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faire la poudre à embaumer les corps; il entre encore dans l'emplâtre ftomachique & céphalique, & dans la pommade ordinaire des boutiques.

31. SÉNÉKA.

Polygala caule fimplici erecto, foliis ovato-lanceolatis alternis integerrimis, racemo terminatrice erecto, Gron. Flor. Virg. 80. Polygala Virginiana, foliis oblongis, floribus in thyrfo candidis, radice alexipharmacâ, Milleri.

Le Sénéka ou Polygala Virginiana, eft une racine grife en dehors, blanche en dedans, fort entortillée, de la groffeur d'une plume d'oie, qui vient de la Virginie, où elle eft fort connue des fauvages, comme fpécifique certain contre la morfure du ferpent à fonnettes.

Suivant le docteur Tennent, médecin Ecoffois qui pratiquoit à la Virginie vers 1735, dans fa lettre adreffée au docteur Mead, à Londres, cette racine contient un fel actif, atténuant, enveloppé dans un principe balzamique, d'un goût très-piquant, mais qui ne fe développe pas d'abord. Elle eft diurétique, diaphorétique, purgative, & quelquefois émétique, mais plus rarement, à moins qu'on ne la donne à double dofe. On peut ne la rendre que diutérique & diaphorétique, en y ajoutant des abforbans, de l'eau de canelle affoiblie, des yeux d'écreviffes, &c.

Nous avons cru devoir ranger cette racine parmi les remèdes béchiques & exotiques, parce qu'elle eft très-atténuante, facilite puiffamment l'expectoration, & convient principalement dans certaines pleuréfies & fluxions de poitrine.

Le docteur Tennent s'en fervoit de trois manières différentes; ou en poudre à la dofe de trente-cinq grains, & alors elle agiffoit plus lentement; ou en teinture, dans du vin d'Efpagne; ou en décoction, dans de l'eau. La décoction fe faifoit en prenant quatre onces de la racine concaffée, & la faifant

bouillir dans une pinte d'eau réduite à moitié. La dofe étoit de trois cuillerées, réitérées de quatre en quatre heures, jufqu'à ce que les crachats, la fueur, les urines devenues plus abondantes, le malade fût foulagé. Il faifoit toujours précéder une faignée de dix onces. Il préparoit la teinture avec quatre onces de la racine concaffée, mife dans une pinte de vin d'Efpagne, fur les cendres chaudes, pendant fix heures. La dofe étoit auffi de trois cuilÎerées; &, fuivant les observations inférées dans la lettre au docteur Mead, il paroît que le docteur Tennent a employé par prédilection la teinture, & avec raifon l'eau tire beaucoup moins que le vin fur les racines gommeufes, aromatiques & réfineufes.

Pour nous, qui avons employé cette racine toujours avec fuccès, depuis 1742, que feu M. Orry, alors contrôleur-général, nous en avoit donné une grande quantité, nous fommes étonnés des dofes dont ufoit le médecin Ecoffois. Nous ne l'avons jamais donnée en substance qu'à la dofe de douze ou quinze grains; en décoction, qu'à la dofe d'une once; & nous faifions conftamment la décoction avec une chopine de vin blanc léger & autant d'eau, à un tiers tout au plus de réduction, obfervant d'en donner quatre onces toutes les quatre heures.

Les malades fe plaignent d'un goût de poivre qui leur refte dans la gorge; ce qui exige quelques cuillerées de looch blanc ou d'infufion de guimauve, pour adoucir.

Il faut obferver (& cette obfervation eft conforme à celles du docteur Tennent) que ce remède convient beaucoup mieux dans les fauffes pleuréfies & fauffes fluxions de poitrine, appelées notha, que dans les pleuréfies sèches & inflammatoires. Les premières, qui font les plus fréquentes & même prefque toujours épidémiques, viennent dans un

temps froid & humide après un hiver tempéré, ou après un été chaud & humide auquel fuccède un froid inattendu; mais lorfque les pleuréfies font occafionnées par un froid piquant, accompagné d'un vent de nord fec & opiniâtre, la racine ne convient nullement.

Voici comme le médecin Ecoffois s'eft conduit, & en général nous ne nous fommes pas éloignés de fa méthode.

La maladie conftatée par un friffon, un point de côté, de la fièvre, de la difficulté de refpirer, une toux fréquente & vaine, il faifoit tirer dix onces de fang du bras; une heure après, il faifoit prendre trois cuillerées de la teinture, & continuoit jufqu'à ce que les fymptômes fe calmaffent: lorfque ces mêmes fymptômes fe réveilloient, il recouroit à la faignée, & tout de fuite à la racine.

Je crois qu'il feroit mieux de ne donner ce remède qu'avant le trois de la maladie ou après le cinq, pour hâter & faciliter l'expectoration. Tout le monde fait que dans les fauffes pleuréfies la faignée eft moins néceffaire, tandis que dans les vraies elle est l'unique remède.

