페이지 이미지
PDF
ePub

de cette plante; mais elle a perdu beaucoup de fon crédit, depuis l'ufage de cette drogue étrangère. Nos payfans des Alpes & des montagnes d'Auvergne s'en fervent cependant dans leurs fièvres, & pref que toujours avec fuccès. M. Tournefort prétend que l'eau distillée de toute la plante au bain-marie, guérit plutôt les fièvres que la racine la dofe en eft d'un verre de quatre en quatre heures; & dans l'intervalle on fait manger les malades, felon leur appétit, comme dans l'ufage du quinquina. Palmarius recommande la Gentiane dans les fièvres malignes épidémiques : fa lotion eft vulnéraire & déterfive. La Gentiane eft auffi cordiale, hystérique & ftomachique on donne fon infufion dans les pâlescouleurs, & pour fortifier le cœur & l'eftomac.

Le vinaigre dans lequel on a fait infufer cette racine, eft bon dans les maladies contagieuses: on le boit par cuillerées dans les Alpes.

La racine de Gentiane eft employée dans le vinaigre thériacal; dans la thériaque d'Andromaque, la thériaque réformée de Charas, la thériaque diarefferon, dans le mithridat, l'orviétan, le diafcordium, l'opiat de Salomon, dans la poudre contre les vers, & dans le firop de longue vie.

On fait que la racine de Gentiane eft propre pour dilater les ulcères finueux, & qu'elle produit le même effet que l'éponge préparée avec la cire.

2. PETITE CENTAURÉE.

Centaurium minus C. B. 278; Dod. 336. Centaurium minus flore purpureo, I. B. tom, iij. pag. 353. Centaurea Brunf. Gentiana hydropica Hoffm. Altorf.

Cette plante vient communément dans nos bois le long des avenues; on emploie fes feuilles & fes fleurs, mais principalement les bouquets de fleurs, qu'on donne en infufion, en poudre, en extrait & en conferve, pour guérir les fièvres intermittentes: la dofe des fleurs en poudre eft d'un gros, & en

infufion d'une bonne pincée dans un verre de vin blanc. Palmarius ordonne, comme un fpécifique dans les maladies contagieufes, un gros des fommités de petite Centaurée cueillie entre fleur & graine, infufé dans le vin ou l'eau de chardon-béni à fix onces; c'eft un fudorifique modéré. Elle eft auffi propre à emporter les obftructions des vifcères, faire couler la bile par le ventre, guérir la jauniffe, défopiler le foie, pouffer les ordinaires, fortifier l'eftomac, & faire mourir les vers.

Outre ces propriétés, elle eft encore vulnéraire, déterfive & apéritive, & on trouve quantité de fes fleurs mêlée dans le faltrane : (on appelle ainfi le mélange de plufieurs herbes sèches, qu'on nous envoie de Grenoble fous le nom de vulnéraires de Suiffe.) Comme cette plante eft fort amère, quelques-uns l'appellent fiel de terre, ou fébrifuge par excellence. Quelque réputation que fe foit acquife. le quinquina dans la guérifon des fièvres, il n'a pas détruit celle de la petite Centaurée, & on en mêle fouvent une poignée avec une once de quinquina qu'on fait infufer dans une pinte de vin blanc pendant vingt-quatre heures, pour en faire prendre enfuite deux, trois, & même quatre prifes par jour de quatre en quatre heures, & de la nourriture dans les intervalles. Cette préparation emporte souvent des fièvres que le quinquina feul n'avoit pu guérir.

L'extrait & la conferve de petite Centaurée fe donnent depuis deux gros jufqu'à demi-once dans les opiats fébrifuges, apéritifs & méfentériques. Cette plante en poudre s'ordonne à un gros, liée avec le firop d'abfinthe en bol. On tire le fel fixe & lixiviel de la petite Centaurée, dont la dofe eft d'un fcrupule ou environ. Cette plante entre dans la thériaque d'Andromaque, dans le vinaigre thériacal, le firop d'armoise, l'eau vulnéraire, & dans plufieurs autres compofitions.

3. GERMANDRÉE, petit Chêne, Chênette.

Chamadrys minor repens C. B. 248; Dod. 43. Chamadrys vulgo vera exiftimata I. B. tom. iij. p. 288. Triffago, Trixago, Quercula Calamandrina German. Chamadrys vulgaris five 11. Cluf. Hift, 351.

Cette plante, qui vient en quantité dans tous les bois, eft employée comme la précédente : leurs propriétés font à peu près les mêmes, & on les ordonne dans les mêmes maladies, entre autres dans celles du foie & de la rate, dans la fuppreffion des mois & des urines, dans les pâles - couleurs & dans la jauniffe, dans les fièvres intermittentes les plus opiniâtres, dans le commencement de l'hydropifie, dans le fcorbut même & dans la goutte. La Germandrée réuffit également, foit en poudre en infufion, en décoction & en extrait, à la même dofe que la petite centaurée. J'ai vu des fièvres qui avoient réfifté au quinquina, céder à la Germandrée & à la petite centaurée, mêlées ensemble, & prifes en infufion dans le vin blanc. Véfale affure que Charles-Quint paffant par Gènes, les médecins lui confeillèrent la décoction, de la Germandrée comme un grand remède pour la goutte. Cette décoction, prife avec un peu de miel écumé chaudement comme un bouillon, eft un remède pour la vieille toux, qui n'eft pas à méprifer, fur-tout pour les perfonnes d'un tempérament froid & humide.

