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Les racines de Fraxinelle & de Carline font auffi fudorifiques, comme je le dirai dans la claffe fuivante.

Dompte-venin. La décoction d'une demi-livre de fa racine dans deux livres de vin, réduites aux deux tiers, fait fuer confidérablement, fuivant Tragus, qui affure que ce remède foulage les hydropiques. Voyez la claffe fuivante.

La Tanaifie & l'Abfinthe, mifes en digeftion dans le vin pendant quelques jours, & diftillées enfuite, fourniffent une eau fpiritueufe, utile dans certaines fièvres malignes, & qui eft fudorifique à deux onces, mêlée avec un gros de thériaque. Voyez ciaprès la claffe des plantes Stomachiques.

SEPTIÈME

CLASS E.

PLANTES CORDIALES ET ALEXITÈRES.

Nous appelons plantes Cordiales celles qui pas

fent pour avoir la propriété de fortifier le cœur, & qu'on emploie avec fuccès dans les maladies qui femblent attaquer particuliérement cette partie, comme font les fyncopes, les défaillances, les évanouiffemens, &c. dans lefquelles le mouvement du cœur eft fufpendu ou interrompu. Néanmoins, à parler avec jufteffe, les Cordiaux ne fortifient pas plus le cœur que les autres parties du corps, entre autres l'eftomac, que le vulgaire confond avec le cœur, en difant qu'on a mal au cœur, lorsque l'eftomac fouffre par quelque naufée ou autre maladie. On appelle auffi ces plantes Alexitères, parce qu'elles conviennent dans les maladies contagieufes & peftilentielles, contre les poifons & la morfure des bêtes venimeufes, dans les fièvres malignes & pour

prées, & dans les maladies dans lesquelles la chaleur naturelle eft prefque éteinte; car, dans celles où il y a inflammation dans quelque vifcère, les Cordiaux, particulièrement ceux qui font volatils, font très-contraires; & dans ce cas ceux qui font tempérés doivent être mis en usage, comme nous le dirons dans la fuite de cette claffe. En un mot, les plantes Cordiales & Alexitères font celles qui rétabliffent le cours libre du fang & des efprits, non-feulement dans le cœur, mais auffi dans toute l'habitude du corps. C'eft par cette raifon qu'elles deviennent quelquefois diaphorétiques, en ce qu'elles augmentent l'infenfible tranfpiration; & c'est ce qui m'a déterminé à les placer dans la feconde édition après les diaphorétiques, & dans le rang des plantes que nous appelons Evacuantes.

Nous croyons devoir avertir que la méthode des Alexitères ou Cordiaux, eft en général dangereuse dans les climats que nous habitons, & avec le régime de vie qu'obfervent la plupart des François. Dans le traitement des maladies, il eft beaucoup plus fûr de calmer la vivacité des humeurs & d'en adou. cir l'âcreté, que de chercher à les chaffer au-dehors par des tranfpirations forcées, des éruptions incertaines, des fueurs peu efficaces. Tel qui croit divifer la maffe du fang, détruire l'épaiffiffement des humeurs, donner à la matière morbifique un dégré de coction, de maturité & de fluidité capable de la faire paffer par les plus petits vaiffeaux des organes deftinés à la dépuration, fe trompe bien fouvent, enflamme la maffe du fang, ou tout au moins perd le temps fi précieux dans les maladies, & n'eft averti de fon erreur que lorfqu'il n'eft plus poffible d'y remédier. Ne vaut-il pas mieux fe fervir d'un frein pour retenir un cheval fougueux, que d'effayer de le dompter par la violence? Il se cabre, renverfe & tue celui qui le monte.

On a vu três-rarement réuffir des médecins qui, fans doute, nés froids & mélancoliques, dans un pays entouré d'eaux & de marais fangeux, ne connoiffoient d'autres moyens de guérir que d'échauf fer le fang, d'allumer la fièvre, d'exciter des fueurs, des urines âcres & troubles, des évacuations précoces, enfin de procurer de prétendues crifes qui, n'étant pas l'ouvrage de la nature, achevoient de détruire des tempéramens altérés par la maladie,

Parlons ouvertement : la racine de Contrayerva, l'Angélique de Bohême, la racine de Valériane fauvage, la Canelle, les baumes de la Mecque & du Pérou, les fels de Vipère & de corne de Cerf, les Gommes chaudes, aromatiques & pénétrantes, la Myrrhe, l'Encens, les fubftances faciles à fe fubtilifer, le Mufc, l'Ambre, font fans doute tous remèdes fort actifs; mais, par la même raifon, ils font d'un ufage bien dangereux. Si nous avons vu quelques médecins étrangers les employer de préférence & exclufivement à tout autre remède, c'é toient des gens qui couroient les provinces, plus occupés d'emporter l'argent du public, que l'estime des bons médecins & des honnêtes gens,

