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cendre gravelée, laquelle eft utile à plufieurs arts, entre autres à la teinture, & qui fournit un fel qui, mêlé avec la chaux, eft un excellent cauftique propre à la chirurgie, & préférable, fuivant quelques chimiftes, à celui qui fe fait avec la foude. On tire, par la diftillation, l'efprit qui eft retenu dans le vin, & qui eft d'un ufage très-néceffaire dans la pharmacie & dans la médecine. C'eft le diffolvant des réfines, des baumes, des aromates, & en général de toutes les fubftances dont on compofe les élixirs. Il eft la base de l'éther, liqueur trèsfpiritueufe & volatile, qui calme les mouvemens convulfifs, mais dont il feroit auffi dangereux de trop ufer, que de celle dont elle eft tirée.

L'efprit-de-vin rectifié eft un puissant résolutif dans le rhumatifine, la paralyfie, l'engourdiffement, & les autres maladies occafionnées par la diminution du mouvement.

24. POMMIER DE REINETTE.

Malus fativa fructu fubrotundo, è viridi pallefcente, acidodulci, Inft. 634. Mala Prafomilia C. B. 433.

On préfère le fruit de cette efpèce de pomme, pour faire la gelée & le firop qu'on donne aux inalades pour adoucir les âcretés de la gorge & l'enrouement. Les pommes font pectorales, elles appaifent la foif & la toux; elles font cracher on en met une ou deux coupées par rouelles, dans les tifanes béchiques & rafraîchiffantes. Il y a plufieurs préparations différentes du firop de pomme, furtout de celui qui eft compofé. Celui qui eft le plus en ufage, eft le firop de pomme du roi Sapor; dans lequel, outre les fucs de pomme, de bourroche & de buglofe, les feuilles de féné, le tartre foluble, le fafran & le fucre font employés. On doit juger par-là qu'il eft plutôt purgatif que béchique: auffi l'ordonne-t-on ordinairement à une once dans les

infufions ou potions purgatives. Le firop de pomme compofé magiftral, & celui qui eft compofé avec l'ellébore, font encore plus chargés de drogues: on en peut voir la difpenfation dans la Pharmacopée universelle de Lémery, pag. 172, 183.

Le fuc de pomme, mêlé avec le fafran, eft un remède propre contre les vers. Il entre dans la confection alkermès.

La pomme bouillie dans l'eau-rofe ou d'euphrai fe, ou dans du lait, eft excellente pour calmer l'inflammation des yeux : quelques-uns emploient à cet ufage la pomme pourrie, d'autres la chair ou moëlle de la pomme, raclée & étendue fur un linge, & appliquée fur les yeux. Simon Pauli, fur l'expérience d'une dame, affure que la pomme pourrie, cuite fous la cendre & appliquée en cataplafme, arrête le progrès de la gangrène. Taberna Montanns foutient que l'eau diftillée des fleurs du pommier, eft propre à diffiper les rougeurs du vifage en s'en baffinant.

Je ne parlerai point ici du cidre, liqueur auffi agréable au goût qu'utile pour la fanté. On en fait un firop fort bon pour la poitrine. Le cidre convient aux gens maigres & menacés de marafme. Voyez le Traité des Alimens de Lémery, pag. 504.

25. JUJUBIER, Jujubes.

Jujuba majores oblonga C. B. 446. Zizipha fativa I. B. t. j. pag. 40. Ziziphus Dod. 807. Rutila Jonit. Jujuba Offic.

Le fruit de cet arbre, qui croît en Provence, vers Toulon, eft fort eftimé pour les maladies de la poitrine; on en met une douzaine dans une pinte de tifane; on l'ordonne communément avec les fébeftes, les dattes, & les autres fruits pectoraux; mais il faut prendre garde à la dofe, car, au lieu d'une tifane légère qui fe diftribue facilement dans le fang pour le délayer, on fait fouvent une décoction trop épaiffe & trop chargée, laquelle dégoûte

un malade, fatigue fon eftomac & le gonfle, & par conféquent augmente fouvent l'oppreffion & la difficulté de refpirer, loin de l'adoucir quand la tifane se trouve trop épaiffe, il faut y ajouter de l'eau. Les Jujubes entrent dans la plupart des firops compofés qu'on prépare pour le poumon, entre autres, dans celui qui en retient le nom, qui est de la compofition de Méfué, dans le firop d'hyffope, dans le looch fanum, & dans le lénitif fin.

PLANTES ÉTRANGÈRES.

26. SÉBESTES.

Sebeftena domeftica C. B. 446. Mixa five Sebeften I. B. t. j. part. j. p. 197. Sebeften Trag. 1021. Myxa Dod. 806. Prunus Sebeftena Lugd. 359. Myxara, Myxaria, Prunus Malabarica fructu racemofo, calice excepto, Raii Hift. 1563. Vidimaram Hort. Mal.

