peut s'en fervir dans les tifanes & apozèmes qu'on ordonne aux afthmatiques. Hoffmann l'eftime autant que la méliffe pour les vapeurs hystériques. Il affure que fi on trempe les parties infectées de la gale dans cette décoction, elle les guérit. On fubftitue à l'Herbe-au-Chat le baume ou la menthe fauvage, dont il y a plufieurs efpèces également bonnes, étant toutes d'une odeur forte, pénétrante & aromatique. Voici deux efpèces des plus communes. 17. MENTHE Ou Baume aquatique.

1. Mentha rotundifolia paluftris, feu aquatica major, C. B. 227. Mentha aquatica five Sifymbrium I. B. tom. iij. part. ij. p. 223. Calamentha aquat. Tab. ic. 353. Sifymbrium Dod. 97.

Quelques herboriftes appellent cette plante Pouliot-thym affez mal-à-propos; car ce nom ne convient qu'au pouliot, auquel on la peut quelquefois fubftituer: ils donnent auffi ce nom à une autre efpèce de Menthe qui lui reffemble. Voyez ci-après la claffe des plantes Céphaliques.

2. Mentha filveftris rotundiore folio C. B. 227. Menthaftrum folio rugofo rotundiore fpontaneum flore fpicato, odore gravi, 1. B. tom. iij. part. ij. pag. 219. Menthaftrum Ger. Raii Hift. 532.

Toutes les espèces de Baume qu'on cultive dans les potagers, font également ftomachiques & hyltériques.

18. AGNUS-CASTUS.

Agnus folio non ferrato, I. B. tom. j. pag. 205. Vitex foliis anguftioribus cannabis modo difpofitis C. B. 475. Agnus-Caftus Gefn. Salix amerina Matth. Elaagnon Theoph. Adv. Lob. ic. 138.

La femence de cette plante eft en ufage depuis demi-dragme jufqu'à une dragme, en poudre ou bien en émulfion. Dans quatre onces d'eau de nénufar on délaie demi-once de cette femence qu'on a concaffée, & on l'y laiffe infufer quelque temps avant de la paffer: ce remède eft utile pour calmer les accès de la paffion hystérique; la feuille & la

fleur font réfolutives, & propres en fomentation fur les duretés de la rate.

L'eau où les feuilles & les fleurs ont macéré est apéritive, également propre à pouffer les règles & à déboucher les vifcères: la décoction de cette plante eft capable de deffécher les ulcères intérieurs, fur-tout ceux de la verge. Wédélius recommande la femence de vitex pour la gonorrhée.

Le nom de cette plante femble indiquer qu'elle a la propriété de réprimer les mouvemens impétueux de la chair. Un pafteur d'une piété confommée & d'un zèle apoftolique (ce pafteur étoit Noel Chomel, curé de S. Vincent de Lyon) a fait beaucoup valoir dans fes Lettres & dans fon Dictionnaire économique, un remède qu'il en compofoit, & qu'il regardoit comme un fecret infaillible pour conferver la chasteté : je défère beaucoup à fon témoignage, mais je n'ai pas encore d'affez sûres expériences de ce remède pour l'établir comme un moyen capable de procurer une vertu fi difficile à pratiquer, fans le fecours d'une grace furnaturelle.

19. ARROCHE PUante.

Atriplex fatida C. B. 110; I. B. tom. ij. pag. 974. Chanopodium fætidum Inft. 516. Vulvaria Tab. ic. 428.

On emploie, avec fuccès, cette plante en décoction & en lavement, pour les paffions hystéri ques on en fait même une conferve avec le fucre. Quelques-uns l'ordonnent féchée au four, & bouillie dans l'eau à la manière du thé : la mauvaise odeur de fes feuilles a introduit leur ufage.

PLANTES ÉTRANGÈRES.

20. CALAMUS-VERUS, ou Rofeau odorant. Calamus verus, feu amarus Offic. Calamus aromaticus Syriacus & odoratus quorumdam. Calamus aromaticus verus quibufdam, I. B. tom. ij. pag. 528. Arundo Syriaca aromatica, foliis ex adverfo fitis, Mor. Oxon.

Cette espèce de Rofeau croît dans les Indes orientales, d'où on l'apporte à Marseille en petites bottes: comme il eft affez rare, les droguiftes lui fubftuent la racine de la plante fuivante, qui n'a pas moins de vertu. Le Rofeau odorant eft apéritif, propre à pouffer les mois & les urines: on le donne en fubftance & en poudre, depuis demi-gros jufqu'à une dragme: il eft employé dans la théria& dans plufieurs autres compofitions cordiales. 21. ACORUS.

que

Acorus verus feu Calamus aromaticus Officinarum C. B. 34 Calamus aromaticus vulgaris, multis Acorum, I. B. tom. ij. pag. 734; Raii Hift. 1313. Acorus Dod. 249. Acorus Officinis falsò Calamus Lob. ic. 57.

