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CCXIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Duc de Saint-Agnan.

M

A Chafeu, ce 14.May 1677.

E revoici dans ma folitude, Monfieur, où je vais commencer à faire les réflexions chrétiennes que vous m'a-vez infpirées, & continuer les morales que je fais par tout. Comme je fçai qu'il faut aller à la mort de quelque lieu où l'on foit, j'aime autant partir de Bourgogne pour ce voiage, que de Paris ou de SaintGermain. Cependant je prens mes maux en patience; je ne me plaindrai jamais du Roi parce qu'outre le refpect que j'ai pour S. M. l'amitié que'j'ai encore pour elle,me lui fait chercher des raifons de ma longue difgrace. Enfin je fuis connu pour un homme de qualité:je paffe pour avoir de l'efprit & du courage:j'ai fervi long tems dans de grands emplois, & l'on croit ma faute une pure bagatelle. Perfonne ne lui dit cela,& Dieu ne veut pas qu'il y fonge de lui-même. Pour moi je veux tout ce qu'il plain a à Dieu, & je ne demanderai plus rien au Roi que du bien pour mes enfans: peut

être ferai-je plus heureux en leurs perfonnes qu'en la mienne. Quoi qu'il en foit,je l'aimerai toûjours, & vous, Monfieur, par reconnoiffance & par inclination plus que je ne fçaurois jamais dire.

CCXV. LETTRE

Du Comte de Buffy à Mademoifelle de la B***

J

A Chafeu, ce 6. Juin 1677.

E n'ai point défaprouvé la pensée que vous avez euë de ne pas commencer à m'écrire, Mademoiselle. J'aime affez les Demoiselles qui ne fe mettent pas à tous les jours, & cela même a un air de me trouver trop dangereux, qui me fait croi re qu'on ne me paffe pas encore pour un homme fans confequence. Demandez à Monfieur votre Pere, fi je n'ai pas raison, Mademoiselle. Il y a quinze ans que nous n'euffions rien tant apprehendé que d'être craints; aujourd'hui que nous fommes grands-peres,nous voulons qu'on nous apprehende, & nous nous retranchons au moins fur la réputation. Vous avez donc bien fait, Mademoiselle, de ne m'avoir pas écrit la premiere; mais vous feriez auffi

fort

fort mal de ne me pas répondre, & je ne penfe pas que Madame votre mere avec toute la vertu, vous le voulût confeiller. J'efpere que ce commerce ne finira pas fitôt, & qu'il durera au moins jufqu'à ce que nous paffions notre vie en même pays; car je ne me fçaurois ôter de la tête que cela arrivera. Je le croi, parce que je le fouhaite, & je le fouhaite, parce que je ne pense pas que la chofe vous fût défavantageule.

CCXVI. LETTRE.

Réponse de Mademoiselle de la B.. au Comte de Buffy.

P

A Paris, ce 8. Juin 1677.

UISQU'ON ne peut vous plaire davantage qu'en vous trouvant dangereux, j'ai été fur le point de vous faire le plaifir tout entier,en ne vous faifant point de réponfe. Ma pareffe y auroit trouvé fon compte, & je me ferois épargné la jufte crainte que me doit donner un commerce de lettres avec une perfonne comme vous. A vous parler de bonne foi, c'eft-là le veritable endroit par où je vous apprehende; & c'eft ce qui fait que je n'accepte pas le Tome IV. D d

parti que vous me propofez de la durée de notre commerce jufqu'à ce que nous paffions notre vie dans le même pays. Ce terme-là eft trop éloigné. Je me fens incapable d'y fournir fi longtems, & je crains fur toutes chofes les embarquemens dont je ne voi point le bout.

CCXVII. LETTRE.

Du Pere R.. au Comte de Buffy. A Paris, ce 3. Juin 1677.

Q

UAND je differe à me donner l'honneur de vous écrire, Monfieur, vous avez trop bonne opinion de vous & de moi, pour croire que je fois capable de vous oublier; ainfi je n'ai pas befoin d'autre apologie que d'avouer que j'ai été un peu pareffeux, d'avoit été fi peu foigneux à vous demander de vos nouvelles. On fe porte bien quand on eft auffi Philofophe que vous, & qu'on n'a point de chagrin qu'on ne dompte par fa Philofophie,comme vous faites fibien. Mais comme la Philofophie toute pure ne mene point au vrai Chriftianifme, il eft bon de vous avertir, vous qui voulez être encore plus Chrêtien que Philofophe,d'y penfer un peu

& de mêler dans les actions d'équité & de raifon que vous aimez à faire, un motif de Religion. On vous aura mandé que le Roi eft retourné à Verfailles, & que tout y eft comme il étoit avant ce grand poids de gloire qu'il vient d'ajoûter à fes autres conquêtes. Les harangues des Cours Souveraines fe firent hier. Je n'en fçai point encore d'autres nouvelles, finon que celle de Monfieur le Premier Préfident notre bon ami étoit fort belle ; & je le fçai parce qu'il m'avoit fait la grace de me la montrer. Nous partons ce matin pour aller paffer les Fêtes à Bafville. Je n'ai pas voulu partir fans me donner l'honneur de vous écrire & de vous demander de vos nouvelles.

CCXVIII. LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy au

J'A

Pere R..

A Buffy, ce 5. Juin 1677.

'Ar reçu votre petit Sermon comme toutes les chofes qui me viennent de vous,mon R. Pere, & je vous dirai que je reconnois que cette Philofophie qui me fait tant d'honneur & qui me donne tant

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