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mais fouples & fortes. Il eft très-vorace, & rugit à la vue de tout être vivant. Dans fa faim il attaque avec beaucoup d'adreffe des animaux beaucoup plus lui, tel que le taureau, &

gros que
même l'éléphant.

DE L'ÉLÉPHANT.

L'ÉLÉPHANT eft le plus grand & le plus gros des quadrupedes (1) que l'on connoiffe. Sa tête eft monftrueufe. Ses oreilles font longues, larges & épaiffes. Ses yeux, quoique fort grands, paroiffent très-petits dans cette maffe d'énorme groffeur. Son nez, qu'on appelle trompe, eft fort épais, & fi long qu'il touche à terre. Il eft charnu, nerveux, creufé en forme de tuyau, flexible, & d'une force fi finguliere, qu'il lui fert à déraciner les petits arbres, à rompre les branches des plus gros, & à fe frayer un paffage dans les plus épaiffes forêts. Il lui fert auffi à lever fur fon dos de très-grands fardeaux. C'eft par ce canal qu'il refpire, & qu'il reçoit les odeurs. Cette trompe eft flexible en tous fens, & l'animal l'alonge & la raccourcit à fa volonté. Elle va toujours en diminuant, & fe termine par un cartilage mobile,

(1) Quadrupede. Quatuor, quatre, pedes, pieds. Animal à quatre pieds.

avec deux ouvertures qu'il ferme à fon gré. L'extrémité de la trompe s'élargit, & laifle un rebord, qui, s'alongeant par deffus, forme comme le bout d'un doigt. C'eft avec cette efpece de doigt que l'éléphant fait tout ce qu'on peut faire avec la main, comme prendre les chofes les plus petites, dénouer des cordes, déboucher une bouteille, &c. Sans ce présent de la Nature il mourroit de faim; car il a le cou fi épais & fi roide, qu'il lui est impoffible de le courber affez pour paî- | tre comme les autres animaux. Auffi périt-il bientôt, lorfqu'il eft privé de cet inftrument par quelque bleffure confidérable. Lorfqu'il a foif, il trempe le bout de fa trompe dans l'eau ; & en afpirant il en remplit toute la cavité : enfuite il la recourbe en deffous; & la mettant dans fa bouche, il l'enfonce jufque dans le gofier. Lorfqu'il veut manger,

che l'herbe avec fa trompe, & en fait des paquets qu'il porte dans fa bouche. Il en fait de même pour toutes les autres nourritures qu'il veut prendre. Sa bouche eft placée au deffous de fa trompe, dans la plus baffe partie de fa tête, & femble jointe à fa poitrine. Sa langue eft d'une petiteffe qui n'a point de proportion

avec la maffe du corps. Il n'a dans chaque mâchoire que quatre dents, pour broyer fa nourriture; mais la Nature lui a donné pour fa défense deux autres dents, qui fortent de la mâchoire fupérieure, & qui font longues de plufieurs pieds. Il fe fert quelquefois furieufement de ces deux armes. Ce font ces dents que l'on connoît sous le nom d'ivoire (1). Leur groffeur eft proportionnée à l'âge de l'animal. Elles font creufes à leur naissance, & jufqu'à la moitié de leur longueur. Le refte eft folide, & fe courbe en pointe.

Un gros éléphant contient plus de chair que quatre ou cinq bœufs. Leur mefure ordinaire eft de neuf à dix pieds de long, fur onze ou douze de hauteur. Iis marchent fort légérement. Leur pas ordinaire égale celui de l'homme le plus agile. Leur courfe cft beaucoup plus prompte. Mais il eft rare de voir un éléphant courir. Avec un ventre pendant, un dos courbé, des jambes fort épaiffes, & des pieds de douze ou quinze

(1) Le noir d'ivoire eft de l'ivoire que l'on brûle; & lorfqu'il eft devenu noir, on le retire en feuilles : on le broye à l'eau, & on en forme des petits pains. Il fert pour la peinture.

pouces de diametre, ils ne peuvent aimer beaucoup le mouvement. Leurs pieds font couverts d'une peau dure & épaiffe qui s'étend jufqu'à l'extrémité. L'éléphant eft prefque noir. Sa peau eft dure & ridée, avec quelques poils longs & roides, qui font répandus par intervalles, & fans aucune continuité. Sa queue eft longue, & femblable à celle du taureau, mais nue, à l'exception de quelques poils qui fe raffemblent à l'extrémité, & qui lui fervent à fe délivrer des mouches. Son crâne eft très-épais; mais au milieu du derriere de la tête, il n'a pas l'épaiffeur d'une demi-ligne. C'eft dans cet endroit que celui qui conduit l'éléphant, le frappe ou lui puie un bâton, pour lui faire comprendre fes volontés. L'ancienne erreur vulgaire, qu'il ne pouvoit fe lever & fe coucher, eft détruite par les témoignages de tous les voyageurs. Rien n'eft plus incertain que la durée de leur vie & le temps de la portée des meres; & on ne peut guere efpérer de le favoir, parce que les éléphans privés ne multiplient point. On fait feulement, par ceux que l'on garde apprivoifés, que ces animaux vivent très-long-temps,

ap

L'éléphant

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