Les Sébeftes font les fruits d'un arbre qui croît en Afie; on nous les apporte de Syrie & d'Egypte : la décoction d'une once ou deux dans chopine d'eau, avec la manne & la caffe, eft un purgatif doux, qui convient dans les maladies du poumon; car ces fortes de fruits font laxatifs comme les pruneaux. Ils font adouciffans, émolliens, propres à modérer l'âcreté des humeurs : auffi les ordonne-t-on avec fuccès dans les catarrhes, les fluxions de poitrine, la toux, le rhume, & dans l'ardeur d'urine. On les mêle en nombre égal avec les jujubes dans les tifanes pectorales. Ils entrent dans le lénitif, & dans l'électuaire qui porte leur nom,

27. DATTES.

Dactili Officin. Palmulæ, Caryota, Carotides, Phanicobalani, fructus Palma.

Les Dattes font les fruits d'une espèce de palmier qui croît en Afrique & en Egypte, dont voici les noms. Palma major C. B. 506. Palma Raii Hift. 1252. Palma Dactilifera major vulgaris Jonst. Palma five Dachel Alp. Æg. 28. Phanicobalanus quorumdam.

On emploie ordinairement les Dattes dans les tifanes pectorales, au nombre de dix ou douze pour deux pintes d'eau, après les avoir mondées de leur noyaux. Elles font propres dans les cours de ventre, comme adouciffantes & légèrement aftringentes & déterfives. Elles fourniffent un aliment affez doux, lorfqu'elles font fraîches & nouvelles des peuples entiers s'en nourriffent dans l'Orient, & les folitaires de la Palestine n'avoient guère d'autre aliment, fuivant leurs hiftoriens. La pulpe ou la chair des Dattes, cuite dans l'hydromel, & paffée par le tamis, eft la base de l'électuaire diaphénic, dont la vertu purgative dépend de la fcammonée & du turbith: fa dofe eft jufqu'à une once en lavement, plus communément qu'en potion.

28. PISTACHES.

Piftacia peregrina, fručtu racemofo, five Terebinthus Indica Theoph. C. B. 401. Piftacia I. B. tom. j. pag. 175. Nux Piftacia Park. Raii Hift. 1682. Fiftici Lém. Drog.

Le Pistacier eft un arbre qui croît en Perfe & en d'autres lieux de l'Afie: on l'élève aifément dans la Provence & dans les pays chauds. Son fruit, appelé Pistaches, eft en ufage dans la médecine comme dans les alimens; on en ordonne jufqu'à une douzaine dans une pinte d'émulfion pectorale, avec les amandes & les pignons blancs. On les couvre de fucre, & on en fait des dragées : elles font fort nourriffantes, & très-agréables au goût.

29. COTON.

Goffipium frutefcens femine albo C. B. 430. Xylon five Goffipium herbaceum I. B. tom. į, pag. 343. Bombax Offic. Cottus feu Cotta & Bombax Serap.

Le Coton croît en Egypte, en Syrie & dans les îles de Chypre & de Candie; il croît auffi abondamment dans les îles de l'Amérique. Sa graine eft en ufage pour les maladies du poumon; fa dofe eft depuis deux gros jufqu'à demi-once dans chopine

d'émulfion, pour adoucir la toux & faciliter le cra chement: elle eft auffi aftringente, & propre dans la dyffenterie & les cours de ventre. On la donne avec fuccès dans le crachement de fang.

30. BENJOIN.

Benzoim Offic. Belzoinum C. B. 503. Belzoë, Belzoïm, vel Belzuinum vulgo, Lugd. 1781. Benjudeum Ruel. 721. Benevinum Linfc. Benevi Garc. Cluf. Exot. 155. Benjoïnum cujus arbor folio citri, I. B. t. iij. part. ij. pag. 320. Arbor Virginiana citria vel limonia Benzoinum fundens Hort. Amft.

Le Benjoin eft une gomme-réfine très-odorante, laquelle entre dans la compofition des parfums les plus précieux on nous l'apporte des Indes Orientales, de Sumatra & de Siam: on en trouve chez les droguistes de deux fortes : celui qui eft en maffe grenue eft le commun; le plus rare eft en larmes, d'une odeur plus douce & plus aromatique. Les préparations du Benjoin font les fleurs, la teinture avec l'efprit-de-vin, & le magiftère : la dofe des fleurs, qu'on ordonne avec fuccès dans l'afthme & dans la difficulté de refpirer, eft depuis fix jufqu'à dix grains, diffous dans deux gros de canelle orgée, & quatre onces d'eau de coquelicot ou de tuffilage on y a ajoute une once de firop de guimauve, de capillaire ou autre, pour faire une potion béchique & expectorante. Il faut obferver de ne pas ordonner une trop forte dofe de fleurs de Benjoin, car le fel âcre volatil qui domine en elles, eft capable, en augmentant le mouvement des humeurs, d'augmenter la toux au lieu de l'appaiser.

Le Benjoin eft auffi fudorifique, & propre dans les rhumatifmes & dans la feiatique. La teinture de Benjoin fe donne depuis demi-gros jufqu'à un, & fon magistère à un fcrupule au plus. Il entre dans la poudre céphalique odorante de Charas, dans les trochifques alipta mofchate; on s'en fert auffi pour

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