Il faut encore faire attention que, lorfque mon père commençoit ce Traité des Plantes Ufuelles, on n'avoit point encore confondų, comme on a fait depuis environ vingt ans, les fièvres vraiment appelées malignes par les anciens, parce qu'elles at taquoient principalement le cœur par leurs qualités contagieufes & peftilentielles, avec les fièvres continues, inflammatoires, putrides, auxquelles, malà-propos, on donne tous les jours le nom de fièvres malignes, parce qu'elles font accompagnées de fymptômes effrayans. Ce n'eft pas par le délire, les mouvemens convulfifs des tendons, les yeux fixes & hagards, la langue sèche & rôtie, les hémorragies & autres fymptômes, qu'on doit carac

tériser la fièvre maligne: c'eft par la foibleffe, l'abattement des forces, la violence du mal, la rapidité de la contagion, le peu de durée de la maladie, & les ravages qu'elle fait, qu'on peut dire qu'elle eft maligne. C'eft prefque toujours à des caufes générales, des nourritures mauvaises, un air empefté, des exhalaifons d'eaux croupies, des marais mal defféchés, des cadavres expofés à l'air, ou d'autres caufes femblables qu'on doit attribuer cette pourriture fingulière qui occafionne les fièvres vraiment malignes; & c'eft alors que les Cordiaux ou Alexitères peuvent quelquefois convenir, fur-tout lorfqu'ils font fagement alliés avec les évacuans dont ils foutiennent & développent l'efficacité. Voilà la route que l'expérience confeille, & celle que fuivent les meilleurs praticiens.

I. AIL & ROCAMBOLE.

1. Allium fativum C. B. 73. Allium vulgare & fativum I. B. tom. ij. pag. 554; Dod. 682. [AIL.]

2. Allium fativum alterum, Allioprafum caulis fummo circumvoluto, C. B. 73. Allii genus, Ophiofcordon dictum quibufdam, I. B. tom. ij. pag. 559. Scorodoprafum 11. Cluf. Hift. 191. [ROCAMBOLE.]

La racine de l'Ail paffe pour contre-poifon des plus efficaces. Quelques-uns fe croient à l'épreuve du mauvais air lorfqu'ils en ont fur eux : d'autres ont foin d'en prendre un petit morceau dans la bouche, en approchant d'un malade. On mêle dans certains pays l'Ail avec les alimens, comme un affaifonnement qui en relève le goût. Les propriétés de l'Ail les plus éprouvées, font de réfifter à la malignité des humeurs, de pouffer le gravier & les urines, & de guérir la colique venteufe: pour cela on le prend intérieurement, bouilli dans le lait, en lavement, ou appliqué extérieurement fur le nombril; on l'ordonne auffi avec fuccès de cette dernière manière pour tuer les vers des enfans. L'Ail

eft très-capable de réchauffer l'eftomac, & de réveiller l'appétit. Les gens de la campagne le regardent comme un cordial univerfel, & l'eftiment autant que la thériaque & l'orviétan; c'eft pour cela qu'on l'appelle la thériaque des pauvres. Platérus n'avoit pas de meilleur remède dans la pefte, que de faire fuer les malades avec deux onces d'hydromel, dans lequel on avoit fait bouillir de l'Ail. Galien, Schenkius, Zacutus & Borel confirment par leur expérience la vertu de l'Ail dans la colique & pour appaifer les tranchées : quelques-uns font avaler de grands verres d'eau tiède, dans laquelle on a jeté une gouffe d'Ail hachée groffièrement. Foreftus rapporte des obfervations qui prouvent que l'ufage de l'Ail fait paffer les eaux des hydropiques. Lauremberg affure que rien ne foulage plus les fcorbutiques que l'Ail, & il confirme ce que j'ai dit cideffus de fon utilité pour la gravelle, le lait où on l'a fait bouillir étant capable d'appaifer la douleur de la pierre. Quelques auteurs le recommandent pour l'afthme, & pour faciliter l'expectoration. On emploie ordinairement l'Ail en fubftance, à petite dofe, en infufion dans le vin blanc, une gouffe dans un demi-fetier lorfqu'on le fait bouillir dans le lait, on en met deux ou trois gouffes, au plus, dans une chopine.

D'après Sydenham, j'ai fouvent appliqué avec fuccès, pendant tout le temps de la fuppuration de la petite-vérole, de l'Ail cuit fous la cendre, & mis à la plante des pieds. On renouvelle tous les jours ce remède. Il foutient le gonflement du vifage, fortifie fans échauffer, & facilite la fuppuration. Il faut l'appliquer le quatre de l'éruption, jusqu'au dix seulement.

Le fuc d'Ail mêlé avec l'huile de noix, eft excellent pour la brûlure. L'Ail & la joubarbe pilés enfemble en confistance de moëlle ou pulpe, ap

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