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Etes coupable de fa mort.

Sixième Regle.

Les riches dans les grandes neceffitez font obligez, fous peine de peché mortel, de donner ce qui doit être confideré comme fuperflu par rapport à leur état. C'est le fentiment commun des Peres, & la maxime conftante de faint Auguftin: le fuperflu du riche, dit ce Pere, eft le neceffaire du pauvre : & cette maxime eft fondée également, & fur l'écriture, & fur la raifon. Sur l'écriture, puifque Jefus-Chrift ordonne aux riches de donner l'aumône aux pauvres de ce qui leur refte s'ils veulent avoir la confcience nette: Quod fupereft, Luc. 11à date eleemofinam, & ecce om

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nia munda funt vobis. Car c'est ainfi que Bede & quelques autres Peres expliquent cet endroit de l'Evangile. Et faint Paul oblige les Corinthiens de fuppléer de leur abondance à la neceffité des pauvres : .Cor.S.Veftra abundantia eorum inopiam fuppleat. Cette maxime eft pareillement appuyée fur la raison; car fi dans les grandes neceffitez les pauvres ne tirent leurs befoins & leur fubfistance de ce fuperflu des riches, il eft moralement im→ poffible qu'ils foient fecourus, & ils tomberont infailliblement dans cette neceffité extrême, où le riche eft obligé de donner, non feulement ce qui eft fuperflu, mais même ce qui eft neceffaire à la bienfeance de fon état.

Septiéme Regle.

La bienfeance de l'état ne

la va

doit pas fe regler par nité & par l'ambition: fi on fuivoit de fi mauvaises regles, il n'y auroit jamais defuperflu dans les fortunes même les plus opulentes; mais elle fe doit regler par la raison, par la modeftie & par la charité, qui font les feules regles que doit fur cela confulter un Chrétien.

Huitième Regle.

On ne doit pas regarder comme fuperflu par rapport à l'état, ce que les parens peuvent raisonnablement amaffer pour établir leurs enfans d'une maniere propor

tionnée à leur condition & la modeftie Chrétienne. Mais auffi fi on prétendoit les éle ver & les établir au-deffus de ce que demande leur naiffance & leur condition, les plus riches n'auroient jamais de fuperflu; & où fe prendroit donc le fonds que la Provi dence a affigné pour la fubfif tance des pauvres ?

Neuvième Regle.

Quoyqu'on puiffe abfolu ment en certaines occafions relever fon état, & paffer d'um rang inferieur à un autre plus éminent & plus diftingué, on ne le peut faire neanmoins qu'avec beaucoup de précaution, & qu'en obfervant trois conditions. La premiere, que ce changement ait pour but

la gloire de Dieu & le bien public: l'interêt & l'ambition ne doivent jamais être les principes de la conduite d'un Chrétien. La feconde, que cette élevation ne foit point un obftacle au falut. La troiféme, qu'on mette des bornes à cet accroiffement; car vouloir toûjours croître, ce n'eft pas garder les regles de la modeftie Chrétienne : autrement l'ambition fuffiroit pour décharger un Chrétien de l'obligation de faire l'aumône, puifque fuivant les defirs de s'agrandir & de s'éle ver, que cette paffion lui inf pireroit, jamais il n'auroit de fuperflu, & par confequent jamais ne feroit obligé de faire part de fon bien aux pauvres.

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