nous ne devons nous engager dans aucune qui foit incompatible avec cette importante affaire nous devons même éviter de nous charger de celles qui nous empêcheroient d'y vaquer avec liberté. Enfin toutes les affaires doivent non feulement être fubordonnées à celles du falut, mais encore s'y rapporter.

Il faut regler le temps de fes actions, c'est-à-dire, déterminer l'heure à laquelle on les doit faire, & combien de temps on y doit employer. Pour cela, aprés avoir confideré ce que peuvent nous permettre nôtre état, nôtre condition, nôtre employ, nôtre fanté, nos forces, nos devoirs d'obligation; aprés avoir confulté Dieu, & un Directeur fage & éclairé : il faut

que nous nous prescrivions à nous-mêmes un ordre du jour, & que nous commencions par regler le temps du lever, enfuite le temps de l'Oraison, de la Meffe, de la Lecture, & celui de toutes les autres actions de la journée. Par-là on fera toutes chofes avec ordre on évitera la confufion & l'ennui que caufent ordinairement l'oifiveté & l'incertitude de ce qu'on doit faire, & on participera au privilege qui femble particulier aux Religieux, qui eft d'être toûjours feur qu'on fait la volonté de Dieu; car on la fera en effet en fuivant la regle qui nous aura été marquée par un Directeur, ou que conformément à ses confeils nous nous ferons prefcrite à nous-mêmes.

On doit s'attacher à suivre fi exactement & fi conftamment cette regle, qu'on ne s'en écarte jamais, ni par legereté ou par inconftance, ni par le dégoût qu'on trouve à faire toûjours les mêmes chofes, ni fous pretexte de mille petits embarras qui peuvent furvenir, & qui étant de peu d'importance ne doivent pas interrompre la pratique conf tante de cette regle ; on ne doit pas auffi s'y afsujettir d'une maniere fervile ni fe faire une matiere de fcrupule de la changer quand la neceffité, l'obéïffance ou la charité nous y obligent. Car quitter la regle par raifon, par obéiffance ou par charité, c'eft fuivre la premiere & la fouveraine regle.

mais

Après avoir reglé la nature.

& le temps de fes actions, il faut regler la maniere dont on les doit faire : elle confifte en deux choses. Premie rement dans la methode qu'on doit obferver en les faifant. Secondement, dans l'efprit interieur dont on doit les animer.

à

Pour la methode qu'on doit observer en les faisant, il faut que chacun fe ferve de celle qu'il jugera, aprés avoir confulté fon Directeur, être la plus conforme à fon âge, à fon temperament, fa condition, à fes employs, à fes difpofitions, & à fon attrait. Car quoyqu'elles puiffent être toutes bonnes en elles-mêmes, elles ne font pas bonnes pour toutes fortes de perfonnes : & ce n'est pas toûjours une raison fuffi

fante pour s'attacher à une methode, que de fçavoir qu'une autre perfonne s'en eft bien trouvée : en quoy l'on voit l'erreur de quelques Directeurs qui enfeignent le même chemin, & prescrivent la même methode à toutes les perfonnes qui s'adreffent à eux, quoyqu'elles fe trouvent dans des difpofitions fort differentes les unes des autres. J'ay tâché dans cet Ouvrage de donner des methodes pour toutes les actions de la vie Chrétienne, qui pourront être propres à un grand nombre de perfonnes, & comme elles font affez amples, chacun pourra choifir ce qui lui convient, & laiffer ce qui ne lui convient pas.

Pour ce qui eft de l'efprit interieur, il consiste princi