lefquels il n'y a point d'autre regle à prefcrire, que de les defendre abfolument, ni d'au tre ménagement à garder, que de les éviter autant qu'on peut. Le jeu eft un de ces plaifirs qui fe peuvent regler. Il est vray que par l'abus qu'on en fait aujourd'huy, il eft peu de perfonnes qui fe tiennent fur ce point dans de juftes bornes, & qu'il feroit beaucoup plus aifé de s'en abftenir, que de garder la moderation qui y convient. Voici les regles qu'on y doit observer, afin qu'il foit pour nous un divertiffement innocent. 1o. On ne doit point fe permettre les jeux de pur hazard : ils font défendus par les loix Civiles & Ecclefiaftiques. 2°. On ne doit pas s'en faire une occu pation de tous les jours, ni même y employer un temps trop confiderable. Les perfon nes qui paffent une partie des nuits à jouer, doivent fe perfuader qu'elles n'interessent pas moins leur confcience leur fanté. C'eft aller directement contre la fin pour que la quelle ces fortes de divertissemens font établis, , que d'en ufer de la forte, puifque c'eft faire une vraie fatigue d'un amufement, qu'on ne doit prendre au contraire que pour le délaffer: & fi par ce defordre on fe met hors d'état enfuite, comme il arrive fouvent, d'observer les jeunes de l'Eglife, on ne doit pas fe perfuader qu'une femblable excufe foit recevable devant Dieu. 3o. Il ne faut pas s'exposer, pour au hazard d'y faire de groffes pertes. Le jeu ne doit pas être un trafic, mais un divertiffement; & & par la même raison on doit moins jouer pour gagner, que pour fe divertir honnêtement. Peut-on fans un déreglement tres-blâmable, & fans une espece d'injustice, fe mettre au hazard d'incommoder fa famille contenter la paffion qu'on a pour le jeu 4°. On ne doit point jouer avec trop d'atta che; car l'attache marque la paffion, ou du moins la fait naître, & dés que le jeu devient une paffion, ce n'eft plus un fimple divertiffement, c'eft bien-toft un funeste déreglement. 5°. Le jeu ne doit pas être une occafion de jurement ni d'emportement. Ceux qui font fujets à tomber dans ces excez lorfqu'ils joüent, ne peuvent s'engager à jouer fans peché. Enfin le jeu, pour être un divertiffement innocent ne doit pas être un obstacle à l'accompliffement de nos devoirs, foit de ceux qui font attachez à l'état d'un chacun, foit de ceux qui font communs à tous les Chrétiens. Il y a encore d'autres divertiffemens qui peuvent fe permettre, & qu'on peut regler, en les prenant moderément, & en y obfervant les regles de la bienfeance, de la modeftie, de la temperance & de la charité. Les feftins & les affemblées qui fe font entre les proches & les amis, font de cètte na ture. Entre les divertiffemens fur lefquels il n'y a point de meil. leure regle à donner que d'en interdire abfolument l'ufage on doit mettre fur tout le bal, l'opera & la comedie. Je dis le bal; car quoyque S. Fran çois de Sales femble le permettre en certaines circonf tances, bien que rarement, c'eft avec tant de précautions & à des conditions qui fe gardent fi peu maintenant, qu'on ne doit pas fe prévaloir de fon fentiment pour autorifer ces affemblées de la maniere dont elles fe font aujourd'huy. Si le bal du temps que vivoit ce grand Saint, & où quantité de regles de bienfeance, de modeftie & d'honnêteté proà conferver la pudeur, pres s'obfervoient, mais que la corruption des mœurs a enfuite abolies, lui a paru cependant un divertiffement fi dange |