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par la penitence il peut appaifer la colere de fon Juge, & prévenir les terribles effets de fa haine & de fes vangeances? Quel aveuglement eft-ce donc d'y demeurer plufieurs mois, & peut-être même plufieurs années ? Un homme

alors pour peu qu'il écoute la foy & la raifon, peut fe dire à lui-même Si je mourois dans l'état funefte où je fuis, je n'aurois rien à attendre aprés la mort que l'enfer, c'eft-à-dire, un malheur infini, un malheur éternel; & à tous momens je puis mourir dans ce moment même

plufieurs auffi jeunes que moy, qui comptoient fur la vie autant que moy, meurent & font une preuve fenfible que je puis mourir. Je fuis donc dans un danger certain & évi

dent d'être infiniment & éter. nellement malheureux. Or un homme qui n'eft ni aveu glé, ni infensé peut-il foutenir de femblables reflexions avec tranquillité? & une pareille tranquillité ne doit-elle pas être regardée comme une ftupidité & comme une folie? Mais c'eft une folie dont l'homme du monde le moins fenfé n'eft point capable à l'égard des moindres interefts qui regardent l'honneur ou la fortune: il n'y a qu'à l'égard du falut, c'est-à-dire d'un interest infini & éternel qu'on, en foit capable. Dans tout le refte, dés qu'il fe préfente une voye feure & aifée de fortir du danger, on la prend avec empreffement. La penitence eft une voye feure & facile qui se présente à l'homme pe

cheur pour fortir du danger affreux où il eft d'être éternellement malheureux; pourquoy donc differer de la prendre & apporter tant de pretextes pour s'en éloigner ? Quand on exhorte au refte à approcher souvent du Sacrement de Penitence, on ne prétend pas pour cela qu'il faille s'en approcher avec moins de préparation. On ne fçauroit en apporter trop pour se bien difpofer à un Sa રે crement, de l'ufage duquel dépend entierement nôtre falut. Car nous n'avons que deux chemins pour aller au Ciel, celui de l'innocence & celui de la penitence : or qui peut efperer d'y entrer par la voye de l'innocence, fi ce n'eft ceux que la tendreffe de l'âge met dans l'impuiffance

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de perdre ce precieux tréfor ou un petit nombre d'ames choifies, que Dieu par une protection particuliere a préfervé de la corruption du fiecle ? Il ne refte donc à la plûpart des Chrétiens de ref fource que dans la Penitence, qui eft, comme parlent les Peres, cette feconde planche que Dieu préfente aprés le naufrage: fecunda post naufragium tabula. Rien par confequent n'eft plus important que de fe bien fervir de ce moyen de falut, puifqu'il eft le feul qui peut tirer les pecheurs du danger où le peché les a jertez. Mais plus le moyen eft important, plus il eft neceffaire d'être parfaitement inftruit de tout ce qui y a rapport, & de la maniere dont il faut s'en fervir. Nous

tâcherons de donner là-deffus des inftructions affez amples pour n'avoir pas befoin d'en chercher ailleurs. Nous parlerons de ce qui doit préceder la Confeffion, ou de la maniere dont on fe doit préparer au Sacrement de Penitence des deux Parties que renferme ce Sacrement, c'està-dire, de la Contrition & de la Confeffion : & enfin de ce qui doit fuivre la Confeffion, ou de la Satisfaction.

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De ce qui doit préceder la Confeffion, ou de la préparation au Sacrement de Penitence.

Deux fortes de préparations font neceffaires au Sacrement de Penitence; l'une qu'on peut appeller éloignée;

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