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pêrfonnes trés-vertueufes qui n'ont prefque jamais cette douleur fenfible de leurs pechez, quoyqu'elles en ayent toûjours un regret trés-fincere ainfi c'est à tort que certaines ames timides & fcrupuleufes s'inquietent fur ce défaut de fenfibilité. Quand on n'a rien negligé de ce qui dépend de nous pour exciter une vraye douleur dans le cœur, il faut abandonner le refte à la mifericorde de Dieu & demeurer en paix. Cette inquietude exceffive fur la bonté de fa contrition, vient souvent d'un fonds d'amour propre qui voudroit avoir une certi→ tude entiere fur une chofe fur laquelle Dieu ne veut pas que nous en ayons, ou d'un orgueil fecret, qui a peine à fouffrir l'humiliation de cettè

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terrible incertitude, ou du peu de confiance que nous avons en la Mifericorde de Dieu.

Comme les difpofitions de toutes les perfonnes qui approchent duSacrement de Penitence ne font pas les mêmes,& que ce qui eft propre à tou cher les grands pêcheurs ne convient pas toujours également pour exciter la douleur dans le cœur des perfonnes qui menent une vie plus réguliere & qui ne commettent que des fautes venielles; nous mettrons ici deux formules differentes d'Acte de Contrition, qui peuvent par des confiderations & des motifs convenables à l'état & à la dispofition d'un chacun, aider les uns & les autres à produire les fentimens d'une fincere &

parfaite douleur. Il ne faut pas se contenter de les lire mais en les lifant il faut mediter fur les motifs qui y font expliquez; les goûter autant qu'il dépend de nous, & faire enforte que le cœur en foit touché & penetré.

ACTE DE CONTRITION,

Propre pour les personnes qui ont commis des pechez griefs.

Vous ne m'avez créé, mon Dieu, que pour vous aimer, pour vous fervir & pour me fauver, & j'ay vêcu jufques ici comme fi je n'avois été au monde que pour vous offenfer & pour me perdre. Car fi j'avois été deftiné pour une fin fi malheureuse, aurois-je gardé une autre conduite que

celle que j'ay tenuë jufqu'à préfent? Vous avez fait en même-temps tout ce qui étoit neceffaire de vôtre part pour m'obliger à vous aimer & à vous fervir; vous m'avez fourni tous les moyens qui pouvoient m'y aider ; vous m'y, avez engagé par une infinité de bienfaits, vous m'en avez preffé par vos graces : mais helas j'ay negligé tous ces moyens ; & je n'ay répondu à tous vos bienfaits que par des ingratitudes, & à vos gra ces que par des infidelitez continuelles: de vos bienfaits même j'en ay fait souvent la matiere de mes crimes : vôtre patience à me fouffrir dans mes défordres,& votre facilité à me les pardonner m'ont fervi de motif & de raifon pour vous offenfer avec plus d'o

que

piniâtreté. J'ay crû que je pouvois perfifter impunément dans mon iniquité, parce que j'étois perfuadé que vous fe riez toûjours prêt à me faire grace & à me recevoir dés je viendrois me préfenter à vous. De quoy doit-on s'étonner davantage, ou de l'excés de vôtre patience & de vôtre bonté, ou de l'excés de ma malice & de mon infolence? L'une ne paroît pas moins incompréhenfible que l'autre, mais la confideration de l'un & de l'autre doit également me couvrir de confufion, & penetrer mon cœur de la dou leur la plus vive.

Cependant, Seigneur, vous ne vous êtes point rebuté, quoyque vous euffiez tant de raifon de le faire; vous m'avez fouffert malgré mon in

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