de devant font plus grandes qu'à l'ordinaire, & qu'on eft obligé d'attacher les foupentes au haut du mouton du fiége du cocher, on a raccourci les pieds cormiers du devant de la voiture, ce Rec. des Machines, TOME VII. KER

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qui fuffit pour donner de la facilité d'attacher haut les 1753. foupentes, & procurer par ce moyen le paffage aux roues No. 490. de devant; il fait pencher la voiture un peu plus en arriere qu'en avant, ce qui eft plus commode pour ceux qui font dedans, & plus avantageux pour les chevaux ; car il eft reconnu qu'un poids placé fur des roues de devant, moitié des grandes, fait qu'on fatigue beaucoup plus les chevaux que le même poids placé fur les roues de derriere.

On pourroit fufpendre la voiture avec des refforts, & donner aux roues de devant prefque la même hauteur qu'à celles de derriere: on auroit à la vérité le poids des refforts de plus, ce qui, joint aux autres inconvéniens, doit faire abandonner le parti.

M. de Chenonceaux a vu une voiture fort rude qu'on vouloit rendre douce, en faisant fufpendre les fiéges avec des cordons attachés à l'impériale; mais cette voiture n'en étoit pas moins rude: on auroit pu y ajouter de petits refforts, à l'extrémité defquels les cordes auroient été attachées: on y eût fenti moins de cahots que dans toutes celles qu'on a vu jusqu'à présent, fans appefantir les équipages, ni apporter d'obstacles aux mouvemens des chevaux; mais on perdroit la place des coffres, & l'on auroit un mouvement doux comme celui d'une balançoire, qur pourroit incommoder ceux qui n'y feroient point accou

tumés.

M. de Chenonceaux fait encore obferver qu'il feroit néceffaire pour les voitures où l'on veut placer des lanternes, de faire des calibres juftes, fuivant le foyer de la parabole. Les ouvriers tracent cette courbe fans regle & fans exactitude, ce qui fait que les rayons de lumiere ne pouvant pas fe réunir à un foyer commun, fe réfléchiffent différemment, & cette aberration du foyer commun diminue confidérablement la lumiere.

Voici les avantages qui réfultent de cette correction, aux voitures à quatre roues.

1753.

490,

1o. La forme a beaucoup de grace; & pour ceux qui ne l'examineront pas en détail, elle paroîtra la même que celles des voitures ordinaires,

2o. Les changemens propofés font fi faciles, que fans faire, pour ainfi dire, d'autre dépense que celles des roues à toutes les voitures déjà faites, on pourra diminuer le frottement des roues fur leurs axes, faire tirer les chevaux à la hauteur de leur poitrail, & faire paffer les roues de trois pieds deux pouces fans rien changer au brancard.

3°. Les effieux étant droits fans plians en avant ni en des fous, la voiture fera moins fujette à verser : la voie n'étant point rétrécie du bas, les roues dureront plus long-temps en s'usant également, & feront moins dans le cas de fe rompre & de fe déranger.

Les Maîtres & les Domestiques feront plus douce ment; les chevaux en état de faire beaucoup plus de travail, même en reculante ils pourront aller plus vite, & feront moins sujets à fe bleffer au poitrail, & à s'écorcher la cuifle. Les chevaux attelés, comme on le propofe, dans un tournant, ou même en paffant d'un côté de rue à l'autre, ne feront pas fujets à être ferrés & gênés du bas par les traits, & par conféquent moins expofés à tomber lorfque le pavé cft mauvais.

5°. La voiture ne fe trouvera pas plus élevée dans aucune de fes parties, que les voitures ordinaires: les Maîtres & les Domeftiques n'auront pas plus haut à monter.

Tous ces avantages paroiffent confirmés par l'application que M. de Chenonceaux a faite à une voiture à qua tre places, fort rude & trop lourde pour aller loin à deux chevaux, qui, fans avoir été allégée, est devenue fi rou lante, que fon cocher y attele fes chevaux par préférence à une voiture à deux places, qui, quoique beaucoup plus légere, eft moins roulante, parce qu'elle eft restée avec les défauts communs à toutes les voitures de cette efpece, Cette voiture feroit encore plus parfaite, fi on avoit py

No.

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