Dieu, & avec des vûës Chré tiennes. Plus on a de travail, plus on a besoin de se soûtenir par la nourriture,

Neuviémement, les perfonnes qui commettent rarement des fautes même venielles de propos déliberé, qui travaillent ferieufement à leur perfection, qui s'appliquent à combattre leurs paffions, & à acquerir les vertus propres de leur état, qui se préparent avec foin & avec ferveur à la Communion , peuvent communier plus fouvent que tous les huit jours.

Dixièmement, un grand defir de communier est une des principales difpofitions qu'on doit demander pour la frequente Communion. Cette faim fpirituelle, eft en mêmetemps une marque qu'on fent

les befoins qu'on a de cette divine nourriture, & la dif pofition où on est d'en profiter il n'eft pas neanmoins toûjours necessaire que ce defir fe faffe fentir d'une façon particuliere, comme il arrive à quelques ames ferventes, mais non pas à toutes. Onziémement, ceux qui ne commettent nulle faute avec vûë, qui font entierement détachez du monde & d'eux-mêmes, qui ont un grand amour de Dieu, & qui ne cherchent que lui, ne fçauroient communier trop fou

Douziémement,enfin la re gle la plus feure pour déterminer l'usage de la Communion, eft de s'en rapporter à un Directeur prudent & éclai ré, qui connoiffe bien la perfönne

fonne à qui il doit donner confeil, qui ne foit point fufpect de nouveauté, & qui ne donne point dans des fenti

mens écartez ni outrez.

De l'Action de Graces qui doit fuivre aprés la Communion.

On ne doit jamais manquer de donner quelque temps aprés la Communion, pour remercier Nôtre - Seigneur de la grace finguliere qu'il nous a faite. Un quartd'heure n'eft pas trop pour s'acquiter d'un devoir fi legitime. Le bien que nous venons de recevoir eft le plus grand qui puiffe être accordé fur la terre à un pure creature rien n'eft donc plus jufte que d'en marquer à celui de qui nous l'avons reçû

L

une vive reconnoiffance. Je, fus-Chrift le Roy de Gloire eft alors dans nôtre cœur, comme fur fon Trône & dans fon Palais; ne feroit-ce donc pas une étrange incivilité, ou plûtoft un étrange mepris, de l'y laiffer feul, au lieu de l'entretenir ? Un Courtisan à qui fon Prince par un effet de fon amitié accorderoit une audience particuliere, laifferoit-il paffer une occafion fi favorable fans en profiter ? Que fi ne fçachant pas eftimer la grace qui lui feroit faite, au lieu de se tenir auprés de fon Prince, il cher choit à s'entretenir avec quelque perfonne de nulle confideration, ne fe rendroit - il pas coupable auprés de lui ? & ne meriteroit - il pas d'en être puni Sommes-nous

moins coupables nous-mêmes, quand aprés la Communion nous nous diffipons volontairement, & nous abandonnons Jesus-Christ, pour nous livrer à l'entretien des creatures?

Sainte Therefe difoit que le temps qui fuit la Communion eft le plus précieux de la vie, quand on le fçait menager ce font de ces heureux momens dont il ne faut pas laiffer échapper un seul. Jefus-Chrift vient pour lors à nous chargé de graces, & dans le deffein de nous les communiquer avec abondance: c'eft pour ainfi dire le foulager, que de l'en décharger, c'eft lui faire plaifir, que de lui en demander & de les recevoir; nous n'avons qu'à lui ouvrir nôtre cœur, & il le