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Il y a peu de plante d'un ufage plus familier, & dont les propriétés foient plus connues que celleci: on en fait plufieurs préparations très-utiles, & on l'emploie telle que la nature nous la préfente. De quelque manière qu'on la prépare, elle conferve une amertume confidérable, comme étant remplie de fel volatil, huileux & aromatique. Cette plante eft propre à réveiller l'appétit, à rétablir le levain de l'eftomac, & à fortifier cette partie : on l'emploie avec fuccès pour détruire les matières vermineufes, & corriger les aigreurs : elle emporte auffi les obftructions des vifcères, débouche la rate & le foie, guérit la jauniffe, pouffe les mois & les urines, & convient à la plupart des maladies chroniques. Mathiole, Veflingius & Erafte affurent qu'ils ont vu guérir des hydropiques par le feul fecours de l'Abfinthe. Cette plante ou fon extrait guérit fouvent les fièvres intermittentes; mais s'il ne fuffit pas, il faut la mêler avec le quinquina: on donne cet extrait à un gros, ou le fuc des feuilles à deux onces au commencement de l'accès, & on couvre bien les malades. On met auffi une petite poignée de fes feuilles dans un bouillon, fur-tout celles de la petite Abfinthe, qui eft moins amère; ou bien on la donne en infufion dans l'eau commune, avec un peu de fucre, comme le thé; mais, à caufe de fon amertume, on emploie plus ordinairement les préparations fuivantes, qui font le vin d'Abfinthe, le firop, la conferve, le fel, l'extrait, l'huile & l'eau distillée.

Le vin d'Abfinthe fe fait en faifant fermenter les feuilles & les fommités dans le vin fortant de la cuve, qu'on garde enfuite pour le befoin; ou bien on en met une poignée dans une chopine de vin qu'on laiffe infufer pendant vingt-quatre heures; on en fait boire trois ou quatre onces le matin à jeun, pendant plufieurs jours de fuite : les filles qui

ont les pâles-couleurs & les autres fymptômes qui les accompagnent, comme le dégoût, les envies de vomir, les gonflemens d'eftomac, &c. fe trouvent foulagées par ce remède.

La conferve, l'extrait & le firop d'Abfinthe s'or donnent depuis demi-once jufqu'à une once, ou feuls, ou pour lier des poudres & former les bols, pilules ou opiats apéritifs, mésentériques, hyftériques, &c.; l'eau diftillée s'ordonne à quatre ou fix onces. Quelques-uns eftiment fort la teinture & la quinteffence d'Abfinthe: on emploie l'eau-de-vie ou l'efprit-de-vin pour ces préparations, ce qui leur donne plus d'activité; auffi la dofe en eft-elle beaucoup moindre, car on n'en donne que quinze gouttes dans un verre de liqueur appropriée.

Le fel fixe ou lixiviel d'Abfinthe fe donne depuis quinze grains jufqu'à demi-gros dans les infufions purgatives, ou dans les bouillons apéritifs. L'huile d'olive dans laquelle on a fait infufer cette plante, eft bonne pour tuer les vers: on en frotte le ventre & le nombril des enfans, fur lequel on met du coton qui en eft imbibé. L'Abfinthe en poudre s'emploie dans les cataplafmes réfolutifs : il eft vulnéraire déterfif, propre à résister à la pourriture; il entre dans le vin aromatique fi familier dans la chirurgie.

Willis recommande fort pour l'anafarque, le remède fuivant. Faites calciner jufqu'à blancheur des cendres d'Abfinthe; paffez-les par un tamis, & en mettez en digeftion quatre onces dans deux livres de vin blanc, dans un vaiffeau bien bouché, pendant trois heures; paffez la liqueur : la dose en eft de fix onces, ou même huit, deux fois par jour.

Ruland & Hulfe prétendent que dans l'efquinancie le cataplafme fait avec les feuilles vertes, pilées & mêlées avec fuffifante quantité de fain-doux, appliqué chaudement fur la partie fouffrante, eft un excellent remède.

Thomas Bartholin affure que la décoction d'Abfinthe faite dans l'eau de la mer, eft un bon remède pour arrêter les progrès de la gangrène, fi on en fomente fouvent la partie malade : on pourroit, dans les endroits éloignés de la mer, faire fondre du fel marin ou du fel armoniac dans l'eau commune, pour faire la décoction.

Chefneau nous apprend que fi on fait bouillir la racine de concombre fauvage avec les feuilles d'Abfinthe, le tout bien coupé, & mêlé dans deux parties d'eau & trois parties d'huile, on en tire un excellent remède pour guérir la migraine, fi l'on fomente la partie malade avec l'huile, & que l'on y applique le marc par-deffus. Ce remède eft tiré de Paul Eginete. Le fel fixe d'Abfinthe eft un bon remède pour arrêter le vomiffement, fi on en donne un fcrupule imprégné du fuc de citron.

L'Abfinthe eft employée dans le dialacca magna de Méfué, dans le diacurcuma du même auteur dans la confection hamech, dans l'hière compofé de Nicolas d'Alexandrie, dans les pilules aggrégatives de Mésué, dans celles que Nicolas de Salerne appeloit pilules fine quibus effe nolo, dans les pilules optiques de Méfué, dans le cérat ftomachique, dans l'emplâtre de mélilot, dans le baume tranquille, & dans la poudre contre la rage de Paulmier.

