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roient été mulâtres, c'est-à-dire d'une couleur brune, qui tient le milieu entre le blanc & le noir. D'ailleurs, le miracle étoit affez frappant, pour que Moïfe en eût fait mention. Une autre idée feroit, que les Blancs & les Noirs doivent être iffus de différentes origines. Mais Moïfe fait nettement fortir tous les hommes d'une même fouche.

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Suivant la Tradition des Negres Noé avoit trois fils, l'un blanc, l'autre bafané, & le troifieme noir; & ils eurent chacun une femme de leur couleur. Mais dans cette hypothese (1) la question n'eft pas plus décidée. Cette fuppofition expliqueroit pourquoi les trois poftérités font différentes; mais elle nous laille dans le même embarras fur la différence des trois peres & des trois meres.

Nous voyons dans les animaux, dans les fleurs, & dans prefque toutes les productions de la Nature, une variété de couleurs encore plus grande que dans l'efpece humaine. Mais cet examen, loin de nous procurer une explication

(1) Hypothese. Yr'xò, fub, deffous, Tienes, pono, je pofe. Une hypothefe eft une fup pofition.

analogue (1) à la diverfité de la couleur des hommes, feroit plutôt capable d'augmenter notre incertitude.

Sans s'arrêter à ces explications forcées, qui ne font nullement fatisfaifantes, il eft plus fimple d'en chercher la caufe, en confultant la Nature & en étudiant fes opérations.

L'épiderme (2), ou la premiere peau du corps des Negres, eft à peu près comme celui des autres hommes; mais le tiffu réticulaire (3) qui fe trouve deffous, eft noir; & comme l'épiderme eft tranfparent, il laiffe voir cette couleur noire fur le corps des Negres, excepté à la paume des mains & à la plante des pieds. Ces deux parties, dont la peau eft plus compacte, font dans tous les Negres d'une couleur

(1) Analogue. Avé, cum, avec, Aóryos, verbum, mot, ratio, raifon. Aiya, dico, je dis. L'analogie eft une conformité qu'on trouve entre certaines chofes.

(2) Epiderme. Exi, fuper, fur, éppen, Δέρμα, cutis, peau. L'épiderme eft la surpeau, la peau

extérieure.

(3) Réticulaire. Rete, retia, filets, parce que cette membrane eft composée d'une infinité de petits filets.

brune, qui approche plus du blanc que

du noir.

Nous favons, par l'expérience, que la nourriture, le chaud, le froid, la nature des terreins, les qualités de l'air, les mélanges influent fur les couleurs, & même fur l'individu entier. Les variétés dans les couleurs des hommes fe font aufli remarquer dans les liqueurs effentielles de leurs corps; & il paroît que ces différentes nuances dépendent immédiatement d'un principe huileux, qui eft commun à tous les fluides de la machine, & qui colore plus ou moins ces fluides & la membrane réticulaire. Ce principe huileux eft imprégné de différentes teintes, fuivant la combinaifon de ce qui conftitue la température d'un pays; & cette température varie felon les circonftances, comme la chaleur locale & habituelle, la latitude d'une contrée, l'élévation où la dé preffion d'un terrein, fa diftance aux différentes mers, les vents qui y regnent d'ordinaire, les vapeurs, les exhalaifons de la terre, la féchereffe ou l'humidité, la qualité du terroir, la quantité & la qualité des eaux courantes & ftagnantes, les forêts, les terreins en friche ou

en culture, la proximité, la hauteur & la fituation relative des montagnes, &c. Les pays où l'on trouve les véritables Negres, font dans la zone torride, le Sénégal, la Guinée, & d'autres côtes occidentales d'Afrique, la Nubie & la nouvelle Guinée, ou la terre des Papous. Ces pays font fort bas, éloignés des grandes montagnes, très-fablonneux. La chaleur y eft augmentée par un vent d'eft prefque continuel, qui, en traverfant de très-grandes étendues de terre, s'échauffe confidérablement dans ce paffage. Toutes les circonftances locales de ces contrées (1) concourent à y rendre la chaleur plus forte & plus active, & à noircir la couleur des habitans. Les Blancs y éprouvent ordinairement la fievre & d'autres accidens, qui tendent à changer leurs difpofitions habituelles. L'épiderme du vifage, des mains, des pieds, fe hâle, fe durcit, & fe détache même par feuilles. Leurs enfans font bruns, & après un certain nombre de générations, ils acquierent la couleur des Naturels du pays, d'autant plus promp

(1) Voyez tome I, page 429.

tement, qu'ils fe font à leurs ufages en quittant leur ancienne maniere de vivre, leurs mœurs & leurs habitudes originelles. Les defcendans des premiers Portugais qui fe fixerent en Guinée, & aux environs, en 1450, font abfolument noirs, & ne different en rien des Negres. On ne reconnoît plus à la couleur la postérité des Arabes, qui s'emparerent d'une partie de la Nubie au feptieme fiecle, & celle des Juifs qui fe font retirés anciennement dans l'Abiffinie. Les Negres, tranfportés avec des Négreffes dans des latitudes tempérées, perdent de leur noirceur; & il en eft de même de tous les peuples de la terre qui changent de demeures. Les couleurs deviennent différentes, fuivant les pays qu'ils viennent habiter; & après une longue fuite de générations, les hommes contractent abfolument la couleur habituelle du lieu où ils réfident. Il eft d'expérience, qu'en général, à proportion que les terres font plus directement expofées au foleil, la couleur des Blancs devient plus brune, comme ⚫ celle des Noirs s'éclaircit en s'éloignant de la zone torride. Dans les zones tempérées on trouve les hommes plus bruns Αν

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