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Le fer eft commun dans les trois parties de l'ancien Continent; mais l'Amérique, fi riche d'ailleurs en mines précieuses, n'eft pas fi bien pourvue de ce métal, qui eft d'une fi grande utilité. Le fer fe trouve plus près de la fuperficie de la terre que tous les autres métaux, & rarement on le rencontre à une grande profondeur. Il femble que le Créateur en nous faifant ce préfent qui nous eft fi néceffaire, l'ait placé exprès fous notre main. Le fer paroît répandu prefque par-tout, dans les terres, dans les eaux, dans les pierres, même dans les végétaux. Tout eft mêlé de parties de fer.

Dans toutes les cendres, il fe trouve une poudre noirâtre, qui est un vrai fer: ce que l'on peut vérifier de cette maniere. Réduifez en cendres quelles fortes d'herbes feches ou de bois que vous voudrez, & prenez les précautions néceffaires pour qu'il ne puiffe s'y mêler aucune matiere ferrugineufe; puis fouillez dans ces cendres avec une lame de couteau bien nette, & qui soit aimantée d'un aimant vigoureux : vous trouverez au bout de la lame une barbe d'une poudre noirâtre, comme fi vous l'aviez

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trempée dans la limaille de fer. Ramassez cette poudre, & recommencez l'opération, jufqu'à ce que vous en ayez une quantité fuffifante pour pouvoir le fondre; ce que vous ferez aifément par le moyen du miroir ardent fur un charbon: le résultat fera une grenaille de fer, qui jettera des étincelles, comme fait un morceau de fer qu'on rougit fortement à la forge. On voit par-là qu'il fe trouve du fer dans toutes fortes de matieres, à moins de croire que le feu, par la force de fon action, & par l'union ou la défunion des acides & des alkalis convertit en fer des parties de cendres: ces deux opérations de la Nature font fort obfcures, & très-difficiles à expliquer. Exifteroit-il des matieres, autres que le fer, capables d'être attirées par

l'aimant?

Lorfqu'on a tiré la mine, on la lave dans une eau courante, qui emporte les parties terreuses. On en fond le réfultat, & on le coule en lingots, qu'on appelle fer en gueufe ou fer de fonte. C'eft avec ce fer qu'on fait les marmites, les plaques de cheminée, les poêles, les bombes, les boulets de cañon, & d'autres ouvrages groffiers. Comme les métaux,

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& fur tout le fer, diminuent leurs volumes dans la fufion, & le reprennent en ceffant d'être fluides, cette propriété donne aux vafes jetés en moule la régularité & la précifion. Lorfqu'on veut avoir du fer plus fin, on le laiffe plus long-temps en fufion; & lorfqu'il eft refroidi, on le porte à la forge de l'affinage, où on le fond de nouveau, en le remuant fortement avec des barres de fer. Puis on le met, à demi refroidi, fur des enclumes, où, à l'aide de marteaux énormes que l'eau fait mouvoir, on le bat en tous fens, pour le rendre plus malléable. De là il paffe à la chaufferie, où on le bat de nouveau fur l'encluie, pour l'étendre, & lui donner la forme qu'on défire.

DES GLACES.

N

ON On fait des glaces à Venise & en France. La Manufacture la plus confidérable eft celle de Saint - Gobin, village fitué fur une petite éminence, entre la Fere & Chauni, villes de Picardie. La forêt de Saint- Gobin eft d'une affez grande étendue, & cette Manufacture ne manque ni d'eau ni de pierres.

Le verre qui forme les glaces eft compofé de foude (1) & d'un fable blanc & choifi. Ce fable fe tire de Creil, petite ville fur l'Oife, à deux lieues de

(1) La foude eft un fel gris, tiré d'une plante qui croît fur les bords de la mer. On feme la graine de cette plante; & quand elle eft mûre, on la coupe & on la fane comme le foin. Etant feche, on la met en bottes, que l'on jette dans de grands trous, & on y met le feu. Lorfqu'elles font bien allumées, on jette d'autres bottes jufqu'à ce que les trous foient remplis, & on les couvre de terre. Quelque temps après on débouche les trous, & on trouve cette herbe réduite en une fubftance très-dure, que l'on eft obligé de brifer pour la tirer dehors. La meilleure pierre de foude vient des environs d'Alicante & de Cartagene en Ffpagne.

Senlis. Il y a une multitude d'Ouvriers occupés à nettoyer la foude & le fable, à le laver, le fécher, le réduire en poudre dans un moulin à pilons, que des chevaux font mouvoir, le passer dans des tamis de foie, & le mettre en magafin.

Les plus grandes glaces font coulées: elles font plus unies & plus parfaites que les autres, qui font foufflées. Les bâtimens où l'on travaille, fe nomment halles. Au milieu eft le four, qui a une porte de chaque côté pour jeter continuellement du bois, & une troisieme en face pour entrer & fortir les pots & cuvettes (1). Le tuyau eft au centre. Sur un des côtés des faces en haut, est une grande ouverture qui fert à jeter la foude & le fable pour fondre dans les pots. Ces pots ont environ trois pieds de haut, & autant de large. Les murs de la halle préfentent en dedans des

(1) Ces pots & cuvettes font faits d'une terre argileufe, couleur de plomb, que l'on nomme believre, qui fe tire d'une carrière près Forges en Normandie. Cette terre, qui eft encore très utile pour les faïences & les poteries, résiste au feu le plus violent.

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