L'Abfinthe eft auffi employée dans le firop cachectique de Chatas, & dans le firop lientérique du même auteur: plufieurs font entrer cette plante dans l'eau vulnéraire, & on la met, en quelques endroits, dans la bière.

2. AURONE.

1. Abrotanum mas anguftifolium majus, C. B. 136. Abrotanum vulgare I. B. tom. iij. p. 192. Abrotanum mas Dod. 21. [AURONE MÂLE. ]

2. Abrotanum fæmina foliis teretibus, C. B. 136. Chamacy

pariffus I. B. tom. iij. pag. 133. Santolina foliis teretibus Inft: 460. Santolina vulgaris, aliis Crefpolina, Cæsalp. 478. Polium Theoph. Diofc. & Arabum, vermiculato folio, Col. part. j. P. 54. [PETIT CYPRÈS, GARDE-ROBE.]

L'Aurone eft employée comme l'abfinthe, & fes vertus font affez semblables; mais comme l'abfinthe eft plus commune, on fuit l'ufage établi depuis long-temps, & on ne fe fert de l'Aurone qu'au défaut de cette plante. La feconde espèce, appelée petit Cyprès, eft auffi nommée Garde-robe, parce qu'on répand les feuilles & les fleurs de cette plante entre les linges & les habits, pour les préferver de la vermine.

La décoction de l'Aurone, ou fon huile par infufion, mêlée avec du miel, fait venir les cheveux, en en frottant la tête. Les cendres calcinées & mêlées avec l'huile d'olive, au rapport d'Ettmuller, font le même effet.

Cet auteur regarde cette plante comme un excellent carminatif.

Quoique la plupart des auteurs regardent l'Aurone comme un fubftitut de l'abfinthe, Galien & Simon Pauli prétendent, par leur expérience, le contraire. Ce dernier affure que la poudre des fommités d'Aurone avec un peu de nitre, fait paffer les urines arrêtées par le calcul dans les reins; il regarde ce remède comme affuré dans cette maladie.

Tragus prétend que la décoction de ces mêmes fommités, faite dans l'eau ou le vin, eft très-utilę aux afthmatiques, en facilitant l'expectoration des humeurs vifqueufes qui farciffent les bronches du poumon dans ces malades; mais il faut y ajouter un peu de miel ou de fucre.

3. BAUME, Menthe.

1. Mentha crifpa verticillata, C. B. 226. Mentha crispa versicillata, folio rotundiore, I. B. tom. iij. part. ij. pag. 215. Mentha prima Dod. 95, Mentha altera Cam. epit. 478. Grús ciata Mentha Lob. ic. 507.

2. Mentha angustifolia fpicata C. B. 217. Mentha tertia Dod. 95. Mentha Romana Officinarum, five præftantior anguftifolia Lob. ic. 507. Sifymbrii altera fpecies Cord.

3. Mentha hortenfis, verticillata, Ocimi odore, C. B. 227. Mentha verticillata, minor, acuta, non crifpa, odore Ocimi, I. B. tom. iij. part. ij. pag. 216. Mentha quarta Dod 95.

4. Mentha hortenfis corymbifera C. B. 226. Mentha corymbifera, five Coftus hortenfis, I. B. tom. iij. pag. 144. Mentha Græca Cam. epit. 480. Balfamita major Dod. 295. Herba Sanda Maria Cæfalp. 483. Mentha faracenica Cord. Alisma Germanorum Trag. 163. Coftus hortorum Gefn. Tanacetum hortenfe, foliis & odore Mentha, Hort. Lugd. Bat. App. [Coq.]

Toutes les espèces de Menthe, qu'on élève ailément dans nos jardins, ont la même vertu; mais on emploie plus ordinairement celles dont je viens de rapporter les noms, entre lefquelles on préfère le Coq, à caufe de fon odeur.

Les propriétés les plus connues de la Menthe font de rétablir les fonctions de l'eftomac, de faciliter la digeftion, d'arrêter le vomiffement & le hoquet, de corriger les aigreurs & les rapports de pouffer les mois & les urines, de diffiper auffi les vents, & foulager la douleur de la colique. Quelques-uns prétendent qu'elle eft aftringente, & qu'elle arrête les fleurs-blanches & les pertes de fang. Dans les obftructions des vifcères, elle peut être utile, & quelques auteurs l'eftiment hépatique. On l'emploie comme l'abfinthe, & on en prépare l'extrait, la conferve, l'eau diftillée & l'huile par infufion : cette dernière préparation eft d'un grand ufage à Paris pour toutes fortes de plaies & de contufions, fous le nom d'huile de Baume. On le fait fimple ou compofé: le fimple fe fait en faifant infufer au foleil, dans de groffes bouteilles ou cruches, les feuilles de Baume ou fes fommités dans de bonne huile d'olive, & cela pendant un mois ou environ de l'été. A l'égard du compofé, chacun le fait à fa manière : voici celui qui réuffit le mieux.

Prenez dix livres d'huile d'olive, que vous met

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