trouve à la verité, puifqu'il n'y a perfonne qui ne fouffre, mais dont trés-peu connoif fent le prix & l'avantage, & dont par une fuite neceffaire trés-peu fçavent profiter. Rien n'eft donc plus important que d'être bien inftruit fur la maniere dont on doit porter les croix de cette vie, & fur le bon ufage qu'on doit faire des fouffrances. Il confifte, 1°. A porter fes croix avec patience. 2°. A les accepter en efprit de penitence. 3o. A les recevoir même avec des fentimens d'amour & de reconnoiffance, & enfin à les unir à la Croix & aux fouffrances de Nôtre - Seigneur Jefus-Chrift. Premierement, il faut fupporter les croix avec patience. Pour nous y animer, il ne faut que confiderer le principe d'où elles viennent, & le terme où elles peuvent nous conduire. Le principe d'où elles viennent, c'eft Dieu; car il eft certain que tout ce que nous fouffrons ici bas, nous arrive de la part de Dieu : Et peut-il nous arriver quelque chofe de la part d'un Dieu infiniment bon, d'un Dieu qui nous aime, & qui nous aime en pere, d'où nous ne puif fions tirer de trés-grands avantages? Le terme où les fouffrances nous conduisent, c'est le Ciel or pouvons-nous regarder comme un malheur, ce qui nous procure l'entrée dans un lieu fi charmant, & ce qui nous affure la poffeffion de tous les biens qui s'y trouvent? Y a-t-il donc lieu de murmurer & de s'impatienter dans les peines de la vie quelque grandes qu'elles foient? Mais quel mal ne nous faifons-nous pas à nous mêmes, lorfque nous nous laiffons ainfi aller au murmure & à l'impatience? En premier lieu, nous perdons par là absolument tout le merite de nos fouffran ces : Un moment paffe dans les 22 Cor. 6.4. afflictions préfentes, dit l'Apôtre faint Paul, peut nous meriter un poids éternel de gloire audelà de toute mefure. Mais l'im patience nous prive de ces tréfors de merites & de gloire: & quand on a de la foy, peut-on être infenfible à cette perte? En fecond lieu, par nos plaintes & nos murmures nous rendons nos croix beaucoup plus pefantes. Si vous portez volontiers la croix, la croix elle-même vous porte na & ceffera d'être pour vous une croix ; mais fi vous la portez en murmurant & malgré Vous vous en fentirez tout le poids, & elle vous accablera par fa pefanteur. Enfin l'impatience vous rendra vos croix encore plus funeftes, & ce qui dans l'ordre de la Providence devroit être pour vous un fujet de merite, deviendra par vôtre faute la matiere dun grand nombre de pechez & l'occafion de vôtre perte éternelle; vous ferezen même-temps & criminel, & malheureux Vous com mencerez vôtre enfer dés ce monde pour le continuer dans l'autre, & vous aurez le fort du mauvais Larron qui defcendit de la Croix dans les Enfers, au lieu que le bon Larron, à l'exemple de Nô tre-Seigneur, monta au Ciel Secondement, il faut ac- |