3

on eft effrayé à la vûë de fes pechez ou des Jugemens de Dieu, il faut dire avec Da- Pf. 1294 vid? Si iniquitates obfervaveris Domine, Domine quis fubftinebit? Si vous examinez nos pechez à la rigueur, Seigneur, qui pourra foûtenir vôtre préfence? Non intres in judi- Pf. 1429 cium cum fervo tuo, quia non justificabitur in confpectu tuo om. nis vivens: N'entrez point, ô mon Dieu, en jugement avec vôtre Serviteur, car nul homme vivant ne paroîtra jufte devant vous. Quand on fe fent touché à la vûë de fes pechez, il faut dire avec le même : Cor contritum & humiliatum, P. sei Deus non defpicies: Seigneur vous ne mépriferez pas un cœur contrit & humilié. Quand on fe fent preffé du defir d'aimer Dieu & de le

V18

poffeder, il faut dire : Quid mihi eft in cælo & à te quid volui fuper terram, Deus cordis mei: Qu'y a-t-il pour moy au Ciel, & que defirai-je fur la terre, hors vous qui êtes lę Dieu de mon cœur ? On en peut former de femblables fur tous les autres fujets.

88888888888

CHAPITRE VIII.

De l'efprit de mortification & des pratiques d'abnegation qui fe peuvent faire chaque jour,

Co

Omme la vie Chrétien ne pour être reglée conformément aux maximes de l'Evangile, doit être un exerçice continuel de mortification; & que fouvent on n'a ni

humeur

affeź de courage, ni affeź de force pour l'exercer dans des chofes importantes & difficiles; rien n'eft plus neceffaire que de s'accoutumer à la pratiquer dans les chofes communes & ordinaires. On fe fait par-là une fainte habitude de ne point agir par & par les mouvemens de l'amour propre de ne point obeïr à fes paffions, lefquelles étant prefque toûjours dereglées gâtent ordinairement les actions les plus loüables & les plus faintes, & nous font faire une infinité de fautes. Cet exercice nous faisant peu à peu mourir à nous-mêmes, établit en nous l'empire de la gracè, & détruit celui de la nature & de l'amour propre. C'est pour cela que la pratique de l'abnegation dans les

plus petites chofes eft extrêmement recommandée par tous les maîtres de la vie fpirituelle, & qu'ils la regardent comme un moyen très-propre, pour faire arriver une ame en peu de temps à une trés-haute perfection. C'eft auffi pour cela que l'Auteur du Livre de l'Imitation de Jefus-Chrift, dit que ce n'eft pas une chofe peu importante que de fe renoncer continuel. lement dans les moindres choses.

Cette efpece de mortifica tion a fur tout deux avanta ges. Le premier eft, qu'étant moins expofée aux yeux des hommes, elle eft moins expofée à l'orgueil & à la vanité. Le fecond eft, que les occafions de la pratiquer fe trouvant prefque à tous mo

mens, quand une ame eft fidelle à les embraffer, elle vit dans un exercice prefque continuel de mortification, & dans un facrifice perpetuel d'elle-même, ce qui eft une grande avance & une difpofition trés-avantageufe pour pouvoir arriver au pur Amour de Dieu.Blofius,ce grand maî tre de la vie fpirituelle, a fait fur cette matiere un excellent Traité qu'on peut confulter. Pour mieux faire comprendre en quoy confifte 'cet efprit de mortification & de quelle maniere on peut s'y exercer, nous marquerons ici diverfes occafions qu'on peut avoir chaque jour de pratiquer cette vertu; & celles que nous rapporterons ferviront à en faire connoître une infinité d'autres, où cette même