terre, il agite & dreffe fa criniere, & fait mouvoir la peau de fa face; il montre des dents menaçantes, & tire fa langue armée de pointes. Perfonne n'ignore quelle eft la fierté & la hardieffe de ce terrible animal. Il n'eft jamais effrayé du nombre de ses ennemis. S'il ne penfe point à l'attaque, il paffe dédaigneufement, & continue fa marche avec lenteur. Si la faim le preffe, il tombe indifféremment fur toutce qui fe préfente, & la réfiftance ne fait qu'augmenter fa rage: auffi eft-il fort dangereux de le bleffer fans l'abattre. Quelque inégal que puiffe être le combat, il ne tourne jamais le dos. S'il eft forcé de fe retirer, il le fait en arriere & fort lentement, jufqu'à ce qu'il air gagné une retraite assurée. Le lion a conftamment une violente inflammation dans la maffe du fang. La véficule de fon fiel a divers replis, & il abonde en bile. Sa proie ordinaire eft une multitude de petits animaux. Mais lorfqu'il eft preffé par la faim, il n'épargne rien. Il fupporte long-temps la foif. Il fait peu d'attention à la volaille. Il redoute les ferpens, & leur vue le fait fuir. Il arrive affez fouvent aux peuples de ces contrées de rencontrer des lions dans leurs chaffes : alors leurs chevaux, quoique très-vifs, font faifis d'une terreur fi fubite, qu'ils deviennent immobiles, & les chiens fe tiennent rampans auprès de leurs maîtres. Le feul expédient pour le cavalier, eft de defcendre promptement, & d'abandonner une proie qu'il ne peut défendre. Si, par une rencontre imprévue, on fe trouve trop près de cet animal, & qu'on n'ait pas le temps d'allumer du feu pour l'effrayer, l'unique parti à prendre, est de fe coucher par terre dans un profond filence : le lion, lorfqu'il n'eft pas tourmenté par une faim dévorante, paffe gravement, comme s'il étoit fatisfait du refpect qu'on a pour fa perfonne. Le lion eft d'une taille affez haute & fort bien proportionnée. Ceux d'Afrique ne font pas moins gros qu'un cheval barbe. Quoique la lionne n'ait que deux mamelles, elle porte fouvent quatre lionceaux, & quelquefois davantage. Lorfque les chaffeurs en trouvent dans quelque antre, ils ne manquent pas de les emporter, pour les vendre aux comptoirs Européens (1). Si la lionne revient (1) Les comptoirs Européens font des en affez tôt pour courir après les raviffeurs, ils lui jettent un de fes petits; & tandis qu'elle le porte à fa caverne, ils ne perdent pas un moment pour s'échapper avec les autres. Les Hiftoires offrent quantité d'exemples de la générofité, de la clémence, & de la reconnoiffance du lion. Ils font fenfibles, & paroiffent quelquefois touchés des larmes & d'une pofture humiliante. Le tigre & le fanglier ne craignent pas de mefurer leurs forces avec le lion. L'éléphant, quoique redoutable par fa groffeur & fa force, devient fouvent fa proie. L'attaque du lion paroît toujours délibérée. Il ne s'avance pás directement; mais, faifant un circuit, & rampant même pour s'approcher, il s'élance enfuite, lorfqu'il eft à portée de fondre d'un feul faut fur fa proie. Il s'en trouve néanmoins qui s'apprivoifent aisément, & qui font auffi doux & auffi careffans que des chiens; mais la vue du fang droits fur la côte, ou dans des lieux commodes, où les Européens s'établissent; d'où ils commercent dans les terres. eft toujours capable de leur rendre leur férocité naturelle. La méthode ordinaire des Mores & des Negres, pour prendre des lions, eft d'ouvrir dans la terre un grand trou qu'ils couvrent de branches & de feuilles, fur lefquelles ils mettent une piecede chair pour amorce. Lorfque l'animal eft pris dans cette trape, ils le tuent à coup de fleches & de piques, & fe nourriffent de fa chair pendant plufieurs jours. DU TIGRE. LE tigre fe trouve en Asie, & dans les que parties les plus méridionales de l'Afrique. Cet animal n'eft pas fi fort le lion, mais il eft plus féroce & plus à craindre, parce qu'il n'eft jamais raffafié de fang. Heureufement l'efpece n'en eft pas nombreuse. Les tigres ordinaires font de la taille d'un grand levrier. Il s'en trouve de beaucoup plus grands, mais ils font fort rares. Le tigre a fix dents incisives à chaque mâchoire, cinq doigts à chaque pied, les ongles crochus, qu'il peut retirer & alonger comme le chat. Sa peau offre un coup d'œil agréable par la variété de fes taches & de fes couleurs. Son poil eft doux & luifant. Il a la tête femblable à celle du chat, les yeux jaunes & féroces, le regard cruel & malin, les dents pointues, la langue auffi rude qu'une pierre, & les muscles fort longs. Tous fes mouvemens font vifs & agiles. Il a la queue longue, couverte d'un poil fort court, les jambes courtes, |