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corrompue du monde, on en juge autrement. Il femble même que comme il doit avoir plus de raison & plus de force que la femme, il doit avoir auffi plus de vertu, & par confequent être par cette raifon plus obligé à un devoir fi effentiel. Mais la femme par une autre confideration y eft encore plus étroitement obligée, parceque les confequences de fon infidelité font beaucoup plus grandes. C'est une injuftice horrible & irreparable, que de mettre dans fa famille un étranger, qui eft admis neceffairement à partager un bien qui ne lui appartient pas. Une femme coupable du peché dont je parle, peut pleurer fon crime & le détefter; mais comment empêcher ces fuites fâcheufes, quelque re

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pentir qu'elle en ait ?

III. Le mary & la femme fe doivent l'un à l'autre de la complaifance dans toutes les chofes qui ne font point contre la Loy de Dieu, de la condefcendance pour leurs foibleffes, & de la tolerance pour leurs défauts. Quelques bonnes qualitez qu'ils ayent, ils doivent fe perfuader qu'ils feront toûjours fujets à des défauts & à des imperfections, & que le principal exercice de leur vertu eft, ou de diffimuler, ou de fupporter mutuellement ces imperfections & ces défauts: que c'est le moyen le plus für de conferver entre eux une union parfaite, & de maintenir la paix dans leur famille. Cette complaifance & cette condefcendance regarde encore plus particuliere

ment les femmes, qui doivent naturellement avoir plus de douceur, & l'humeur plus fou ple & plus facile. Il est difficile qu'un mary, quelque vio lent & quelque emporté qu'il foit, puiffe tenir contre les charmes de la douceur & de la complaifance d'une femme vertueufe,qui fe fait une étude de lui plaire en tout, de prévenir fes inclinations, d'éviter les moindres chofes qui peuvent le choquer, qui quitte même en quelque façon Dieu pour fon mary, mais dans la vûë de Dieu, & pour prévenir les fautes où fon mary pourroit tomber; en retranchant même une partie de fes devotions, dans la crainte de lui donner occafion de s'emporter. L'exemple de fainte Monique fait voir que rien n'eft impoffible à la

patience, à la douceur, & aux prieres d'une femme prudente & vertueufe, quand elle entreprend de gagner fon mary pour le porter à Dieu.

IV. Le mary & la femme doivent garder dans le mariage à l'égard l'un de l'autre, les régles que faint Paul prefcrit à toutes les perfonnes mariées en fa première Epître aux Corinthiens, où il les avertit du domaine dont ils fe font dépouillez mutuellement par l'engagement de leur état, & des fuites aufquelles cet engagement les affujettit. Mais ils doivent fe fouvenir en mêmetemps de ce que le même Apôtre enfeigne dans fon Epître aux Ephefiens, que le mariage eft un Sacrement qui reprefente l'union du Verbe avec l'humanité Sainte, & cel

le de Jefus Chrift avec fon Eglife.

Ils apprendront de-là, 1°. Que le mariage des Chrétiens eft un myftere faint, qui ne fouffre rien qui puiffe être contraire à la vraie fainteté, ni indigne de l'union toute fainte qu'il reprefente. 2°. Qu'il y a une pureté propre de leur état, & qu'ils ne peuvent la violer, fans s'expofer à tomber dans des fautes griéves.3°. Que comme l'union de JesusChrift avec fon Eglife a pour fin de donner à Dieu des enfans qui fe multiplient par la naiffance fpirituelle que nous recevons tous au Baptême, la fin des Chrétiens dans le mariage doit être auffi d'élever à Jefus-Chrift des enfans, qu'il puiffe enfuite lui-même rendre enfans de Dieu, & mettre

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