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La feconde Partie de cet ouvrage, qui traite des plantes Altérantes, fera féparée en deux Sections. Dans la première, feront comprises les Altérantes que j'appelle du premier ordre, lefquelles font deftinées ou à certaines maladies en particulier, ou aux différentes parties du corps. Cette Section renfermera fept Claffes.

La première Claffe traitera des Céphaliques & Aromatiques; la feconde, des Ophthalmiques; la troisième, des Stomachiques & de celles qui tuent les vers; la quatrième, des Fébrifuges; la cinquième, des Hépatiques & Spléniques; la fixième, des Carminatives qui diffipent les vents; & la feptième, des anti-Scorbutiques.

La feconde Section de la feconde Partie comprendra les plantes Altérantes que je nomme du fecond ordre, lefquelles font également utiles à plufieurs maladies & à plufieurs parties du corps: cette Section renfermera cinq Claffes.

Dans la première Claffe feront comprises les plantes Vulnéraires que je féparerai en trois Chapitres, par rapport à leur grand nombre & à leurs différens effets: le premier traitera des Vulnéraires proprement dites, dont la plupart font Aftringentes; on y joindra les Plantes qui ont la vertu de refferrer le fecond Chapitre parlera des vulnéraires Déterfives: le troifième, des vulnéraires Apéritives.

La deuxième Claffe de cette feconde Section contiendra les herbes Emollientes; la troifième traitera des Réfolutives; la quatrième, des Anodines & Affoupiffantes; la cinquième enfin, des plantes Rafraîchiffantes & Incraffantes.

Voilà la divifion générale de cet Abrégé, & en même temps le plan d'un jardin, dans lequel on peut ranger les Plantes dans le même ordre & fous les mêmes nombres qu'on les trouve ici.

PREMIÈRE PARTIE.

DES PLANTES APPELÉES EVACUANTES, parce qu'elles vident les humeurs par les voies fenfibles & ordinaires.

PREMIÈRE CLASS E.

PLANTES PURGATIVES.

ON comprend fous ce titre les plantes qui purgent, foit par le vomiffement, & alors on les appelle Emétiques; foit par le ventre, & on les nomme Purgatives ou Cathartiques. Quoique les rémèdes en général, & fur-tout les purgatifs, n'agiffent que fuivant la difpofition des humeurs, la différence des tempéramens, de l'âge, du fexe, du climat, de la faifon, du poids & de la variété de l'air, & de plufieurs autres circonftances; on peut cependant affurer que l'action des remèdes en général, & des purgatifs en particulier, dépend principalement des parties intégrantes du médicament dont on fe fert: ainfi il eft des purgatifs dont les principes doux, onctueux, mucilagineux, agiffent en relâchant les fibres de l'eftomac & des inteftins; tels, par exemple, que l'huile d'amandes douces. Ce remède, en gliffant le long des inteftins, fert à détacher les matières accumulées & retenues par leurs rugofités; ces matières une fois lubréfiées, graiffées, font alors entraînées par leur propre poids, & fuivent le trajet des inteftins, qui par-là deviennent plus libres dans leur action & leur mouvement. Ce purgatif,

le plus doux de tous, peut être donné dans des cas où on n'oferoit hafarder aucun autre purgatif, dans une colique inflammatoire, dans une inflammation du bas-ventre, dans une rétention d'urine, une fluxion de poitrine. On foutient ordinairement une dofe de deux ou trois onces, par plufieurs autres données quatre, ou cinq, ou fix heures les unes après les autres, c'eft-à-dire, lorfqu'on croit que la première dose est déja avancée.

Il ne faut cependant pas continuer de donner plufieurs jours de fuite cette huile, parce que les gros excrémens une fois évacués, l'huile nuiroit en bouchant & engorgeant les orifices des veines lactées, & rebuteroit le malade en énervant l'action du fuc gaftrique ainfi dans les deux premiers jours on peut l'employer avec fuccès, en obfervant néanmoins fi l'huile paffe & paroît dans les felles; car il arrive quelquefois que l'huile fe durcit, prend la forme d'un favon, par un mélange de fels âcres & lixiviels qui fe rencontrent dans les inteftins. Il n'eft point de Médecin qui, dans le cours de fa pratique, n'ait vu de ces efpèces de paquets d'huile prefque pétrifiée & durcie comme de la cire verte, & dont les malades avoient beaucoup de peine à fe débarraffer. Le remède alors eft de donner des eaux chaudes, telles que les eaux de Vichi, de Cranfac, de Balaruc, ou feulement de l'eau de rivière tiède, par verrées, de d'heure en quart

d'heure.

quart

Outre l'huile qui agit comme relâchant, le fuc de Violette, de Mercuriale, de Poirée, de Laitue, de Fumeterre, le Petit-lait clair ou clarifié, le jus de Pruneaux, la Caffe mondée ou l'eau de Caffe, les Tamarins, une décoction de Sébeftes, font encore des remèdes qui purgent doucement en relâchant, & qui conviennent dans tous les cas où il est queftion de purger fans irriter.

