tout pour éviter les pechez aufquels je fuis le plus fujet, & qui mettent un plus grand obftacle à vos deffeins fur ma fanctification.

CHAPITRÈ

De la Meditation.

A PR

I I.

PRE'S avoir fait la Priere du matin, il feroit trés-utile de donner quelque temps à la Meditation des veritez éternelles. Le temps qu'on y doit donner fe peut regler fur le loifir que laif fent les affaires aufquelles on eft necessairement engagé, & fur l'attrait qu'on fent pour cet exercice. Quelques-uns y peuvent employer une heure

entiere, il fuffit à d'autres d'y donner une demi-heure, & à d'autres un quart-d'heure : on peut la faire dans son cabinet, fi on croit qu'on y aura l'efprit plus receüilli; ou dans l'Eglife après avoir entendu la Meffe, fi on juge que la fainteté du lieu nous doive infpirer une plus grande fer

veur.

Il n'eft perfonne de quelque état & de quelque condition qu'elle foit, qui ne foit capable de vaquer à cet exercice ; & il n'eft perfonne, fi elle veut efficacement travailler à fon falut, qui ne le doive. Eft-il quelqu'un qui ne puiffe faire reflexion fur les veritez de la Foy, fur les maximes de l'Evangile, fur fes devoirs, fur fes obliga tions, & fur les moyens de

les remplir: c'est ce qu'on appelle mediter? Mais eft il quelqu'un qui ne doive fe fervir d'un moyen fans lequel on peut dire qu'il eft moralement impoffible de fe fauver? Car comment pouvoir fe fauver fi on ne connoît Dieu, fi on ne fe connoît foimême, fi on n'eft inftruit de fes devoirs, & de tous les motifs qui peuvent nous engager à les remplir ? Et d'où

tirons-nous toutes ces connoiffances, fi ce n'eft de la Meditation?

Sans la Meditation, comment connoît-on Dieu ? d'une maniere feche, abftraite, qui ne va point à la pratique & à nous attacher à lui. Peut-on connoître parfaitement fes devoirs, les aimer, former des defirs efficaces de les remplir,

fi on ne les étudie attentivement, fi on ne s'applique à comprendre l'étendue des malheurs où s'engagent ceux qui y manquent, & la grandeur des récompenfes que le Seigneur promet à ceux qui les rempliffent; & n'eft-ce pas-là de quoy on s'occupe dans la

Meditation? Enfin , peut-on réüffir dans une affaire diffici le & importante fans y penfer, fans faire attention aux obf tacles qui la traversent afin de les éviter; fans confiderer les moyens qui peuvent en faciliter le fuccés afin de les embraffer? Or l'affaire du falut n'eft-elle pas une affaire importante? & y en a-t-il mê me une plus importante que celle-là : D'un autre côté n'at-elle pas des obftacles & des difficultez qu'il faut furmon

ter?ne fe rencontre-t-il pas fur la route qu'on doit tenir des ennemis puiffants qu'il faut combattre ? Pouvons-nous donc fans préfomption nous promettre de réüffir dans cet te affaire fi nous n'y penfons fouvent & avec application, fi nous ne prévoyons les obf tacles qui s'y rencontrent ou pour les éviter, ou pour les vaincre fi nous n'ob fervons continuellement les démarches de nos ennemis pour nous garentir de leurs artifices; & n'eft-ce pas-là l'exercice & le fruit de la Meditation?

Je fçay que les gens du monde ne manquent point de prétextes pour éluder tout ce qu'on peut leur dire fur ce fujet, mais ce font des prétextes & non pas des excu

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