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SECONDE CLASSE. PLANTES OPHTHALMIQUES. Nous entendons par remèdes Ophtalmiques, ceux qui font propres aux maladies des yeux, à caufe du mot greciaaμòs, qui veut dire ceil: on les appelle auffi remèdes optiques. Ces fortes de remèdes font ou déterfifs, ou rafraîchiffans, parce qu'ils appaifent l'inflammation, ou nettoient les petits ulcères qui fe forment autour des yeux; ainfi on pourroit parler de ces plantes dans les claffes des plantes rafraîchiffantes ou dans celles des vulnéraires déterfives; mais j'ai cru devoir les diftinguer dans une claffe particulière, foit pour fuivre l'ufage établi, foit pour mieux faire remarquer des plantes qui font reconnues propres à des maladies très-fréquentes: on les applique la plupart extérieurement, & leurs eaux diftillées font employées dans les collyres, qui font des compofitions deftinées pour ces fortes de maladies.

De tout temps les maladies des yeux ont exigé l'étude la plus férieufe, tant à caufe de leur grand nombre & la difficulté de les guérir, qu'à caufe de la délicateffe & de la néceffité de l'organe qu'elles attaquent. Les oculiftes font connus dans l'ancienne hiftoire de la médecine; & quoique le nombre en foit plus refferré aujourd'hui, nous n'en manquons point la plupart font un grand fecret de leurs petits remèdes; & l'on peut affurer, en général, que les plus fimples, les plus naturels, les moins compofés, méritent la préférence. Cette claffe des Ophthalmiques fera par conféquent très-bornée; nous ne chercherons pas même à l'étendre davantage. On doit dans la plupart des maladies des yeux recourir aux

médecins mêmes, ou à ceux qui en font leur étude particulière, qui ont l'eftime des médecins connoiffeurs en cette partie, & faire une grande différence entre les oculiftes approuvés fuivant les règles établies, & des coureurs fans aveu & fans connoiffances, ou des frères lai fans miffion. Il ne faut pas croire qu'une eau diftribuée pour les maladies des yeux, une pierre (fût-elle nommée divine) détrempée dans une infufion de plantes appropriées, ou tel autre remède prôné & accrédité par l'ignorance, puiffent être employés fans conféquence & à tout propos, dès qu'on a mal aux yeux : c'est une erreur pernicieufe, & dont on ne revient qu'à fes dépens. Un épaiffiffement commencé dans les humeurs de l'œil, bien fouvent s'aggrave & augmente par l'application d'un remède donné fans réflexions & fans ufage. Il ne faut pas s'en tenir aux feuls topiques dans un grand nombre de maladies, où ils font plus dangereux qu'utiles, & où les remèdes pris intérieurement font beaucoup plus efficaces. Il eft neceffaire, dans le traitement des maladies des yeux, d'employer quelquefois des remèdes déterfifs, defficcatifs, vulnéraires, atténuans; fouvent des calmans, des émolliens, des relâchans, des adouciffans. Que doit-on penser de ces eaux pour les yeux, qu'on diftribue fans être mis au fait de la maladie pour laquelle on veut les employer, ou fans favoir même fi le remède conviendra dans tous les temps? Une inflammation des yeux dégénère en fuppuration ou en ulcère incurable, très-fouvent par l'application d'un remède trop actif, qui, dans un cas tout oppofé, feroit trèsbien indiqué

1. ECLAIRE, Chélidoine, Felougne.

1. Chelidonium majus vulgare C. B. 144. Chelidonia I. B. om, iij. pag. 482. Chelidonium majus Dod. 48. Papaver cor

niculatum luteum, Chelidonia dictum, Raii Syn. Hift. 857, Hirundinaria major quorumdam.

Il y a peu de plantes plus communes que l'Eclaire le long des murs des jardins & des villages, fur-tout fur les vieilles mazures. On emploie toute la plante en médecine: l'eau diftillée eft en ufage pour nettoyer les ulcères qui fe forment aux glandes des paupières : fon fuc mêlé avec pareille quantité d'eaurofe, fait le même effet: on applique fur l'œil de petites compreffes trempées dans cette liqueur. Le fuc d'Eclaire feul, guérit les taies, étant un puisfant déterfif on s'en fert non-feulement pour les ulcères, les démangeaifons, & pour les autres maladies des yeux, mais encore pour la gale & les ulcères des autres parties du corps, pour les contufions & les meurtriffures : l'herbe pilée ou bouillie, appliquée en cataplafine avec un peu d'eaude-vie, eft un très bon réfolutif: le fuc jaune de cette herbe mis fur les verrues, après leur avoir coupé & découvert les racines, les guérit affez fûrement, comme fait le fuc laiteux du tithymale, & des autres plantes âcres & corrofives.