Après les purgatifs délayans & relâchans, fuivent les purgatifs qui agiffent en fondant les humeurs gluantes, vifqueufes, ténaces; & ces purgatifs font plus ou moins actifs les uns que les autres, pour remplir les indications qui font différentes prefque à l'infini. En général, les remèdes favonneux, c'eftà-dire, mêlés d'huile & de fels, les remèdes gommeux & légèrement réfineux, ont la vertu de purger en fondant, en rendant les humeurs épaiffes mifcibles avec les liqueurs purement aqueufes. De ce nombre font la Manne, le fuc d'Iris, les infufions de fleurs de Pêcher, de Roses pâles, les baies de Noirprun, la gomme Ammoniac, le Sagapenum, le Savon ordinaire.

D'autres purgatifs agiffent en irritant les fibres de l'eftomac ou les fibres des inteftins, par leurs fels âcres, piquans, en s'infinuant, par la voie de la circulation, jufques dans les glandes, expriment l'humeur qui les remplit, les forcent d'entrer en contraction; auffi ces derniers purgatifs demandent beaucoup de fagacité & d'ufage de la part de ceux qui les confeillent : je dis de fagacité & d'ufage, parce que de l'efprit, du jugement, beaucoup d'érudition & de théorie dans un Médecin fans ufage & fans expérience, font fouvent nuifibles; & de l'ufage fans efprit & fans lumières, ne fera qu'un Empirique qui ne faura jamais pourquoi il réuffit fi le fuccès le favorife, moins encore pourquoi il ne réuffit pas fi l'événement eft fâcheux. Ces purgatifs actifs & irritans, font le Séné, la Scammonée, l'Aloès, le Pignon d'Inde, la réfine de Jalap, la gomme Gutte, l'Agaric, l'Elaterium ou Concombre fauvage, l'Herbe à pauvre homme, l'Ellébore, la Coloquinte & l'Ipécacuanha.

Dans la multitude des purgatifs qui diffèrent en principes, & que nous venons de nommer, quelle prudence ne doit point avoir un Médecin fur le

choix, fur les doses, fur les préparations qu'il faut employer? Donnera-t-il ces purgatifs indifféremment en infufion, en décoction, en fubftance, en bol? Avec quels remèdes doit-il les allier? Tel remède n'a-t-il pas befoin de correctíf? mais en le corrigeant, n'énervez-vous pas la vertu du purgatif? Par exemple, vous mettez avec du Séné de la crême de Tartre; mais ne diminuez-vous pas beaucoup trop la vertu purgative du Séné, enforte que le purgatif n'ayant pas affez d'action, les efforts de la nature deviennent inutiles? Vous perdez l'occafion favorable de purger; occafion qui fouvent ne fe retrouve plus.

Bien d'autres difficultés fe préfentent dans l'ufage des purgatifs. Faut-il purger dans le commencement, des maladies, lorfqu'il y a regorgement? faut-il attendre que les humeurs foient fondues, que les fibres foient relachées, que les accidens foient calmés? Les purgatifs agiffent-ils par choix fur telles ou telles humeurs par préférence? Le Séné purget-il la bile?le Jalap, la pituite ? l'Aloès, l'humeur plus épaiffe & plus ténace que les anciens appeloient le fuc mélancolique? On pourroit faire encore un grand nombre d'autres queftions que notre deffein n'eft ni de propofer, ni de réfoudre. On peut dire, en général, que l'ufage & l'expérience, qu'un certain tact, une certaine fineffe qui s'apprend & ne s'enfeigne que difficilement, fervent à réfoudre toutes ces queftions beaucoup plus facilement que les préceptes les plus réfléchis. Je n'en voudrois d'autres preuves que celles qui fe préfentent d'abord dans tous les livres. Ces queftions y ont été agitées depuis plus de deux mille ans, & fe propofent encore avec le même degré de probabilité, en foutenant le pour & le contre; & par conféquent adhuc fub judice lis eft.

Je ne chercherai cependant pas à éluder ces dif

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