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& n'en prendre qu'autant que le devoir, l'obéiffance ou une charité bien reglée l'exigent de nous car dés-là que les occupations font exceffives, elles diffipent ordinairement l'efprit & défechent le cœur. Cinquièmement, s'accoûtu mer autant qu'on le peut à élever fon coeur à Dieu au commencement de chaque action la lui offrir, en pour lui difant : Tout pour vous, mon Dieu, tout pour vous: & fi cette action dure un temps confiderable, il eft bon même dans le cours de l'action de renouveller quelquefois cette intention. Sixiémement fe faire un ufage frequent & familier des Oraifons qu'on nomme jaculatoires. Cetusage eft fort recommandé par tous les maîtres

de la vie fpirituelle. Ces Prieres courtes & ferventes arrê tent la diffipation de nôtre efprit & nous remettent dans la présence de Dieu; ce font des étincelles qui rallument la ferveur du feù de l'Amour de Dieu qui s'éteint; ce font des aspirations qui font à l'a me ce que la refpiration eft au corps, qui la rafraichif fent & la vivifient; ce font des traits qui partent d'un cœur enflamé & qui vont pour ainfi dire jufques au Coeur de Dieu, pour en revenir encore plus ardents & plus capables d'embrafer le même cœur d'où ils font partis ce font des foupirs d'une ame qui aime Dieu

ز

mais

qui voudroit encore l'aimer davantage; enfin ce font des moyens trés-propres pour

unir l'ame à Dieu, & pour entretenir dans elle la paix, le recueillement & la devotion.

:

Il y a trois chofes à obferver fur ces Oraisons jacu latoires. La premiere, eft qu'elles doivent être moins le fruit de l'étude ou des reflexions de l'efprit, qu'un effet de l'onction celefte & une expreffion des fentimens du cœur enforte que les meilleures font celles qui partent du cœur, fans que l'efprit y ait prefque aucune part. La feconde eft, qu'il eft bon cependant d'en avoir quelquesunes de prêtes, que la memoire puiffe nous fournir au befoin pour ranimer la ferveur, lorfqu'on fent qu'elle fe perd, & qu'on tombe dans le relâchement. La troifiéme eft, que comme les difpofi

tions

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tions où ces Oraifons jaculatoires peuvent nous être uti les, font differentes, il eft à propos d'en préparer, qui foient conformes aux divers: befoins,où nous pouvons nous trouver. Elles ont une onction particuliere lorfqu'elles font tirées de l'Ecriture, & les Pfeaumes de David peu vent fur tout nous en fournir un grand nombre; ainfi fi nous nous fentons abbatus par la défiance ou par une crainte exceffive fur nôtre falut, nous dirons avec ce faint Roy: In te Domine speravi, non PS 30. Vl confundar in æternum : Seigneur j'ay efperé en vous, je ne ferai jamais trompé dans mon efperance: ou avec le même: Dominus illuminatio mea& fa. PS.26.vi lus mea, quem timebo? Domi

nys protector vitæ meæ

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quo

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trepidabo? Le Seigneur eft mon falut & ma lumiere, qui puisje craindre ? Il est le protec-teur de ma vie, qui pourra me faire trembler? Quand on fe fent preffé de quelque violente tentation, on peut dire avec le même Prophete: 69. Deus in adjutorium meum inten. de, Domine ad adjuvandum me feftina: Seigneur venez à mon aide, hâtez-vous de me se. courir ; ou avec les Apôtres : Mat. 8. Domine falva nos, perimus: Seigneur fauvez-nous, nous fom mes perdus. Quand on fent fes miferes & fes befoins, il faut dire; Ego vero egenus PS.6906pauper fum, Deus adjuva me. PS. 6. Miferere mei quoniam infirmus fum Je fuis pauvre & dans : l'indigence, Seigneur fecourez-moy. Ayez pitié de moy parce que je fuis foible. Quand

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