Il ne faut pas croire que cette racine merveilleuse ne convienne que dans les pleuréfies : elle eft bonne dans les hydropifies, ainfi que l'a obfervé M. Bouvart, dans un fort bon mémoire donné à l'Académie en 1744 : elle convient dans l'asthme, dans la goutte, dans les rhumatifies goutteux, & dans tous les cas où il est avantageux de divifer la lymphe, & d'atténuer la partie trop mucilagineufe du fang.

Il faut obferver que fi le docteur Tennent donnoit, à la Virginie, quatre onces de la racine de Sénéka pour une pinte de teinture, tandis qu'en France nous n'en employons qu'une once, c'eft parce que les racines aromatiques féchées ont plus de

vertu que celles qui font fraîches, ainfi qu'elle étoit employée fur les lieux.

Dans la Matière Médicale de M. Geoffroy, il eft parlé du Sénéka. Cet article, bien fait, eft de M. Bernard de Juffieu; M. Geoffroy, mort en 1730, ne pouvoit avoir connoiffance de cette racine.

32. SUCRE.

Arundo Saccharifera C. B. Hern. 110. Arundo Saccharina I. B. tom. ij. pag. 531; Raii Hift. 1278. Arundo & Calamus Saccharinus, Tab. ic. 257. Mellicalamus Corn. Cannamellas Cæf. 182. Sacchar, Saccharum, Zucharum, Tabaxir, Mel arundinaceum, Mel Canna Lém. Drog. Tacomarée Pif. 108.

La canne à Sucre ou cannamelle, est une espèce de rofeau qui croît naturellement dans les Indes, au Bréfil, & dans les îles Antilles. Le fuc exprimé de ces cannes eft leur fel effentiel, mêlé avec une petite portion de foufre, qui s'appelle Sucre : on le prépare dans le pays, & on le purifie avec l'eau de chaux & les blancs d'oeufs. Après l'avoir cuit en une confistance raisonnable, on l'appelle mofcovade grife cette mofcovade, purifiée de nouveau, fe nomme caffonade, & fert aux apothicaires & aux confifeurs pour leurs conferves, firops, confitures, &c. Le Sucre en pain eft une purification de la mofcovade grife avec les blancs d'oeufs & la chaux, & verfée enfuite dans des moules. Ce Sucre, extrêmement purifié par des clarifications réitérées, s'appelle Sucre royal: plus il eft raffiné, plus il est dépouillé de fes foufres groffiers, & par conféquent plus il fe candit & fe criftallife aifément; c'eft pour cela que les confitures faites avec la caffonade, se candiffent moins qu'avec le Sucre.

Les préparations de fucre en ufage dans la médecine font: 1o. le Sucre rouge ou la chypre, qui eft une espèce de mofcovade faite des firops des Sucres en pain on l'ordonne à une once dans les lavemens, fur-tout aux enfans qu'on foupçonne d'avoir

des vers. 2°. Le Sucre candi, qui eft un Sucre criftallifé, qu'on emploie communément pour adoucir la toux & les âcretés de la gorge & de la poitrine, dans le rhume. 3°. Le Sucre d'orge, qui eft un Sucre diffous dans l'eau d'orge, ou dans l'eau fimple, lequel étant très-cuit, se forme en bâtons longs, de la groffeur du doigt. 4°. Le Sucre tors, appelé pénides, épénides, ou alphænix, qui eft un Sucre cuit comme le précédent, & réduit en pâte, ou feul, ou avec l'amidon, qu'on forme enfuite en bâtons tortillés. 5°. Le fucre rofat, ainfi nommé parce qu'on emploie l'eau-rofe pour le diffoudre: lorfqu'il eft bien cuit, on le met en grenailles ou en tablettes; on le préfère au Sucre commun pour mettre dans le petit-lait.

Le Sucre entre dans plufieurs compofitions, tablettes, firops, &c. comme auffi dans plufieurs alimens, dont il eft un affaifonnement de même que le fel; on doit en ufer avec une égale modération.

33. ANANAS.

Ananas aculeatus, fructu ovato, carne albidá, Plum. Ananas aculeatus, fructu pyramidato, carne aureá, Plum. Ananas folio vix ferrato, Boerh. ind. A. 2. 83. Ananas lucidè virens, folio vix ferrato, Hort. Elth. Ananas aculeatus, fructu pyramidato virefcente, carne aureâ. Ananas fručtu ovato ex luteo virefcente, carne luted.

L'Ananas est un fruit délicieux, fait pour la table des Rois & des heureux du fiècle. Né dans les Indes Orientales, tranfplanté dans les Occidentales, & enfuite en Europe, où il n'eft venu qu'avec les fecours des ferres chaudes, & d'une culture difpendieufe & recherchée, il faut trois années au moins pour voir fa tige fleurir, & près de fix mois pour la voir au point de perfection. Ce fruit est d'abord vert, & enfuite en mûriffant il jaunit d'une belle couleur orangée. Les plus beaux ont près de huit pouces de hauteur & douze de circonférence.

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