La Germandrée entre dans les firops hydragogue, apéritif & cachectique de Charas, dans l'huile de fcorpion compofée, dans l'onguent martiatum, dans le mondificatif d'ache, dans la thériaque, dans l'hiera-diacolocynthidos, dans le firop d'armoife de Rhafis, & dans le firop de chamædrys de Bauderon. 4. BENOITE, Galiot, Récise, Herbe de Saint

Benoît, Gariot.

Caryophyllata vulgaris C. B. 321. Caryophyllata vulgaris, flore luteo parve, I. B. tom. ij. p. 298. Vulgaris Caryophyllat a

Lob. ic. 693. Benedi&ta Germ. Hern. Benedicta Brunf. Cario filata vulgo Cæfalp.

Cette plante vient dans les bois humides; fa racine cueillie au printemps fent le clou de girofle: j'en ai donné la décoction d'une poignée dans demifetier de vin au commencement du friffon des fièvres intermittentes; la fueur furvient plus tôt & plus abondante, & la fièvre guérit plus promptement. Ce remède eft propre pour fortifier l'eftomac, & pour déboucher le foie, au rapport de Tragus. Cette racine eft céphalique & cordiale; elle arrête les fluxions & les catarrhes. Paracelfe recommande fon ufage dans cette dernière maladie; il la mêle avec la racine d'acorus verus : ce qui a donné lieu à Hartmann de propofer le vin catarrhal avec les mêmes racines; mais Lindanus en a retranché l'acorus, & y a fubftitué le faffafras & le romarin. Ce vin fe fait de la manière qui fuit,

Prenez deux onces de racine de Benoite, autant de faffafras concaffé ou coupé par morceaux, demionce de feuilles de romarin; mettez-les dans un vaiffeau de terre affez grand pour contenir une pinte de bon vin rouge, que vous verferez deffus; bouchez exactement le vaiffeau, & le mettez au bainmarie pendant huit heures; le pot refroidi, paffez la liqueur, & la gardez dans une bouteille. Le malade en prendra deux cuillerées une heure avant le dîner, cinq heures après autant, & la même dofe en fe couchant.

Simon Pauli a cru que l'on pourroit fubftituer la racine de la Benoite au contrayerva.

L'extrait de cette racine eft utile dans la diarrhée, dans la dyffenterie, dans le crachement de fang, & dans les pertes des femmes. Pour la palpitation de cœur, je me fuis bien trouvé d'ordonner l'infufion de cette racine sèche, concaffée légèrement, faite dans un verre de vin blanc, à la dofe

d'un gros, jufqu'à ce que la teinture fût devenue rouge. Cette racine eft auffi vulnéraire; & la tifane faite avec toute la plante, eft utile après les chutes ou les autres accidens dans lefquels il y a lieu de craindre qu'il n'y ait intérieurement du fang extravafé. Cette racine infufée dans le vin blanc, est un bon emménagogue,

5. ARGENTINE.

Argentina Dod. 600. Potentilla Math. C. B, 321. Potentilla feu Argentina I. B. tom, ij. p. 397. Pentaphylloïdes Argenteum alatum, feu Potentilla, Inft. 298. Anferina Offic. Volck Trag, 480. Pentaphylloides Argentina dictum Raii Hift. 617.

Dans les prés humides & marécageux cette plante est très-commune, auffi-bien qu'aux bords des rivières le deffous de fes feuilles, qui femble argenté, l'a fait nommer Argentine. Ses feuilles & fes femences font les parties d'ufage le fuc de toute la plante fe donne avec fuccès depuis quatre onces jufqu'à fix, dans les fièvres intermittentes; ou bien on fait bouillir une poignée des feuilles dans un bouillon de veau, qu'on réitère deux fois par jour. Le fel d'Argentine paffe, dans l'efprit de quelques auteurs, pour un bon remède contre la fièvre: M. Ray en fait mention. Cette plante eft ordinairement employée intérieurement dans les tifanes & dans les bouillons pour les cours de ventre, le flux de fang & les hémorragies. Lorsqu'on ajoute deux ou trois écreviffes de rivière à chaque bouillon, c'eft un excellent remède pour les fleursblanches.

Caftor Durantes, Hartmann & Borel de Caftres, prétendent que l'Argentine portée dans les fouliers, étant immédiatement appliquée fous la plante des pieds, guérit la dyffenterie : ce remède ne me paroît pas plus fûr que les épicarpes. On recommande l'Argentine pour la jauniffe, pour le fcorbut, & pour l'hydropifie.

« 이전계속 »