Cette plante fe trouve abondamment dans les ma rais de l'Afie, dans la Tartarie & dans la Pologne; elle vient auffi en Angleterre & en Hollande. La racine, qui eft en ufage en médecine, eft aromatique, céphalique, cordiale, ftomachique & hystérique; elle emporte les obftructions, & facilite le crachement dans l'afthme. Sa dofe, en substance & en poudre, eft ordinairement d'un gros, & en infufion d'une demi-once; on la donne dans le vin de Bourgogne, ou dans quelque autre liqueur cordiale j'en ai vu de bons effets dans les foibleffes d'eftomac, les indigeftions & le vomiffement.

Simon Pauli, Solenander & Koenig, recommandent l'ufage de cette racine dans la colique venteufe, & pour diffiper les vents qui gonflent l'eftomac: il faut alors délayer dans un verre de vin vieux un gros ou un gros & demi de racine d'Acorus en poudre, avec demi-gros d'écorce d'orange sèche pulvérifée.

pas

M. Herman n'eftime feulement l'Acorus pour pouffer les mois, mais encore pour le fcorbut & pour l'hydropifie: il l'ordonne auffi dans les fomentations qu'on emploie dans la paralyfie, pour forti

fier les nerfs.

L'Acorus entre dans la décoction céphalique, la poudre céphalique odorante, l'orviétan, le mithridat, la thériaque, l'électuaire des baies de laurier, dans les trochifques de capres, & dans le diacorum de Méiué, électuaire céphalique auquel cette plante a donné le nom.

22. GOMME AMMONIAC.

Ammoniacum C. B. 494. Ammoniaci lacryma Math. Ferula lacryma Galeno aii Hift. 1844. Althatut, Raxach, Raffach, Gur. Schrod.

C'est une espèce de gomme-réfine qui coule par incifion d'une plante qui croît abondamment dans la Lybie & dans la Mauritanie, affeż près de l'endroit où étoit autrefois le temple de Jupiter-Ammon, d'où vient le nom qu'on lui a donné. Cette drogue n'est pas rare on choifit celle qui eft en larmes, & en morceaux ronds ou ovales, blancs dans leur intérieur, & jaunâtres au dehors: celle qui eft en masse, remplie de femence, lui eft fort inférieure. On la diffout dans le vinaigre, ou bien on la met en poudre, quoique difficilement. C'eft un bon apéritif & un fondant affez efficace : on la donne en bol, en pilules, ou fous telle autre forme folide, mêlée avec les ingrédiens qui ont la même vertu, fur-tout avec la myrrhe, la fcammonée & le mercure doux, dans les opiats méfentériques on y ajoute quelques préparations de mars pour les fuppreffions des règles: la dofe eft depuis douze jufqu'à vingt-quatre grains. La Gomme Ammoniac eft utilement employée dans l'asthme; c'est un puiffant réfolutif appliqué extérieurement pour les loupes & pour les autres tumeurs skirrheuses.

M. Herman avance qu'en donnant la Gomme Ammoniac à une dofe un peu forte, elle ouvre le ventre il l'ordonne à une dragme diffoute dans deux onces & demie d'eau de canelle, de menthe ou de pouliot, J'ai éprouvé fouvent que la Gomme

Ammoniac en larmes purgeoit à un fcrupule. Ce même auteur loue l'emplâtre de Gomme Ammoniac, avec partie égale d'emplâtre de ciguë, pour la fciatique & les douleurs de reins, en l'appliquant fur les lombes. On emploie, avec fuccès, cette drogue dans les vapeurs hystériques & hypocondriaques, dans le fcorbut & dans la plupart des maladies longues & opiniâtres. Emmanuel Koenig affure que l'huile fétide & noire, tirée de cette gomme par la diftillation, diffout les écrouelles.

Elle entre dans les pilules puantes, dans les tar tarées de Quercétan; elle a donné le nom aux pilules d'Ammoniac: elle entre auffi dans la compofition de l'électuaire apéritif cathartique de Charas, & celui contre l'hydropifie du même auteur; dans la plupart des onguents, entre autres dans le divin, celui de mélilot, celui des apôtres, le diachylum avec les gommes, l'emplâtre de ciguë, &c. 23. MYRRHE.

Myrrha C. B. 501; I. B. tom. j. part. ij. pag. 311. Bola Indis Cluf. Exot. 156. Myrrha & Opocalpafum quorumdam. State, Myrrha Troglodytica Diofc. Officin. Raii Hist. 1641.

La Myrrhe est une réfine qui coule par incifion d'un arbre qui croît en Afrique, dans l'Arabie, chez les Abyffins & chez les Troglodites. La plus belle eft en morceaux tranfparens, d'un rouge foncé & rouillé elle fe met en poudre aifément dans les doigts; fon odeur est affez forte, & fon amertume confidérable celle qui eft noirâtre & remplie de terre & de faletés, eft à rejeter. Le véritable stacté des anciens eft cette liqueur précieuse qui fe trouve dans le centre des plus gros morceaux de Myrrhe, lorfqu'elle eft récente; ou, fuivant Diofcoride, le ftacté eft une préparation de la Myrrhe diffoute dans un peu d'eau. Cette drogue ne fe trouve point; celle qu'on vend fous ce nom eft artificielle.

La Myrrhe est un bon remède pour lever les obf