M. SUBTIL. Elle dit oui, ma commère; que je suis content? AIR: Ce qui n'est qu'enflure. Sur cet aveu plein d'appas, Ne la chagrinez pas : elle est telle que je désire. Mad. MADRÉ. Laissez-la donc, pour songer au reste. (à Nicette.) AIR: Pourquoi vous en prendre à moi ? Allez chercher de l'esprit, Nigaude, pécore, Allez chercher de l'esprit. NICETTE. Pourquoi me gronder encore? M. SUBTIL. Contr'elle qui vous aigrit? Mad. MADRÉ. Allez chercher de l'esprit, Nigaude, pécore, Allez chercher de l'esprit. Mais je ne sais NICETTE. pas où l'on en trouve. Mad. MADRÉ s'en va en haussant les épaules. Hom!...... M. SUBTIL rit. Ah! ah! ah! Sans adieu, belle Nicette. SCÈNE I I I. NICETTE seule. Que je suis malheureuse! Ma mère me dit tous les jours: Allez chercher de l'esprit; et quand je demande où il y en a, elle hausse les épaules, et se moque de moi, AIR: Quel désespoir. Quel désespoir D'être sans esprit à mon âge! Je pleure du matin au soir. Il faudra voir Si l'on en vend dans le village. Je pleure du matin au soir. (Apercevant M. Narquois, qui se promène en lisant. Je vois un habile homme, Que pour l'esprit on renomme. SCÈNE IV. M. NARQUOIS, NICETTE. NICETTE continue, en abordant M. Narquois. MONSIEUR, ONSIEUR, dites-moi comme Je dois faire pour m'en pourvoir. M. NARQUOIS. Il faut savoir............. NICETTE. Daignez, non pas pour grosse somme, Si vous en avez le pouvoir. M. NARQUOIS Expliquez donc la chose. NICETTE. On dit com❜ça, monsieur Narquois, que vous êtes bien savant; et que vous avez été obligé de quitter Paris, parce que vous aviez trop d'esprit. M. NARQUOIS.. C'est la vérité, ma fille. NICETTE. Je ne puis donc mieux m'adresser pour en avoir. M. NARQUOIS AIR: Je veux garder ma liberté. Cela ne s'acquiert qu'à grands frais. NICETTE. Ah! Monsieur, quel dommage! Je n'ai pas de grands moyens; mais, Prenez mon anneau. M. NARQUOIS Gardez ce joyau, Je n'en puis faire usage. J'agis sans intérêt, mon enfant; mais de quel es-pèce d'esprit voulez-vous, car il y en a de plusieurs sortes? NICETTE. Dame, je veux du meilleur. M. NARQUOIS. De cet esprit, chef-d'œuvre de l'art, brillanté par l'imagination, et rectifié par le bon sens ? NICETTE. Je ne connais pas ces gens-là. M. NARQUOIS AIR: Confiteor. On peut définir cet esprit, Ou, comme un de nos auteurs dit, NICETTE. Comme si vous ne disiez rien. M. NARQUOIS L'esprit que vous me demandez est une chose bien rare! NICETTE. Comment avez-vous trouvé le vôtre? M. NARQUOIS En feuilletant de bons livres. NICETTE. C'est donc pour feuilleter des livres que ma mère s'enferme dans le cabinet de monsieur le Bailli? Cela peut être. M. NARQUOIS. Prêtez-moi celui Pourquoi faire? NICETTE. que vous tenez. M. NARQUOIS |