La racine de cette plante, lavée & coupée par morceaux, infufée enfuite dans de fort vinaigre avec du fel, fournit un remède qui n'eft pas à méprifer pour en baffiner les dartres: trois poignées de fes feuilles hachées, mêlées avec l'avoine ou le fon, font bonnes pour la toux des chevaux.

Le remède fuivant eft utile dans les vapeurs, & pour les maladies du poumon qu'on appelle confomption.

Mettez dans un alambic en digeftion pendant huit jours douze livres d'Eclaire, trente-fix écreviffes de rivière dépecées & pilées légèrement, deux livres de miel, lutez l'alambic, & diftillez au bain-marie : l'eau qu'on en tire fe boit depuis deux onces jufqu'à quatre. Elle eft propre auffi pour les ulcères des yeux.

Euphrafia Officinarum, C. B. 233; I. B. tom. iij. pag. 432;

Dod. 54 Ophthalmica five Ocularia Cord. Eufragia Math.

Cæfalp. 339.

On trouve affez communément l'Euphraife dans

les bois taillis & le long des avenues, où elle
fleurit fur la fin de l'été : elle eft eftimée propre
à éclaircir, fortifier, & même rétablir la vue; on
l'ordonne en poudre intérieurement, depuis un gros
jufqu'à trois dans un verre d'eau de fenouil ou de
verveine; il faut en continuer l'ufage pendant quel-
ques mois on en tire l'eau par la diftillation, qu'on
donne à cinq ou fix onces auffi intérieurement. Le
vin qu'on prépare dans le temps de la vendange
avec cette plante, la mettant dans le vin doux,
qu'on fait boire enfuite lorfqu'il eft bien éclairci,
eft un remède vanté par Arnaud de Villeneuve
mais que Pena & Lobel n'eftiment pas tant que
la poudre d'Euphraife. Cette plante eft un fondant
propre à déboucher les vifcères, & à rétablir la

fluidité des liqueurs. On a été dans l'ufage de la fumer, comme on fait le tabac, pour les fluxions des yeux cela ne réuffit pas fi bien que la poudre. L'Euphraife entre dans les pilules optiques de Méfué.

yeux,

M. Garidel fait fur l'ufage de cette plante, une obfervation fort utile, & que j'ai reconnue trèsvéritable par l'expérience; que cette plante ne convient pas dans toutes les maladies des yeux; qu'il eft néceffaire d'en examiner la caufe, & le tempé rament des malades; car fon ufage eft pernicieux à ceux qui fouffrent des fluxions chaudes fur les & dont la maffe des humeurs, & fur-tout la lymphe, eft chargée d'un fel âcre, comme il arrive dans cette efpèce d'ophthalmie sèche où il ne découle fur les yeux qu'un peu d'humeur âcre & brûlante, de même que dans ceux dont les efprits animaux font diffipés, & la maffe du fang appauvrie; car, dans cette dernière circonftance, il faut des remèdes tempérans & rafraichîffans. 3. TOUTE-BONNE, Orvale.

Horminum, Sclarea dictum, C. B. 238. Gallitricum fativum I. B. tom. iij. pag. 309. Orvala Dod. 292. Sclarea Tab.ic. 373. Syderitis Heraclea Frac. Matryfalvia major quorumdam.

On emploie les feuilles & la graine de cette plante qu'on élève aifément dans les jardins, & qui fe trouve naturellement le long des grands chemins, & au pied des murs des villages; on applique les feuilles fraîches fur les yeux pour en appaifer l'inflammation. Quelques braffeurs & cabaretiers de mauvaise foi mettent dans la bière & dans le vin les feuilles & les fleurs de cette plante, pour donner à ces liqueurs le goût du mufcat; mais elles font dangereufes, car ces liqueurs ainfi préparées portent à la tête, & enivrent aifément. L'infufion des feuilles de Toutebonne eft apéritive, propre à pouffer les mois & les urines: la femence eft ophthalmique; on en met un ou deux grains dans l'oeil, on le frotte enfuite

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