que je faffe, apprenez-moi à faire vôtre volonté. Aprés s'être modeftement habillé, il faut fe mettre à genoux pour faire les Actes fuivants, lefquels nous ferviront d'une bonne difpofition pour paffer Chrétiennement la journée, fur tout fi nous les faifons avec application & avec ferveur. Le premier eft un Acte d'adoration par lequel nous reconnoiffons Dieu comme le principe de nôtre être, comme l'Auteur de nôtre vie & de tous les biens que nous poffedons; & perfuadez de la parfaite dépendance que nous avons de lui pour toutes chofes, nous l'adorons & nous nous humilions devant lui en faifant l'aveu fincere que nous fommes obligez de faire, qu'il eft tout & que nous ne fommes rien, qu'il peut tout & que nous ne pouvons rien, qu'il merite toute la gloire & tout l'honneur par la fouveraineté de fon être & par l'excellence de ses perfections infinies, & que nous ne meritons rien que le mepris & la confufion, à quoy nôtre baffeffe, nos miferes & la multitude de nos pechez nous condamnent trop justement; & dans ce fentiment nous devons dire avec Daniel : Tibi Domine Dan. 9; juftitia nobis autem confufio. : Le fecond Acte qui fuit naturellement du premier, est un Acte de remerciement, par lequel aprés avoir reconnu que tous les biens nous viennent de Dieu, nous entrons dans les fentimens d'une vive reconnoiffance, & nous le re B 71 mercions de tous fes bienfaits fur tout du bienfait de la creation, de celui de la redemption, de la vocation à la Foy, & de la distinction qu'il a eue pour nous en nous préferant à tant d'Infidéles qu'il a laiffé dans l'ignorance du vrayDieu,& de tant d'Hé. retiques qu'il a abandonnez à l'erreur. Nous devons pa reillement le remercier de la grace qu'il nous a faite cette même nuit, en nous prefervant du peché & de la mort fubite, qui en a peut-être furpris tant d'autres. Il est bon de rappeller encore le fouve nir de certaines graces par. ticulieres & extraordinaires, que chacun peut remarquer dans la fuite de fa vie; de certains coups d'une provi dence fpeciale & d'une ten, dreffe paternelle, par laquelle il nous a delivré ou prefervé de certains dangers capables de nous perdre, & pour le temps & pour l'éternité. Le troifiéme, est un Acte de contrition & de douleur de n'avoir répondu à tous ces bienfaits, que par nôtre ingratitude & par nos pechez. Le quatrième, eft un Acte d'offrande, par lequel nous offrons à Dieu nôtre cœur, nos pensées, nos defirs, nos actions, nos fouffrances, nos biens & generalement tout ce qui nous appartient, de quelque maniere que ce foit; uniffant toutes nos penfées & toutes nos actions avec celles de Nôtre-Seigneur JefusChrist, le priant qu'il en foit le principe, le modele & le motif, & défirant de les faire dans les mêmes intentions qu'il a fait les fiennes lorf qu'il étoit fur la terre; renonçant par avance à toutes les intentions contraires & à tous les mouvemens de l'amour propre qui pourroient fe for mer en nous. Le cinquième, est un Acte de demande, par lequel reconnoiffant notre impuiffance pour le bien & nôtre inclination vers le mal, nous de mandons instamment au Pere Eternel, en vertu des meri tes de fon Fils, les graces dont nous avons befoin pour pratiquer l'un & pour éviter Pautre. Il faut fur tout lui demander la victoire de la paffion dominante, & du défaut qui met un plus grand obfta cle aux deffeins de Dieu fur |