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des. Les perles se vendent à raifon de leur forme & de leur beauté. Elles fuivent le tarif des pierreries; & leur prix varie avec la mode. Les Joailliers appellent loupe de perles, ce fuc nacré qui s'eft extravafé en nœud. Lorsqu'ils en trouvent qui approche de la rondeur dans un de leurs côtés, ils le font scier, & de deux de même groffeur ils compofent une perle, en les collant l'une contre l'autre. On fait deffécher la charniere des huîtres nacrées, on la taille on la polit, & on lui donne la forme d'une plume, qui fe vend fous le nom de plume de paon. Elle eft d'un beau bleu verdâtre chatoyant. On emploie auffi une autre efpece de coquille, que l'on nomme Burgau, d'où l'on tire cette belle nacre que les ouvriers appellent Burgaudine, & qui eft plus eftimée que celle des perles. On en fait de très-jolis ouvrages de bijou

terie.

Les plus belles perles deviennent quelquefois jaunâtres, après avoir été longtemps portées. Toutes ces fubftances, ainfi que la coquille, s'amolliffent fi on les laiffe long-temps dans un endroit

fort

fort humide elles fe calcinent au feu, & font diffolubles aux acides.

Ces huîtres fe trouvent ordinairement dans le fond de la mer, attachées aux rochers. La pêche en eft difficile & trèspérilleufe, les pêcheurs rifquant d'être étouffés par le défaut d'air, d'être écrafés ou accrochés par les rochers, & dévorés par les requins, dont ces mers font remplies. Les habitans de ces côtes, accoutumés dès l'enfance à plonger & à retenir leur haleine, fe rendent habiles dans ce métier; & dans l'efpérance d'un grand profit, ils bravent tous les dangers.

Une chaloupe a plufieurs plongeurs, qui vont à l'eau tour à tour. Auffi-tôt que l'un revient, l'autre s'enfonce. Ils font attachés à une corde, dont le bout tient à la vergue du petit bâtiment, & qui eft tellement difpofée, que les matelots de la chaloupe, par le moyen d'une poulie, la peuvent aifément lâcher ou retirer, fuivant le befoin. Celui qui plonge a une groffe pierre attachée au pied, afin d'enfoncer plus vîte, un panier ou un fac à fa ceinture, pour mettre les huîtres qu'il pêche, & un inftrument de fer pour les détacher des rochers, Tome II.

F

Dès qu'il eft au fond de l'eau, il ramaffe promptement ce qu'il trouve fous fa main, & le met dans fon fac. Quand il trouve plus d'huîtres qu'il n'en peut emporter, il en fait un monceau; & revenant fur l'eau pour prendre haleine, il retourne enfuite ou envoie un de fes compagnons le ramaffer. Pour revenir à l'air, il tire une petite corde, différente de celle qui lui tient le corps. Un matelot qui eft dans la chaloupe, & qui tient l'autre bout de la même corde pour en obferver le mouvement, donne auffi-tôt le fignal aux autres; & dans ce moment on tire le plongeur, qui, pour revenir plus promptement, détache, s'il peut, la pierre qu'il a au pied. Les plongeurs font payés fuivant leur habileté : mais le métier eft fi fatigant, qu'ils ne peuvent plonger que fept à huit fois par jour. Il s'en trouve qui fe laiffent tellement tranfporter par l'ardeur de ramaffer un plus grand nombre d'huîtres, qu'ils en perdent la refpiration & la préfence d'efprit; de forte que, ne pensant pas à faire le fignal, ils feroient bientôt étouffés, fi ceux qui font dans la chaloupe n'avoient foin de les retirer lorfqu'ils reftent trop long-temps fous l'eau,

Lorfque la chaloupe eft revenue au rivage, on tranfporte les huîtres dans une efpece de parc; & on les y laiffe. deux ou trois jours, afin qu'elles s'ouvrent & qu'on en puiffe tirer les perles. Ces perles étant tirées & bien lavées, on a cinq ou fix petits baffins de cuivre, percés comme des cribles, qui s'enchâffent les uns dans les autres; en forte qu'il refte quelque efpace entre ceux de deffus & ceux de deffous. Les trous de chaque baffin font différens pour la grandeur. Le fecond baffin les a plus petits que le premier, le troifieme plus que le fecond, & ainfi des autres. On jette dans le premier les perles groffes & menues, après qu'on les a bien efluyées & bien féchées. S'il y en a quelqu'une qui ne paffe point, elle eft cenfée du premier ordre. Celles qui reftent dans le fecond baffin font du fecond ordre, & ainfi jufqu'au dernier baffin, lequel, n'étant point percé, reçoit les femences de perles. Ces différens ordres font la différence des perles, & leur donnent le prix; à moins que la rondeur, plus ou moins parfaite, ou l'eau, plus ou moins belle, n'en augmente ou n'en diminue la valeur,

On a imaginé, vers la fin du fiecle dernier, un moyen fort fimple de faire des perles fauffes; & cette petite invention eft due aux François. Ils font parvenus à imiter la nature fi parfaitement, qu'il eft très-difficile de diftinguer à la vue les perles fauffes, lorfqu'elles font bien faites, & que fouvent on ne peut les reconnoître que parce qu'elles n'ont pas affez de défauts. Auffi les vraies perles ont-elles perdu beaucoup de leur prix.

Les Ouvriers appellent effence d'Orient, la matiere propre à colorer les perles : ils emploient ce terme d'orient, pour exprimer les joyaux les plus parfaits & les plus eftimés; & ils fe fervent du mot d'occident pour tous les autres, fans égard aux pays d'où ils viennent. Ce font des expreffions convenues. Cette matiere fe trouve dans un petit poiffon, long d'environ quatre pouces, qu'on nomme ablette, qui reffemble affez à l'éperlan, & qui fe trouve communément dans la Seine & dans plufieurs autres rivieres. Sous les écailles de ce poiffon eft une membrane très-fine, qui renferme une infinité de petites lames de couleur d'argent, très-brillantes & très-minces.

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